Ascension du Seigneur - Jeudi 29 mai 2025

Lc 24, 46-53

Il ne suffisait pas que le Christ ressuscité montre à ses disciples les marques des clous pour les convaincre de l’accomplissement de sa promesse de revenir les chercher : « Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds » (Lc 24, 39-40).
Il fallait aussi, comme saint Luc l’indique juste avant le passage que nous venons d’entendre, qu’il leur montre que ce corps ressuscité est tellement vivant qu’il peut s’alimenter : « Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ? Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux » (Lc 24, 41-43).
Et encore, non, cela ne suffisait pas. Il fallait surtout, ce que nous célébrons en ce jour, qu’il demeure encore quarante jours sur cette terre avant qu’ils le voient de leurs yeux s’élever avec ce corps ressuscité mais semblable au nôtre, et qui siège à présent dans le Ciel !

Les disciples n’ont pas assisté à la Résurrection : personne n’a vu ce qui s’est passé dans la nuit de Pâques. Des femmes l’ont vu en premier, au matin de Pâques : ressuscité.

Au moment de sa mort sur la Croix, son âme s’est séparée de son corps. Elle est « descendue aux enfers » chercher les âmes des Justes qui avaient vécu avant lui et qui attendaient leur délivrance, avant que « Dieu le ressuscite », c’est-à-dire que son âme s’unisse à nouveau à son corps et le réanime, le ‘spiritualise’ disait Jean-Paul II, pour apparaître à ses disciples vivant et tangible (‘touchez-moi’), puis à diverses reprises au cours des quarante jours qui suivirent, jusqu’à ce qu’il les convoque pour son départ définitif.
Il les avait déjà réunis avant sa mort au cours du Dernier repas et il les avait prévenus : « Il est bon pour vous que je m’en aille » (Jn 16, 7). Maintenant nous comprenons pourquoi : Ressusciter ne veut pas dire retrouver sa famille et ses amis mais retourner au Père.

Quand nous disons d’une personne défunte qu’elle est retournée à la Maison du Père, nous prions pour sa résurrection bienheureuse, une fois son âme purifiée. Son corps, notre corps vient de la terre, comme Dieu le dit à Adam au début de la Bible : « C’est à la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu proviens ; car tu es poussière, et à la poussière tu retourneras » (Gn 3, 19). Mais l’être humain racheté par le Christ retourne au Ciel parce qu’il y a en nous quelque chose de divin qui vient du Ciel.
Et ce quelque chose de divin nous est donné pour sanctifier notre corps, pour autant que l’amour du Christ vive et demeure en nous par sa Parole, par son propre Corps, le Pain du Ciel, le Pain des Anges, le Pain de Vie, pour que nous puissions entrer le jour venu, par le Christ, corps et âme dans la Gloire du Ciel.

Corps et âme, ou plutôt âme et corps, plus exactement âme, corps et esprit, parce que les trois ne sont qu’un qui trouvent leur unité dans le Christ. La condition est que nous ayons le même respect que lui du corps humain.

Jésus n’a jamais porté le moindre coup à qui que ce soit.

Jésus a soigné, guéri, il a imposé les mains, en touchant à peine.

Jésus n’a jamais été ivre, Jésus n’a jamais mangé à s’en rendre malade, il n’a jamais eu de relation sexuelle sans engagement de vie conjugale. Il a été d’une chasteté parfaite, parfaitement vierge – il n’y a aucune raison de réserver ce terme aux femmes et de ne pas vouloir la même pureté pour les hommes.

L’unité parfaite du Christ Jésus âme, corps et esprit atteste de sa divinité et s’accomplit dans son élévation au Ciel avec ce corps qu’il avait lui-même créé, avant de le racheter par son propre sang, réconciliant ce corps avec lui-même et le rendant digne de lui, digne de Dieu.

Jamais le Christ Jésus n’a eu de geste, de sentiment, ni même de pulsion discordante avec son Esprit Saint, de par sa divinité. L’Esprit de son Ame et de son Corps très Saint.

C’est un des messages de l’Evangile : prenez soin de votre corps comme de ceux des autres, comme de toute créature. Ne faites pas de mal inutilement à quelque créature que ce soit, par respect pour le Créateur et l’ensemble de sa Création.

‘Glorifiez Dieu dans votre corps’ dit saint Paul (1 Co 6, 20). Prenez-en soin. De votre corps comme de ceux des autres.

L’Ancien Testament demandait déjà de ne pas le traiter comme un objet  : « Vous ne vous ferez pas d’incisions sur le corps. Vous ne vous ferez pas faire de tatouage. Je suis le Seigneur » (Lv 19, 28).
Le Nouveau Testament est plus explicite encore, se souvenant de l’émerveillement de l’homme devant sa femme : « voilà l’os de mes os, la chair de ma chair !» (Gn 2, 23), et demande que ce soit ainsi que « les maris doivent aimer leur femme : comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime soi-même » (Eph 5, 28).
Et saint Paul d’affirmer : « Jamais personne n’a méprisé son propre corps » (personne de sensé et d’équilibré). « Au contraire, on le nourrit, on en prend soin. C’est ce que fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son Corps », son Corps qui siège à la Droite du Père dans la Gloire du Ciel, son Corps qu’il nous est donné de recevoir dans cette Eucharistie pour que nous le glorifions par toute notre vie.

De tout notre esprit et de tout notre corps.

Même quand il sera à bout de forces, excessivement dégradé par l’âge ou la maladie, sans espoir d’amélioration, mais dans l’espérance de la Résurrection, glorifiez Dieu dans votre corps.

 

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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