Les Catéchumènes sont des prophètes chargés de réveiller notre foi

13ème dimanche du temps ordinaire - 28 juin 2020

Mt 10, 37-42

 

Ce lundi 29 juin, nous fêterons les saints Apôtres Pierre et Paul, une des grandes fêtes de l’année, éclipsée depuis toujours par la fête de la Saint-Jean le 24 juin, la Nativité de saint Jean-Baptiste, la ‘Noël de l’été’, sans compter dans nos villes les départs en vacances. Nous baptiserons à cette occasion quatre adultes, quatre des dix Catéchumènes de notre paroisse qui attendaient la fin du confinement et même certains depuis leur enfance.
L’évangile de ce dimanche peut éclairer ces deux événements, l’hommage aux saints Apôtres Pierre et Paul qui ont renoncé à leur vie familiale, professionnelle, pour suivre Jésus, qui ont perdu la vie à cause de lui pour la donner comme repères pour l’Eglise. Il vient aussi éclairer la démarche de ces adultes que le Seigneur a appelés et qui ont été – bien – accueillis.

A la question de savoir pourquoi une personne adulte demande à être baptisée, à devenir enfant du Père, membre du Corps du Christ, Temple de l’Esprit, la réponse est : elle y a été appelée par Dieu et elle a été bien accueillie par l’Eglise. Accueillie non comme un roi ou une reine mais comme un prophète, à l’image de l’accueil du prophète Elisée dans la 1èrelecture, par cette femme riche qui ne s’est pas contentée de le nourrir mais lui a fourni un lieu de repos.
Les adultes qui demandent le baptême ont trouvé sur leur route des personnes qui les ont nourries de la sagesse divine et fourni le meilleur lieu de repos pour leur âme : la prière de l’Eglise. Ils l’avaient souvent trouvée tout seul : longtemps ils sont entrés dans des églises pour y trouver du calme, du silence et de la force, de la paix.

La petite parabole du verre d’eau qui conclut ces versets composites s’applique aux réponses que ces femmes et ces hommes ont reçues à leur soif de vérité. Le texte dit qu’il ne perdra pas sa récompense « celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple » ou en sa qualité de prophète car demander le baptême est un acte prophétique, qui dit l’amour et la présence de Dieu. Plutôt que les appeler Catéchumènes en insistant sur ce qu’ils ont à apprendre, appelons-les des prophètes : ils viennent réveiller notre foi !

Je pensais à ces courses d’endurance où, à différents points de passage, des bénévoles se tiennent derrière des tables pour tendre des boissons, des verres d’eau aux coureurs, des milliers de coureurs – Ah s’ils pouvaient être aussi nombreux à courir vers le Christ ! Oui la course vers la connaissance de Dieu est une course de fond, surtout quand, pour le baptême des adultes, nous appliquons la demande de l’Eglise d’un temps d’épreuve et de vérification de la liberté du candidat, en oubliant que ce temps ne commence pas le jour où il frappe à la porte de l’Eglise, mais le jour où le Christ a frappé à la porte de son cœur ! La plupart des candidats au baptême attendent ce jour depuis des années, certains depuis leur enfance et nous devrions leur dire : ‘il faut deux ou trois ans’. A partir de quand ?

Nous baptisons cette année ici dix adultes, autant d’histoires personnelles et singulières, qui ont autant de rapport entre elles ou entre eux que saint Pierre et saint Paul. Sept femmes et trois hommes, de 22 à 43 ans, une est étudiante, la plupart ont un ou deux enfants, le plus loin vient de Chine, une autre a grandi au Vietnam, et chacun a choisi un parrain ou une marraine, en plus de leur accompagnateur ou accompagnatrice ou les deux quand il s’agit d’un couple.

Ils ont écrit une lettre à l’Evêque où ils ont raconté en quelques mots leur histoire. L’Evêque les a bénis au cours d’une célébration dite de l’appel décisif, au 1ersamedi de Carême, en deux célébrations l’une le matin l’autre l’après-midi car ils étaient trois cents à Paris. A chaque fois deux d’entre eux ont lu devant tout le monde leur lettre de demande, dont, fierté pour notre paroisse, une des nôtres, Hélène. Ce fut très fort, un très grand moment d’émotion. Si elles n’étaient pas si intimes, ces lettres, il faudrait les publier chaque année, et quiconque les lirait verserait toutes les larmes de son cœur et demanderait le cas échéant le baptême.

Est-il possible d’en dégager quelques données générales, des constantes ou des archétypes ? Pour beaucoup, l’appel au baptême remonte à l’enfance. Quand j’entends des parents expliquer que leur enfant veut être baptisé ou aller au catéchisme par imitation, pour faire comme ses copains, et être comme eux, je ne les trouve pas respectueux de leur enfant. Bien sûr que les copains ont une influence, beaucoup d’influence, que nous soyons enfants comme toute la vie. Tant de ces parents incrédules deviendraient pratiquants si leurs amis l’étaient. Le baptême d’un adulte est la victoire d’une liberté intérieure sur un environnement qui n’y est pas favorable. C’est pourquoi la fête des saints Apôtres Pierre et Paul est une date idéale, parce qu’ils sont les colonnes de l’Eglise par leur liberté à l’égard de leur milieu d’origine et de vie.

On a découvert que des blessures, des traumatismes pouvaient rester enfouis des années, des dizaines d’années sans que la personne en ait conscience ni mémoire, et surgir soudainement. Il y a un phénomène autrement plus enthousiasmant qui s’appelle la vocation, qui peut rester enfouie et surgir avec la même soudaineté ! Sauf que c’est le contraire d’un traumatisme puisque c’est une délivrance ! Enfin, je prends conscience de Dieu !

Quel est l’élément déclencheur ?

L’évangile de ce dimanche donne quelques indications, notamment dans une liberté à prendre à l’égard des siens : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, dit Jésus, celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi » – vous remarquerez qu’il ne mentionne pas le couple et le conjoint. Nombre de Catéchumènes ont découvert l’amour de Dieu en dehors de leur famille. Certains ont connu l’échec d’un mariage ou la croix d’un deuil : c’est souvent l’événement décisif, littéralement crucial : abandonné de tous, je découvre la fidélité de Dieu. Saint Pierre comme saint Paul sont deux grands témoins de cette fidélité de Dieu dans les épreuves de la vie : Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts, dit saint Paul, voilà mon évangile (2 Tim 2, 8). Et il explique : même si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même.

D’où les deux conseils que je donnerais à l’égard des non-baptisés que vous connaissez, de votre entourage : ne cherchez pas à les convertir mais montrez-leur le chemin de l’Eglise. Soyez fidèles à la foi de votre baptême et confiants dans la patience de Dieu. Sachez-le, dit saint Pierre, « ce n’est jamais d’une volonté humaine qu’un acte prophétique a été posé, c’est portés par l’Esprit-saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 P 1, 21).

C’est portés par l’Esprit-saint que ces hommes et ces femmes ont demandé le baptême : Oui, je le veux ! Je veux et je viens faire, Ô Seigneur, ta volonté. Avez-vous jamais entendu un ou une convertie raconter sa rencontre du Christ ? Quelle merveille ! Les Catéchumènes sont des prophètes chargés de réveiller notre foi.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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