18ème dimanche du temps ordinaire - 2 août 2020

Mt 14, 13-21

 

Toute ma vie j’ai rêvé de Sécurité alimentaire, d’un monde où personne ne mourrait ni ne souffrirait de la faim parce que les aliments de base seraient gratuits, l’équivalent alimentaire de la Sécurité sociale pour l’accès aux soins. Cela ne concernerait que les aliments de base, le pain, l’eau, le lait, de même qu’en matière de santé seul ce qui est vital devrait être pris en charge par la collectivité. Et qu’on fasse apparaître le coût des soins et des traitements. Ce serait une juste motivation pour aller ou retourner travailler de savoir ce que notre santé a coûté, de la même façon qu’il serait honnête de dire aux jeunes ce que leur scolarité a coûté pour que chacun prenne conscience de sa dette à l’égard de la société. Ce ne sont pas nos cotisations qui payent nos soins ! Que chacun prenne conscience de sa dette à l’égard de la société !

Et je ne vous parle pas de notre dette à l’égard de Dieu.

Toute ma vie j’ai rêvé de Sécurité alimentaire qui est une idée familiale, dont j’ai entendu parler toute mon enfance car c’était la marotte d’un proche parent, et c’est le rôle de la famille de nourrir les siens. C’est peut-être la raison pour laquelle la Sécurité sociale n’a pas prévu cela alors qu’on avait faim au sortir de la guerre, mais à l’époque la famille structurait suffisamment la société pour que chacune, la famille et la société, s’appuie l’une sur l’autre.
On l’a vécu au moment de la pandémie quand de nombreux jeunes sont revenus dans leurs familles, chez leurs parents, parce que la famille est le refuge par excellence. Je connais des familles qui à l’annonce du confinement ont traversé la France dans la nuit pour aller chercher la grand-mère. Elles n’ont pas été nombreuses.
C’est la discussion que j’ai eue avec une femme que j’avais connue dans ma première paroisse qui me contacte soudain pour que je fasse quelque chose pour sa fille de quarante ans, qui a, me dit-elle, gâché sa vie en s’occupant d’elle, de sa mère malade. Nous avons eu une discussion téléphonique difficile où je lui expliquais que c’est l’honneur des enfants de prendre soin de leurs parents âgés et malades, et que sa fille n’a pas gâché sa vie mais sauvé son âme. C’est l’honneur des bien-portants de s’occuper des malades, c’est l’honneur des riches de nourrir les pauvres. Alors qu’il s’est fait pauvre pour nous, Jésus multiplie les pains parce que Dieu est riche en miséricorde.

Toute ma vie j’ai rêvé de Sécurité alimentaire, qui est une idée chrétienne au vu des textes de ce dimanche, de l’invitation du prophète Isaïe à venir acheter et consommer même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter du vin et du lait sans argent sans rien payer. Jésus nourrit les foules comme son Père l’avait fait au désert. Il le fait après avoir guéri les malades. J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’étais malade et vous m’avez visité (et non pas : vous m’avez soigné, pour que nul ne puisse dire qu’il ne savait pas faire).

Jésus ne guérit pas les malades ni ne nourrit les foules parce que ces personnes le méritent mais parce qu’elles en ont besoin.

Et c’est ce que nous devons retrouver aujourd’hui : le sens de l’essentiel, ce dont nous avons réellement besoin.
Nous avons besoin les uns des autres, besoin de prendre soin les uns des autres. Dans nos familles comme de ceux qui n’ont plus de famille : pendant le confinement, une vingtaine de paroisses de Paris ont distribué des repas, rations ou colis alimentaires pour les plus démunis. L’action se poursuit avec Août secours alimentaire, qui relève de l’urgence plus que de sécurité alimentaire.
La grande peur de ceux qui ne manquent de rien est qu’un accès gratuit à la nourriture ou au logement fasse que les gens ne veuillent plus travailler et se laissent entretenir et assister.

Voilà pourquoi nous devons nous demander de quoi nous avons vraiment besoin.

De plus de compassion !

La rencontre et la contemplation du Christ révèle que nous avons besoin d’amour et de vérité. Uniquement ? Oui car chaque fois que nous disons que nous avons besoin de manger, d’être nourris, protégés, soignés, en réalité nous avons besoin d’être reconnus, respectés et aimés.

Voilà ce que Jésus manifeste dans la multiplication des pains, comme il l’a par toute sa vie incarné. Voilà pourquoi l’évangile peut dire qu’ils mangèrent tous et ils furent rassasiés.

Méditons cela mes amis, puisque c’est ce que nous célébrons à chaque messe, de quelle façon un aliment aussi succinct qu’une hostie peut amener à la plénitude quand il vient du divin.

Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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