7ème dimanche de Pâques - 1er juin 2025

Jn 17, 20-26

C’est long dix jours, et encore plus enfermés, « les portes verrouillées » (Jn 20, 19) : les disciples n’étaient pas plus rassurés que le jour de Pâques ou « huit jours plus tard » (Jn 20, 26). Et nous n’en sommes qu’au premier tiers de ces dix jours, depuis que les disciples ont vu Jésus s’élever dans la Gloire du Ciel. Ils attendent, conformément à l’ordre de Jésus : « Moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut » (Lc 24, 49).  C’était l’évangile de Jeudi de l’Ascension.

J’ai souvent regretté que cette fête de l’Ascension ne soit pas fêtée en France le dimanche comme en Italie et d’autres pays, pour lui donner toute sa solennité comme un vrai dimanche de fête, mais garder le temps réel du temps de Pâques a l’avantage de vivre ou imaginer ce temps si particulier de dix jours que les disciples ont passés à attendre dans la Chambre haute à Jérusalem, dans la prière et le silence.

C’est un silence qu’il faut relativiser, les disciples étant plutôt cent vingt que seulement les Douze, les textes ne tranchent pas, et on ne peut pas dire comme pour la multiplication des pains ‘sans compter les femmes et les enfants’ (Mt 14, 21 ; 15, 38). Les femmes étaient là, à commencer par la Mère de Jésus, la Vierge Marie, c’est sûr, les enfants c’est moins sûr pour le silence … Le silence est un critère de maturité comme la solitude, et une condition nécessaire pour ouvrir son cœur à la Parole de Dieu.

Ce silence ne leur est pas tombé dessus. Les Apôtres comme Pierre et André, Jacques et Jean étaient pêcheurs de métier et y étaient habitués. Mais tous y avaient été formés par le Christ. A son exemple. C’est pourquoi ils ont pu entrer dans ce silence de la prière, même y plonger !

C’est l’image de notre baptême dans la mort et la résurrection du Christ : la plongée dans le monde du silence et de la prière.


Chaque année pour le Carême nous mettons devant l’autel une grande photo pour nous préparer à Pâques : vous vous souvenez peut-être de cette image de l’intérieur d’une mer chaude, en 2021, l’océan de la miséricorde, après celle d’une pleine lune se reflétant sur la mer en 2019, en 2020 du monastère dans les rochers de la route qui descend vers Jéricho, d’un calvaire sur une lande déserte en 2022. Ils sont beaux ces lieux de silence !

Quel serait pour vous le lieu idéal pour prier ? En dehors d’une église.

La montagne comme le prophète Elie ?

Un jardin quand le jour se lève, ou au contraire quand la nuit tombe. Une adaptation du Cantique des Cantiques fait résonner ce murmure de la présence de Dieu dans le silence de la nuit en l’associant au jardin de l’origine : « Dans la nuit j’ai cherché celui que mon cœur aime ; dans mon jardin aride, il a fait son domaine … Mon âme est toute prête, mon bien-aimé m’appelle. Viens ma toute belle, viens dans mon jardin, l’hiver s’en est allé, et les vignes en fleur exhalent leur parfum. Viens dans mon jardin ».

Il faut du temps pour apprivoiser le silence : cela s’apprend peu à peu, comme la plongée, en faisant attention aux ‘paliers’ : on ne descend pas et on ne remonte pas sans règles et mesures de souffle et d’adaptation. Saint Augustin disait : « Personne ne peut être adapté à la vie future s’il ne s’y exerce pas dès maintenant » (Homélie sur le Psaume 148 : Office des lectures du samedi de la 5ème semaine de Pâques).

Le silence de la prière est un acte de foi, de conscience de la Gloire de Dieu, de crainte du sacré. La crainte du Seigneur est le seul don de l’Esprit répété dans le texte du Livre d’Isaïe : « Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur – qui lui inspirera la crainte du Seigneur » (Is 11, 2-3).

Lorsque Moïse voulut s’approcher du Buisson qui brûlait sans se consumer, Dieu lui ordonna : « Retire les sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ! » (Ex 3, 5), qui exige le silence de tes pas aux pieds nus.

Tout cela ne nous dit pas ce que les disciples ont fait pendant ces dix jours, ni s’ils sont restés en silence ?

Ils se sont souvenus de ce qu’ils avaient vécu avec Jésus, ils se sont souvenus de ses paroles, des prières qu’il leur avait enseignées à commencer par le Notre Père.

Ils ont médité sa grande prière que nous venons d’entendre dans l’évangile de ce dimanche, où Jésus dit : « Père, que l’amour dont tu m’as aimé et dont je les aime soient en eux, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi ».

Ils ont attendu l’Esprit-Saint, conformément à l’annonce prophétique qu’en donne le Livre des Lamentations, juste après s’être désolé de l’âme en peine : « Il est bon d’attendre en silence la venue du Seigneur » (Cf. Lm 3, 26).

Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur !

Bénis soient ceux qui plongent dans la prière pour contempler sa Gloire !

Plongeons dans l’amour du Seigneur !

Père Christian Lancrey-Javal, curé

Vous avez la possibilité de recevoir les homélies du Père Lancrey-Javal en remplissant ce formulaire

Article précédent
Glorifiez Dieu dans votre corps