19ème Dimanche du Temps Ordinaire - 8 août 2021

Jn 6, 41-51

 

Il y a au moins quatre raisons d’avoir peur de la mort.

La première qui vient à l’esprit n’est pas tant une peur de la mort que de la souffrance qui y conduit, dans l’accident ou la maladie, et à cette seule idée notre corps se rétracte. Jésus l’a vécu à Gethsémani, quand il ressentit tristesse et angoisse. Saint Luc dit qu’un ange est alors venu du Ciel pour le réconforter (Lc 22, 43). Il ne pouvait évidemment pas lui donner comme à Elie dans la première lecture de ce dimanche, le Pain du Ciel, Panis angelicus, puisque Jésus est ce Pain de Vie.
Panis angelicus : ‘le pain des anges devient le pain des hommes’. L’hymne composée par saint Thomas d’Aquin, le plus grand Dominicain alors que nous fêtons ce 8 août saint Dominique, a été admirablement mise en musique en 1880 par César Franck.
Pain véritable qui met un terme aux symboles (Dat figuris terminum) dit cette hymne : ‘Quelle merveille ! Il se nourrit de son Seigneur, il mange Dieu (Manducat Dominum), le pauvre, le serviteur, l’humble de cœur’.

Peur de souffrir et peur de mourir se confondent dans l’angoisse du chemin qui y mène. Je n’aime pas beaucoup les condamnations publiques trop péremptoires de l’euthanasie, quand elles s’adressent à des non-croyants qui n’ont pas d’espérance, d’autant que nul ne sait comment il réagira ni qui l’assistera ?
La Bible raconte que le roi Saül, Roi d’Israël, qui avait reçu l’Onction de Dieu même s’il était tombé ensuite en disgrâce, préféra se jeter sur son épée que d’être capturé et torturé (1 S 31, 4). Il venait de voir mourir ses fils devant ses yeux : la deuxième raison d’avoir peur de la mort est d’être séparé de ceux qu’on aime. Dans cette douleur de la séparation, redoutable est le désespoir que l’on voit dans les yeux de nos proches.

Une troisième raison d’avoir peur de la mort est l’inconnu du grand voyage, la peur du noir, d’être plongé dans un néant sans être certain de ne pas le voir, si paradoxal cela puisse être. L’âme est « un élément spirituel doué de conscience et de volonté » : si elle est immortelle, cela veut dire que nous garderons une forme de conscience de ce qui nous arrivera.

Et cette possibilité, qui est pour nous une certitude de foi, nous amène à une quatrième raison d’avoir peur de la mort : la peur du Jugement. Elle peut sembler plus forte pour ceux qui croient au Christ Juge des vivants et des morts, à moins qu’elle ne soit comme le bon sens selon Descartes ‘la chose du monde la mieux partagée’ : nous avons l’intuition que nous aurons, tôt ou tard, à rendre des comptes. On peut difficilement revendiquer sa liberté personnelle sans assumer la responsabilité qui va avec.

Voilà quatre raisons d’avoir peur de la mort : la souffrance physique, la séparation, l’inconnu, le Jugement.

En quoi la messe change-t-elle quoi que ce soit ?

Au point de ne pas seulement être le plus grand mais aussi le dernier sacrement : le Viatique, le pain pour la route, le chemin de tout le monde, force des agonisants.

Elle dédramatise la douleur parce qu’elle est le sacrifice du Christ.
Elle relativise la séparation par la promesse de nous retrouver unis par le Christ auprès de Lui.
Elle réduit la part d’inconnu en nous faisant entrer toujours davantage dans la connaissance du seul homme qui soit revenu de la mort, le Christ Jésus, Ressuscité d’entre les morts, Premier des vivants.
Elle libère du Jugement car celui qui croit au Christ échappe au Jugement. « Celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu » (Jn 3, 18).

« Amen, amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie » (Jn 5, 24).

Dans notre lecture du chapitre 6 de l’évangile de saint Jean, ce Discours du Pain de Vie, nous avons sauté un passage entre celui de dimanche dernier et celui de ce dimanche, un passage qui est un texte majeur de la liturgie des funérailles, où Jésus dit :
« Tous ceux que le Père me donne viendront à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. Car je ne suis pas descendu du ciel pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m’a envoyé. Or, la volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour.
Car la volonté de mon Père, c’est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtienne la vie éternelle ; et moi, je les ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 37-40).

Voilà une bonne façon de nous préparer à la grande fête de l’Espérance, dimanche prochain, 15 Août, Assomption de la Vierge Marie dont le Catéchisme dit qu’elle est une participation à la Résurrection du Christ et une anticipation de notre propre résurrection (Cf. CEC 966)

Nous ferons ainsi l’unité des deux prières chrétiennes, le Notre Père et le Je vous salue Marie : donne-nous notre pain d’aujourd’hui et sauve-nous à l’heure de notre mort.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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