4ème dimanche de Pâques - 11 mai 2025

Jn 10, 27-30

Un des points les plus délicats de la préparation au mariage consiste à expliquer aux fiancés que l’engagement qu’ils prennent au jour de leur mariage est de faire passer leur conjoint avant leur famille : avant leurs parents, frères et sœurs, et même leurs amis les plus anciens. En particulier vous n’accepterez pas que qui que ce soit dise du mal de votre mari ou de votre épouse devant vous, même en plaisantant. Vous n’aurez pas d’humour sur le sujet : votre amour est sacré, votre relation a été consacrée au jour de votre union devant Dieu et l’Eglise. Nul n’a le droit de se moquer de votre conjoint, de le dénigrer, surtout pas vos parents, frères, sœurs ou amis. La confiance que votre époux ou épouse a en vous repose sur ce soutien inconditionnel : il ou elle sait que vous prendrez sa défense, quitte ensuite à vous donner tort, mais en privé.
C’est ce qui fait la force et la cohésion d’une équipe : si un membre est attaqué, tous les autres se portent à son secours. C’est ce qui fait un esprit de corps et c’est ce qui fait un chef : « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés » dit Jésus à son Père dans sa grande prière du chapitre 17 de l’évangile de saint Jean, et juste après, au moment de son arrestation, lorsqu’il demande aux gardes venus l’arrêter : « Qui cherchez-vous ? », quand ils disent : « Jésus le Nazaréen », il répond : « Je vous l’ai dit : c’est moi, je le suis. Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir ». Ainsi s’accomplissait la parole qu’il avait dite : « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés » (Jn 18, 9).
Dès le début, il avait prévenu que c’était la volonté du Père : « que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour » (Jn 6, 39).

Aucun. « Le Christ est mort pour tous » dit saint Paul, « afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Co 5, 15).

N’en perdre aucun. Le bon Pasteur y consacre sa vie. Il donne sa vie pour ses brebis.

« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13).

Posez-vous la question de savoir pour qui vous êtes prêts à donner votre vie ?

Qui est-ce que vous aimez, non pas plus que vous-même, mais plus que votre vie physique, charnelle, terrestre ?

Toutes les grandes figures, tous les Saints de l’Ancien Testament ont été des pasteurs : Abraham. Moïse. David. Le prophète Amos.

Abraham avait de nombreux troupeaux. Son neveu Loth l’accompagnait qui avait également du petit et du gros bétail. Quand il y eut des disputes entre les bergers d’Abraham et ceux de Loth, Abraham dit à Loth : « Surtout, qu’il n’y ait pas de querelle entre toi et moi, entre tes bergers et les miens, car nous sommes frères ! » (Gn 13, 8). Ils se séparèrent, donnant la priorité à ceux qu’ils avaient en charge.
Il n’y a pas d’autre remède à la jalousie que la distance.

Après quarante ans à la Cour de Pharaon, Moïse devint berger, après avoir pris la défense des filles d’un prêtre de Madiane contre des bergers qui voulaient les empêcher d’abreuver le troupeau de leur père. « Moïse se leva pour leur porter secours et il abreuva leur troupeau » (Ex 2, 17). Il épousa une des filles, fonda une famille, et fut berger jusqu’à ce que Dieu vienne le chercher pour prendre la tête de son peuple. Par son renoncement formidable aux fastes de la Cour de Pharaon, Moïse avait fait la preuve de son humilité.

David était le plus jeune des fils de Jessé, et il n’était pas là quand survint le prophète Samuel envoyé par Dieu pour désigner parmi eux le successeur du roi Saül : David était « en train de garder le troupeau » (1 Samuel 16, 11). Samuel le fit chercher et lui donna l’onction, contre toute attente. David la reçut à deux autres reprises, ce qui ne l’empêcha pas de pécher : il n’en demeura pas moins de Dieu le bien-aimé.

Pour le prophète Amos, la surprise fut encore plus grande : « Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ; j’étais bouvier (il gardait les bœufs), et je soignais les sycomores (l’arbre des humbles, le figuier des pauvres). Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : “Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël” » (Amos 7, 14-15).
Le Pape François le citait souvent : « Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles et qui se croient en sécurité… Vautrés sur leurs divans, ils mangent les agneaux du troupeau, les veaux les plus tendres de l’étable » (Am 6, 1.4).

Le rôle des prophètes est complémentaire de celui des pasteurs. Les pasteurs ont pour mission l’unité et la paix, de protéger le troupeau des attaques extérieures comme des divisions intérieures, sans compter les loups qui s’introduisent dans la bergerie. Le Pape Léon le Grand en a été un modèle admirable.
Les prophètes sont envoyés par Dieu pour rappeler les termes de l’Alliance, réveiller les consciences, dénoncer les injustices, et le Pape Léon XIII en a été un autre modèle lors de la révolution industrielle aux impacts comparables à ceux de l’actuelle révolution technologique.

Saint Augustin, évêque et docteur de l’Eglise, mort en 430, dix ans avant le pontificat de saint Léon le Grand, et qui l’a évidemment inspiré, disait : « la paix est la tranquillité de l’ordre ». Il en va du plan extérieur, la paix dans le monde, comme intérieur, la paix du cœur.

Dans un cas comme dans l’autre, le vrai, l’unique Pasteur est le Christ.

Il donne à ceux qui le suivent la vie éternelle. Il est le Pasteur des Vivants.

Merci, Pasteur éternel !

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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