2ème dimanche de l'Avent - 8 décembre 2019

Mt 3, 1-12

 

Le thème de mon homélie tient en une phrase, que je vais vous livrer d’emblée, tant parfois vous vous demandez ‘où veut-il en venir ?’, et même après ‘qu’est-ce qu’il a voulu dire ?’, c’est pourquoi en ce 2èmedimanche de l’Avent, dimanche de la lumière, soyons clair : Tout ce qui est réussi a été préparé.
Tout ce qui est réussi a été préparé. Tout ce qui a été préparé a été travaillé, examiné, étudié.  Avant de venir à la lumière et de pouvoir rayonner. Je l’ai expliqué aux Catéchumènes qui préparent leur baptême, aux enfants leur première communion, aux fiancés leur mariage : tout ce qui est réussi a été préparé. C’est le sens de la fête de l’Immaculée Conception en ce 8 décembre (que nous fêterons demain lundi, le dimanche ayant priorité) : Dieu a préparé pour son Fils une demeure digne de Lui.
Le propos s’applique aux fêtes de Noël : vous allez ou avez commencé à les préparer pour qu’elles soient réussies. Et comment faire, comment puis-je vous aider pour préparer Noël ? Pour que Noël soit réussi ?

A entendre Jean-Baptiste, la préparation des chemins du Seigneur visait à limiter les dégâts : ‘Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?’. Certains pensent à Noël ainsi : une obligation à laquelle il faut sacrifier, un rendez-vous obligé où il faudra faire bonne figure et se supporter les uns les autres. Ceux qui ont les moyens partiront au soleil, mais ils n’y couperont pas : il faudra bien, avant ou après, aller voir la famille. Est-ce que c’est une obligation religieuse ?
Joseph et Marie, à Bethléem où ils étaient allés se faire recenser puisque Joseph était de la maison et de la lignée de David, n’ont pas cherché sur place de parents ou de cousins. Peut-être qu’il n’y en avait plus, peut-être qu’ils n’étaient pas fréquentables. Ils ont passé la nuit de Noël seuls, avec les anges et les bergers. Ils ont passé la première nuit de Noël de l’Histoire sans leur famille d’origine, et certains diront qu’ils l’ont passée ainsi pour que plus personne ne soit seul cette nuit-là, et d’autres pour que nous acceptions d’être seuls après la messe, plutôt que le contraire : au réveillon en famille sans aller à la messe. Noël sans messe, c’est quoi ?
Si la fête de Noël est une obligation que vous appréhendez, il y a peu de chances qu’elle soit réussie. Tout ce qui est réussi a été préparé mais l’inverse n’est pas vrai : tout ce qui est préparé n’est pas toujours réussi, quand il manque l’essentiel : l’envie, la lumière. Fermez les yeux. Pensez à Noël : ce que vous voyez est-il lumineux, chaleureux, enchanté, merveilleux ? Ou rébarbatif, sombre et ennuyeux ?
Pareil pour la messe : ceux qui s’y ennuient ont décidé, accepté, choisi de s’y ennuyer. C’était couru. On peut être déçu, ce n’est pas la même chose, déçu par les chants, par les gens, par le célébrant, par tout ce qui vide les églises, l’irrespect du sacré par ceux qui en sont les garants, les prêtres qui, comme de mauvais ouvriers, n’ont pas travaillé. Et toc, m’a dit ma sœur.
A Noël, on peut être déçu par l’attitude des uns et des autres, par soi-même, par tout ce qui peut gâcher une fête, l’assombrir, alors qu’on aurait pu l’éviter, alors que c’était en notre pouvoir, par différence avec les événements ou les circonstances malheureuses de décès ou de maladie. Je pense à ceux qui se demandent comment et surtout s’ils vont préparer Noël, vu un deuil récent, l’état de santé d’un proche, telle ou telle épreuve au-delà de nos forces.

