20ème dimanche du temps ordinaire - 16 août 2020

Mt 15, 21-28

 

Il y a trois ans, en août 2017, nous avions les mêmes textes puisque nous tournons sur trois ans, suivant les évangiles de Matthieu, Marc et Luc, et j’avais imaginé dans une homélie qu’un prochain Pape ajouterait au Rosaire une nouvelle série de mystères, après les mystères lumineux que le Pape Jean-Paul II avait ajoutés aux mystères joyeux, douloureux et glorieux, qui forment la base de la prière du Chapelet. Cette 5ème  série serait les mystères miraculeux.

Des miracles de Jésus, il y a l’embarras du choix et je prenais ceux des derniers dimanches, la multiplication des pains et la marche sur les eaux, suivis dimanche prochain de la profession de foi de Pierre. J’encadrais ce triptyque commun aux quatre évangiles – multiplication des pains, marche sur les eaux, profession de foi de Pierre – avec la guérison du paralytique que quatre hommes amènent à Jésus en le faisant descendre par le toit. Jésus, voyant leur foi, lui dit : tes péchés sont pardonnés (pour faire le lien entre miracle et pardon). Le cinquième mystère miraculeux était le cri de Jésus sur la Croix (que saint Thomas d’Aquin considérait comme un des miracles les plus étonnants de l’évangile). Vous retrouverez ça dans les archives des homélies sur le site de la paroisse (à la date du 27 août 2017).

Je voudrais, en ce lendemain de l’Assomption de la Vierge Marie, vous proposer une autre série de mystères, autour de l’évangile de ce dimanche, la guérison de la fille possédée de la Cananéenne, qui serait les Mystères Miséricordieux. D’autant qu’ici la Miséricorde de Jésus n’est pas immédiate : il se fait prier, si vous me permettez l’expression. D’habitude il suffit qu’un malheureux se présente pour que Jésus agisse, pas ici.

Peut-être ne priez-vous pas le chapelet ? Dommage ! Essayez en nageant : j’ai expérimenté ça cet été, des tours de piscine avec les mystères du rosaire … Peut-être ne souhaitez-vous pas une énième nouvelle série … Acceptez au moins de réfléchir avec moi à cinq mystères pour prier et méditer la Miséricorde divine.

Le 1ermystère miséricordieux est l’appel de saint Matthieu. « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades ; je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent » (Lc 5, 31-32). Jésus vient chercher Matthieu à son travail : il le libère d’un amour excessif de l’argent qui le coupe d’une juste relation à ses frères.

Le 2èmemystère miséricordieux est la conversion de Zachée : à la différence de Matthieu que Jésus vient chercher à son travail, Zachée vient voir Jésus (Lc 19, 1-10). Le sycomore sur lequel il monte, c’est l’Eglise, la petite graine devenue un grand arbre, qui a tout autant besoin que lui d’être libérée de l’argent. Résonne un magnifique appel à la vie intérieure : « Descends vite, dit Jésus, au plus profond de toi-même, car aujourd’hui je veux demeurer chez toi ».

Le 3èmemystère miséricordieux est l’évangile de ce dimanche, la venue dérangeante de cette femme cananéenne dont l’enfant est possédé par un démon. Une femme, figure de l’Eglise, une étrangère, figure des nations, et une mère dont les entrailles sont le lieu naturel, d’origine, de la Miséricorde. « Voyant les foules, désemparées et abattues comme des brebis sans berger, Jésus fut saisi aux entrailles » (Mt 9, 36).

Curieusement on pense que cette scène se passe au cours d’un repas, à cause ‘des miettes qui tombent de la table’, et de fait, pour Matthieu comme pour Zachée, la conversion était suivie d’un bon repas. Ce qui nous amène au 4èmemystère miséricordieux, la parabole du fils prodigue dont le retour est salué par un festin, signe du lien entre Miséricorde et Eucharistie.

Pour le 5èmemystère miséricordieux, s’impose l’évangile du Dimanche de la Miséricorde où le Christ ressuscité donne à ses disciples le pouvoir de rémission des péchés. Thomas était absent et Jésus revient le chercher : il est le Bon Berger qui connaît ses brebis, qu’elles soient de son troupeau ou d’un autre enclos : « celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur » (Jn 10, 16).

Pourquoi méditer les mystères miséricordieux ? Parce que le Christ proclame heureux les miséricordieux et leur promet qu’ils obtiendront miséricorde. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux (Lc 6, 36).

Quant à cette scène déconcertante où Jésus dit qu’il n’a été « envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël », retenons sa double leçon :
Primo, priorité aux plus proches. Il est tellement plus facile d’être plus indulgent avec les personnes qu’on ne voit pas souvent (davantage) qu’avec celles avec qui on vit ! Le salut de la Miséricorde commence par sa propre maison.
Deuxio, n’imaginez pas que la miséricorde ni le pardon soit automatique. Demandez et vous recevrez : demandez jusqu’à ce que vous receviez.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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