17ème dimanche du temps ordinaire - 26 juillet 2020

Mt 13, 44-52

 

Il y a eu dans l’histoire d’Israël trois grands rois : Saül, David et Salomon. Le premier est le moindre des trois, que Dieu a fini par répudier, de façon sévère d’ailleurs, alors qu’il a eu la lourde tâche d’ouvrir la royauté, d’essuyer les plâtres, et son nom est resté suffisamment fameux pour qu’il fût donné à celui qui est devenu saint Paul.
David est le bien-aimé de Dieu. Chef de bande, chef de guerre, il est aussi homme de louange, l’auteur de nombreux psaumes. Il est présent dans l’évangile par le titre messianique de Fils de David, que Jésus a assumé, notamment dans un dialogue rapporté par les trois évangélistes Matthieu, Marc et Luc où Jésus demande « comment les scribes peuvent-ils dire que le Christ est fils de David ? C’est David lui-même qui a dit par l’Esprit Saint : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Siège à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis dessous tes pieds. David en personne l’appelle Seigneur ; comment alors peut-il être son fils ? » (Mc 12, 35-37). Personnene fut capable de lui répondre et à partir de ce jour personne n’osa plus l’interroger (Mt 22, 46).
Jésus a assumé l’héritage de Salomon, l’héritier de David, à qui la mémoire d’Israël reconnaît d’avoir bâti le Temple de Jérusalem (Ac 7, 47), et dont la sagesse fut telle dit Jésus que la reine de Saba est venue des extrémités de la terre pour l’écouter, et il y a ici plus que Salomon (Mt 12, 42).

La 1èrelecture que la liturgie place en vis-à-vis de la fin du discours en paraboles de Jésus rapporte la réponse de Salomon quand le Seigneur lui apparut et dit, par amour pour son père : « Demande ce que je dois te donner » (1 R 3, 5). Dans les contes et légendes,un bon génie sort d’une lampe pour offrir trois vœux. Vous, qu’est-ce que vous demanderiez ?
Salomon ne demande ni la santé ni la richesse ni la gloire mais la sagesse pour la mission qui lui est confiée. Ah si nos gouvernants pouvaient s’en inspirer ! Si nous-mêmes avions si noble ambition !
Au début de l’année, au moment des vœux, on s’est souhaité santé, amour, travail, bonheur, prospérité … La santé en premier. Il n’est pas donc surprenant qu’au moment de l’épidémie, nous l’ayons choisie au détriment du reste, du travail et de la prospérité. De sagesse, il n’en est guère question dans le monde où nous vivons. Monde de fous qui ignore ce que veut dire tenir parole. Dans la parabole de la perle de grande valeur, le négociant en perles fines, avant de vendre tous ses biens pour l’acquérir, obtient d’abord l’accord du vendeur : tope-là. Qui peut dire encore : ‘ta parole me suffit’ ?

L’histoire de Salomon finit mal. La Bible de Jérusalem met en titre de la dernière partie de sa vie : ‘les ombres du règne’. Pléonasme alors que son cœur s’était détourné de Dieu : Salomon aimait trop les femmes, digne fils de David, des femmes étrangères dont il honore les dieux (chapitre 11 du 1erLivre des Rois). Où est passée sa sagesse ? Ne voit-on pas tant de personnes remarquables perdre leur intelligence pour satisfaire leurs désirs ?

Ce fut le cas de David dont le grand péché, avant d’ordonner le recensement de ses forces contre l’avis de ses généraux, fut un péché d’oisiveté, de convoitise et d’adultère, suivi de meurtre. Il fit tuer Urie le Hittite, faute de pouvoir dissimuler la relation imposée à Bethsabée son épouse (au 2èmeLivre de Samuel, chapitre 11). Urie mort, ainsi que le premier enfant né de leur union, David épousa Bethsabée de laquelle naquit Salomon (cf. Mt 1, 6).

Vous imaginez les procès qui leur seraient faits aujourd’hui, à David comme à Salomon ?

Ce n’est pas ce que dit Jésus. Souvenez-vous de la parabole de la paille et la poutre : « Ne jugez pas, afin de n’être pas jugés ;car, du jugement dont vous jugez on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous.Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? » (Mt 7, 1-3). Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil.

Les paraboles du Royaume nous invitent à laisser le Seigneur et Lui seul rendre justice, ainsi que nous l’entendions dimanche dernier : « Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal ; ils les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père ».

Quant au scribe qui veut devenir disciple du royaume, il doit apprendre à discerner ce qu’il doit imiter et ce à quoi il doit renoncer. C’est ainsi qu’il sera comparable au maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien : du neuf à injecter, de l’ancien à respecter.

Le Seigneur nous demande de voir en chacun ce qu’il a de meilleur.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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