14ème Dimanche du Temps Ordinaire - 6 juillet 2025

Lc 10, 1-12, 17-20

« Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair », dit Jésus à ses disciples à leur retour de mission. Comme l’éclair, fulgor en latin, la langue historique de l’Eglise, a donné fulgurant, que l’Eglise a surtout employé pour le Christ, sa splendeur fulgurante, l’éclat de sa gloire, le resplendissement de sa beauté et bonté divine, et pour le rayonnement spirituel des Saints et des Saintes qui ont accueilli ses mystères.

On est loin d’une foudre orageuse ! C’est une illumination de la transcendance de Dieu, une illumination rassurante de la protection de Dieu qui s’étend sur tous ceux qui demeurent fidèles au Christ dans son Eglise : « la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle ».

Que Satan tombe du Ciel n’est que la conséquence de son refus de Dieu, la triste et misérable réalité du mal.

Jésus a envoyé très tôt ses disciples au-devant de lui pour qu’ils fassent l’expérience, avant sa mort et sa résurrection, de sa présence invisible auprès de tous ceux qui gardent ses paroles et agissent en son nom. Non seulement ils sont capables d’accomplir les mêmes gestes que lui, guérissant les malades et chassant les démons, mais ils se rendent compte que c’est Lui qui agit en eux, ainsi qu’il leur confirme à leur retour : je voyais tout ce que vous faisiez. C’était moi qui agissais en vous. Saint Paul l’exprime en des mots très forts : Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi (Gal 2, 20).

Ce n’est pas la première fois dans l’Evangile que les disciples voient que Jésus sait tout, son omniscience divine.
Il y a par exemple ce jour où, comme ils revenaient à Capharnaüm, ceux qui perçoivent la redevance des deux drachmes pour le Temple viennent trouver Pierre et lui disent : « Votre maître paye bien les deux drachmes, n’est-ce pas ? » Pierre répond : « Oui » (Mt 17, 25).
Quand Pierre rentre à la maison, Jésus prenant la parole le premier lui demande : « Simon, quel est ton avis ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils les taxes ou l’impôt ? De leurs fils, ou des autres personnes ? » Pierre répond : « Des autres. » Jésus lui dit : « Donc, les fils sont libres. Mais, pour ne pas scandaliser les gens, va jusqu’à la mer, jette l’hameçon, et saisis le premier poisson qui mordra ; ouvre-lui la bouche, et tu y trouveras une pièce de quatre drachmes. Prends-la, tu la donneras pour moi et pour toi ».
« Pour ne pas scandaliser les gens ». Saint Paul nous y exhorte : « Pour que notre ministère ne soit pas exposé à la critique, veillons à ne choquer personne en rien » (2 Co 6, 3).

‘Choqué ! Je suis choqué’ ! est une expression très en vogue des réseaux sociaux. Ah ! si au lieu de tout ramener à soi, nous nous tournions plutôt vers Dieu, pour dire comme Pierre à Jésus : « Seigneur, tu sais tout ! » (Jn 21, 17) qui n’est pas seulement un cri d’amour – « Tu sais tout : tu sais bien que je t’aime » – mais une véritable profession de foi dans la patience et la miséricorde de Dieu, sa bienveillance : toutes choses sont à nu devant Lui. « Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant lui, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes » dit la Lettre aux Hébreux (He 4, 13), en écho à cette prière du prophète Daniel : « Béni soit le nom de Dieu depuis toujours et à jamais. Lui qui révèle profondeurs et secrets, il connaît ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure auprès de lui » (Dn 2, 22).

Cette omniscience de Dieu est une omniscience d’accompagnement et de protection, non pas de contrôle ou de surveillance. A quoi servirait-il à Dieu de contrôler alors qu’Il sait tout, ce qui est, ce qui a été et ce qui sera ?
Dieu voit tout, Dieu sait tout et cela n’inquiète que ceux qui ont quelque chose à cacher.

Quoiqu’on fasse, quoiqu’on dise, quoiqu’on pense, le Seigneur le sait. Jusqu’à la plus secrète de nos intentions. Il nous est plus intime que l’intime de nous-même. Saint Augustin en a été ébloui : « Mais toi, Seigneur, tu m’étais plus intérieur que l’intime de moi-même (interior intimo meo) et plus élevé que les cimes de moi-même » (Confessions 3, 6, 11). Il en a été rempli d’émotion quand il a pris conscience que cette présence, plus intime et plus élevée, est d’une infinie tendresse et n’a rien d’indiscret ni d’écrasant (sauf pour les démons).

Le Seigneur est avec nous pour nous élever, nous relever, nous amener ou plutôt nous ramener à la vie éternelle à laquelle nous étions destinés. Comme les brebis de son troupeau dont il est, lui, le Pasteur, l’Agneau immolé. « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12, 32).

Il suffit pour nous de lever les yeux vers Lui, de ne pas craindre son regard, de l’accueillir comme Nathanaël qui lui demande, ‘choqué’ : « D’où me connais-tu ? » (Jn 1, 48).
Accueillons ce regard d’amour, malgré nos égarements comme Pierre après avoir renié Jésus pour la troisième fois, « un coq chanta : le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre » (Lc 22, 61). Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite. Il sortit et pleura amèrement.
La Tradition appelle cela le don des larmes car « cette amertume amère conduit à la paix » dit un Psaume (Cf. Is 38, 17 cantique AT 23) avec cette certitude : « Oui, tu me guériras, tu me feras vivre. Tu t’es attaché à mon âme, tu me tires du néant de l’abîme ».

La joie que les disciples éprouvent en voyant la victoire du Christ sur toutes les formes du mal annonce la paix qui leur sera donnée à sa Résurrection, cette paix que nous avons à vivre en nous et entre nous, pour la porter à toutes les nations : la Paix soit avec vous et à ceux qui vous accueilleront en mon Nom.

« Lumière des Nations » est son Nom.

La joie, la paix et la lumière. Seigneur, tu sais tout : tu sais que ce sont les trois désirs les plus profonds de notre cœur, les trois plus beaux signes de l’amour : la joie, la paix et la lumière.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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