Dieu a-t-il été déçu par l’accueil réservé à son Fils, dont la venue avait pourtant été depuis longtemps annoncée, notamment par Isaïe, et Jean-Baptiste vient au terme d’une longue lignée de prophètes … Dieu connaît-il la déception ? Oui, de la tristesse d’un choix égoïste. Dieu connaît à la perfection la tristesse de tant de parents que leurs enfants ne viendront pas voir à Noël sans raison objective (d’éloignement ou de maltraitance), ou que leurs enfants n’accompagneront pas à la messe. Demandez-leur comme unique cadeau : allez, viens à la messe avec moi, avec nous !
Ou bien offrez-leur une médaille miraculeuse. En 1842, année de construction de notre Chapelle, la Vierge Marie est apparue à Alphonse Ratisbonne. D’origine juive, de passage à Rome au cours d’un voyage en Orient, il s’était lié d’amitié avec un chrétien qui s’efforça de l’amener au Christ. Il n’obtenait aucun résultat par ses paroles ; il n’obtint qu’une chose : qu’il porte au cou la médaille miraculeuse (révélée douze ans plus tôt à sainte Catherine Labouré). Alors qu’il était entré par hasard dans l’église Saint-André delle Fratte vers midi, Alphonse la trouva dans l’obscurité à l’exception de la chapelle Saint-Michel, d’où brillait une lumière très vive. Saisi de peur, il détournait les yeux quand la Vierge Marie lui apparut avec un visage d’une grande douceur, vêtue comme sur la Médaille miraculeuse. Alphonse fut submergé de larmes, et il reçut quelques jours après le baptême. O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous.

L’Incarnation, la venue du Sauveur a été préparée, annoncée, préfigurée, attendue. A-t-elle été réussie ? Serons-nous sauvés ? Nous ne le saurons qu’à la fin, quand « il amassera son grain dans le grenier ». Je ne sais plus comment cette femme de caractère m’a trouvé qui n’habite pas dans le quartier : à 85 ans elle met une heure et demie pour venir me voir, tous les mois. Elle n’a plus personne dans sa vie, et la dernière fois elle m’a dit qu’elle ne l’avait pas réussie. Je lui ai dit : si ! Voyez les épreuves que vous avez traversées et vous êtes restée droite, fidèle, inquiète, éveillée. Continuez sur ce chemin de droiture, sans vous décourager, relevez-vous autant de fois qu’il le faudra, c’est le critère d’une vie réussie.

Ce n’est pas un but en soi, d’être droit ? C’est l’attitude de Jean-Baptiste, c’est le signe du Ressuscité ! Debout, droit devant ceux qui venaient l’écouter. La vie heureuse du prêtre vient de toutes les personnes droites, honnêtes, sérieuses que nous rencontrons : les moments tristes de deuil ne sont rien au regard de toutes les personnes fidèles, qui aiment fidèlement, fidèles à elles-mêmes et à Dieu. Mon bonheur est de les faire parler de ce qu’elles aiment, de voir leur visage s’éclairer de leur passion : voilà la lumière ! Quel bonheur quand les deux vont ensemble : la passion et la droiture.
Une de mes fiancées, dans la lettre d’amour qu’elle m’a envoyée (pour dire pourquoi elle se mariait), a utilisé ces deux adjectifs pour son fiancé : « passionné et droit. J’admire chez lui cette constance et cette persévérance à toujours défendre ses valeurs et ce en quoi il croit, sans jamais en rougir quel que soit l’auditoire. Il m’a appris à faire de même, sans s’en rendre compte, et à retrouver ce que j’ai toujours chéri : ma famille, mes origines, ma foi ».
Et elle a ajouté : « il est aussi foncièrement généreux, gentil et drôle ». Je me suis réjoui qu’elle ait trouvé un trésor, une perle, mais j’ai apporté un bémol parce que je ne crois pas que l’on puisse être droit et drôle. Plaisant, aimable, modeste, souriant, oui. Drôle, non : c’est l’inconvénient des gens droits, des personnes honnêtes, de n’être pas drôles, qui n’aiment pas se moquer, imiter, parodier, qui ne trouvent pas de plaisir à la subversion ni à la transgression, qui font ce qu’elles disent. Cela n’empêche pas la fantaisie, l’originalité, l’humour qui dégonfle les baudruches mais il vient en soutien d’un sérieux qui n’est autre que le sens des responsabilités, le respect de ses engagements, de ce qui est juste. Les gens drôles ne sont pas rassurants. Je ne vais pas voir le Seigneur pour qu’il me fasse rire mais pour qu’il me guide, me relève et me rassure. Noël n’est pas fait pour rire, mais pour éclairer et rassurer.
Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. C’est quoi de bons fruits ? La 1èrelecture donne la liste des dons de l’Esprit, de tout ce dont on a besoin pour se préparer à la rencontre de Dieu : sagesse, intelligence, conseil, force – connaissance, piété et crainte du Seigneur. Recoupez-la avec une autre liste, celle des fruits de l’Esprit-Saint : Amour, joie, paix. Patience, bonté, bienveillance. Douceur, humilité et maîtrise de soi.

