2ème dimanche de Pâques - 11 avril 2021

Jn 20, 19-31

 

Il s’est produit quelque chose de terrible lors du Dernier repas, après que Jésus eut lavé les pieds de ses disciples, lorsqu’il leur a annoncé que l’un d’entre eux allait le livrer, le disciple que Jésus aimait lui a demandé : Seigneur, qui est-ce ? Celui à qui je vais donner la bouchée que je trempe dans le plat. Quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui (Jn 13, 27). Quand Judas a communié des mains de Jésus, Satan est entré en lui.
Judas, pour reprendre les mots de saint Paul, a communié à sa propre condamnation (1 Co 11, 29).
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC) cite, à propos de cette phrase, cette prière de saint Jean Chrysostome : « A ta cène mystique, fais-moi communier aujourd’hui, Ô Fils de Dieu. Car je ne te donnerai pas le baiser de Judas. Mais comme le larron, je te crie : ‘Souviens-toi de moi, Seigneur, dans ton Royaume’ » (Cf. CEC 1386). Mon Seigneur et mon Dieu !

C’est pour un discernement que je suis venu, dit Jésus, littéralement une crise, un basculement critique : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles (Jn 9, 39). Judas prit la bouchée et sortit : il faisait nuit (Jn 13, 30).

Avant le lavement des pieds, le diable avait mis dans le cœur de Judas l’intention de livrer Jésus (Jn 13, 2). Il en avait l’intention et Jésus l’annonce, le révèle pour qu’il puisse y renoncer tant qu’il est temps. C’est le rôle et le devoir d’un ami de vous avertir.
Sans nécessairement le faire frontalement.
Dans l’évangile selon saint Matthieu, quand Jésus annonce aux Douze que l’un d’eux va le livrer, ils demandent chacun son tour : Serait-ce moi, Seigneur ? Jésus répond par un Psaume : « Même l’ami, qui avait ma confiance et partageait mon pain, m’a frappé du talon » (Ps 40, 10). Judas prend la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? ». « C’est toi-même qui l’as dit » (Mt 26, 25).

Malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Ce n’est pas une malédiction mais une mise en garde. Pour convertir, il faut avertir. Au Dernier repas, la Première Messe de l’Histoire, Jésus met en garde Judas, comme lorsque Dieu avertit Caïn, le premier criminel de l’Histoire : « le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer » (Gn 4, 7). Attention, ton intention est une tentation.

Voyez cette chose terrible : quand Judas a communié matériellement, Satan est entré en lui. Il a communié à sa propre condamnation. Jésus dit alors : Ce que tu fais, fais le vite. « Aucun des convives ne comprit pourquoi il lui avait dit cela ». Je dis souvent au Seigneur, comme sainte Faustine dans son Petit Journal : « Seigneur, je ne te comprends pas ». Il faut dire au Seigneur quand on ne comprend pas.

La communion mensongère de Judas précipite sa décision, le fait basculer. Judas n’est pas revenu. Thomas, si.

Les Douze n’étaient donc que dix quand Jésus ressuscité est apparu au soir de Pâques, et leur a donné l’Esprit-Saint et le pouvoir de rémission des péchés : « À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ».

Ont-ils utilisé ce pouvoir pour Thomas ? Peut-on dire qu’en faisant revenir Thomas, ils lui ont offert le pardon ? Même s’il ne le regrettait qu’à moitié : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt, la main dans son côté, non, je ne croirai pas ».

Oui si l’absence de Thomas à cette 2ème Messe de l’Histoire était un péché comme nous le disons de manquer la messe un dimanche sans motif impérieux. Or l’évangile ne dit pas pourquoi Thomas était absent. Il insiste sur ses doutes, sur son incrédulité mais est-ce un péché ? Le manque de foi est-il un péché ?
Ne vaut-il pas mieux venir à la messe avec des doutes que s’en abstenir, parfois par honnêteté, en toute sincérité ? Ne risque-t-on pas, en venant quand même, de communier à sa propre condamnation ? L’Eglise répond qu’il faut venir, Dieu nous attend, et communier à Pâques, comme Thomas ! La communion est un déclencheur. Elle n’est pas une récompense ni un acte magique, mais un chemin de guérison, un chemin de réconciliation avec Dieu et entre nous, avec nos frères.

Souvenez-vous de Zachée qui, jusqu’à sa rencontre avec le Christ, ressemblait à l’homme de la parabole qui avait entassé tant d’argent qu’il se disait en lui-même : je vais pouvoir en profiter ! (Lc 12, 19). Jésus ouvre son cœur moins à l’intelligence des Ecritures qu’à la puissance de la Miséricorde : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus » (Lc 19, 8). Voilà ce que je vais faire. Savez-vous ce que l’apôtre Thomas a fait, après sa conversion de Pâques ? Il est allé jusqu’en Inde, au Kérala, annoncer l’Evangile et donner sa vie comme le Christ, pour ses frères.

Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. La vérité de la Communion est dans notre attitude ou notre changement d’attitude avec les pauvres comme Zachée, avec les étrangers comme Thomas.

Cesse d’être incrédule, lui dit Jésus, laisse-moi vivre en toi.

Thomas, le Christ est en toi !

Et nous, voulons-nous qu’Il vive en nous ?

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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