32ème dimanche du temps ordinaire - 12 novembre 2023

Mt 25, 1-13

 

Si j’avais été marié et que nous avions eu des enfants, les deux pouvant être distincts, je pense aux couples qui vivent douloureusement l’attente d’un premier enfant, comme à ceux et celles qui attendent de trouver un conjoint, – c’est le sujet de la parabole de ce dimanche : quand il faut attendre longtemps, quand la joie tarde à venir, sans qu’on sache pourquoi, au risque d’être tentés de désespérer, ne soyez pas abattus comme les autres qui n’ont pas d’espérance, dit saint Paul dans la 2ème lecture (1 Th 4, 13),
bref, si nous avions eu des enfants, nous aurions eu ce défi à relever par tous les parents : ne pas se disputer sur l’éducation des enfants.
C’est statistiquement le premier motif de dispute dans un couple. Il y a quatre motifs principaux de tension : les tâches ménagères, les parents, l’argent et l’éducation des enfants. Pour les femmes, l’éducation des enfants vient en premier ; pour les hommes, ce sont les relations aux parents, les tâches ménagères, l’éducation des enfants ex aequo avec l’argent.

J’ai posé la question à un certain nombre de parents que je connais : quelle est pour vous la chose la plus importante à apprendre à vos enfants ? A gagner de l’argent ? Un ami m’a répondu : ‘à se passer de nous !’, rejoignant ceux qui m’ont dit l’autonomie, l’indépendance, la liberté, à développer leurs talents (ce sera l’évangile de dimanche prochain). D’autres ont insisté sur le respect – de soi et des autres ; la confiance – en soi et en l’avenir.
Très peu m’ont répondu l’adoration de Dieu, qui est pourtant le grand commandement et le second lui est semblable : l’amour du prochain. Ou alors c’était pour me faire plaisir, en bons élèves du catéchisme.

Et vous, que diriez-vous ?

Il y a tellement de réponses possibles ! Il y a tant de choses à apprendre et à enseigner !

Sans compter l’exemple à donner. Nous entendions dimanche dernier Jésus nous mettre en garde contre ceux qui ‘disent et ne font pas’. C’est la question que l’on peut se poser à propos de cette parabole : quelle était, pour ces jeunes filles, la responsabilité de leurs parents ?

On appelait naguère cette parabole ‘des vierges folles et des vierges sages’. Le texte parle maintenant de jeunes filles. On a fait disparaître le mot ‘vierges’ comme si on ne pouvait plus comprendre le sens de cette virginité et du don total de soi. La nécessité de se préserver de ses propres désirs. De ne pas faire comme les autres qui n’ont pas d’espérance.

Ces dix jeunes filles étaient vierges. Cinq étaient moins ‘insouciantes’ que stupides, des sottes car la sottise a trait à la vanité. Le mot latin a donné en français ‘fatuité’, « contentement excessif de soi qui se manifeste par une vanité insolente », et l’adjectif ‘infatué’ désigne celui ou celle « qui a une trop bonne opinion de soi ».

Cinq étaient prudentes, prévoyantes et modestes.

Est-ce qu’elles tenaient ces défauts ou ces qualités de leurs parents ?

Pas forcément. Nous connaissons des parents raisonnables qui ont des enfants inconséquents et inversement. Des parents pratiquants religieusement qui ont des enfants indifférents.
Nous croyons à la liberté et la capacité d’auto-détermination de chaque personne, des enfants à l’égard des parents comme des parents à l’égard des enfants : c’est même la différence entre le sacrement du mariage qui fonde un devoir d’état et l’éducation des enfants qui est une mission temporaire.
L’Ecriture est catégorique sur le sujet : “Les parents ont mangé du raisin vert, et les dents des enfants en sont irritées”… Non ! dit le Seigneur, par la bouche des grands prophètes Ezéchiel et Jérémie : « Qu’avez-vous donc à répéter ce proverbe : “Les parents ont mangé du raisin vert, et les dents des enfants en sont irritées” ? Par ma vie ! – oracle du Seigneur Dieu – vous n’aurez plus à répéter ce proverbe en Israël. En effet, toutes les vies m’appartiennent, la vie du père aussi bien que celle du fils, elles m’appartiennent. Celui qui a péché, c’est lui qui mourra » (Ez 18, 2-4. Jr 31, 29-30).

Si nous venons au monde marqués par le péché originel, nous ne sommes pas responsables des fautes de nos parents, et nous n’avons pas à en demander pardon. La multiplication des actes de repentance est absurde, qui masquent nos propres fautes.

Quelle est la chose la plus importante à apprendre aux enfants ?

Une jeune fille qui était avec ses parents quand j’ai posé la question a crié : la sagesse !

Magnifique !

Magnifique 1ère lecture que l’Eglise nous donne en introduction de la parabole de l’évangile : « La Sagesse se laisse trouver par ceux qui la cherchent ». « Penser à elle est la perfection du discernement, et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci ».

Apprends-nous Seigneur la sagesse : montre-nous son « visage souriant » !

Donne-nous des modèles de sagesse comme Joseph et Marie, Joseph le serviteur prudent.

Un Psaume dit : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours (enseigne-nous à bien compter nos jours) – afin que nous appliquions notre cœur à la sagesse – que nous ayons un cœur sage » (Ps 89, 12).

Je comprends que les nouvelles générations en veulent à celles qui les ont précédées de leur laisser la planète dans cet état, aussi bien sur le plan environnemental que géopolitique. Mais que dire de la façon dont elles les ont formées à l’adoration de Dieu, préparées à la rencontre du Christ, en tout être humain, et à l’heure de notre mort ?

Le propre de l’éducation est d’apprendre aux enfants, au fur et à mesure qu’ils grandissent, et que des responsabilités plus grandes leur sont confiées, qu’ils auront des comptes à rendre, et que, parmi les erreurs à éviter, il y a celles qui ne peuvent pas être rattrapées. Sous peine de trouver un jour la porte fermée : Seigneur, ouvre-nous ! – Je ne vous connais pas.

Seigneur, apprends-nous la sagesse.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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