Comment passe-t-on de l’un à l’autre, des dons aux fruits ? Demandez à la Vierge Marie : par le travail de l’Esprit. Entre les dons et les fruits de l’Esprit, il y a le travail du Saint-Esprit.  Voilà pourquoi la Vierge Marie est la 3èmefigure de l’Avent, après Isaïe et Jean-Baptiste. Elle est la preuve que tout ce qui est réussi a été annoncé, préparé, travaillé, avant de se manifester et, par la grâce de Dieu, de pouvoir rayonner.

Tout ce qui est réussi a été préparé.

Prière à Marie, l’Immaculée Conception
Prière lors de la Procession du 6 décembre 2019
à Notre-Dame de Compassion

En ce jour où nous fêtons saint Nicolas dont la légende dit qu’il ramena à la vie trois enfants victimes de la cruauté d’un boucher sanguinaire, en cette chapelle Notre-Dame de Compassion consacrée aux parents qui ont la douleur de perdre un enfant, nous te prions Vierge Marie, Notre Dame de l’Innocence, pour toutes les victimes de violences quelles qu’elles soient, et pour que tu nous aides à ne jamais regarder sans rien faire.

Vierge Marie, tu as entendu ton Fils Jésus crucifié
implorer l’indulgence de son Père :
Ils ne savent pas ce qu’ils font.
Il ne s’est pas adressé à eux mais à son Père :
Père pardonne-leur
Ne pouvant lui-même, humainement,
leur accorder son pardon.
Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font.

Vierge Marie, tu as entendu
et tu as fait tienne cette parole de ton Fils
alors que ton cœur de Mère
était transpercé de douleur.
S’accomplissait ainsi la parole du prophète et vieillard Syméon :
« Une épée te transpercera l’âme !
afin que se révèlent
les pensées intimes de bien des cœurs ».
Oui c’est face aux crimes,
et à la souffrance que se révèle la pensée intime de nos cœurs.

Vierge Marie, Notre-Dame de Compassion,
Toi qui as vécu dans ta chair
la douleur d’une mère dont on martyrise son enfant,
donne-nous un cœur de compassion,
devant la souffrance d’un enfant,
devant le malheur de nos frères.

Ô Marie conçue sans péché,
Toi l’Immaculée Conception,
tu as été préservée, dès le sein de ta mère,
de l’idée même du péché
pour offrir à ton Fils une Demeure Immaculée,
digne de sa divinité.
Marie Notre Dame de l’Innocence
tu accueilles chaque personne
dans ta pure charité,
sans idée préconçue, sans aucun préjugé.
Tu nous accueilles
comme tu as accueilli Dieu.
Notre Dame de l’Innocence
tu es la Mère de l’Espérance.

Notre-Dame de Compassion,
toi l’Immaculée Conception,
protège nos enfants de la violence du monde,
ouvre notre cœur aux souffrances de nos frères
donne-nous de porter dans la prière les appels de tes enfants.
Que nous cessions de nous comporter
en irresponsables ou inconscients
qui ne savent pas ce qu’ils sont,
enfants du Père, frères dans le Christ,
sanctuaires de l’Esprit.

Vierge Marie, viens fortifier nos cœurs,
pour être avec toi du côté des victimes innocentes,
Ouvre-nos yeux à leur malheur,
que nous ne restions pas sans rien faire
devant la souffrance de nos frères.

Notre Dame de l’Innocence, priez pour nous,
Notre Dame de l’Espérance, priez pour nous.
Ô Marie conçue sans péché,
priez pour nous qui avons recours à vous.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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