Les Sacrements sont comme la Charité nécessaires au Salut

Solennité du Christ-Roi de l'Univers - 22 novembre 2020

Mt 25, 31-46

 

Abba, Père. Amen, en vérité. Effata, ouvre-toi. Rabbouni, maître. Maranatha, Viens Seigneur. La plupart de nos Bibles ont gardé ces mots araméens, à l’exception d’un qui a disparu :Mammôn remplacé par ‘Argent’ avec une majuscule. « Faites-vous des amis avec l’Argent malhonnête » fait-on dire à Jésus quand il dit « avec le Mammôn de l’injustice » (Lc 16, 9).
De même qu’il ne dit pas « Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent » mais « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammôn » (Mt 6, 24). Qui est Mammôn ? Un des Princes de ce monde, l’Argent-roi ou l’Argent-dieu, contre qui a été instaurée cette fête ce dimanche du Christ Roi de l’Univers.
« Ainsi donc, tu es roi ? » lui dit Pilate. Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix » (Jn 18, 36).

Il nous faut prendre au sérieux les paroles du Christsur le châtiment éternel, « le feu éternel préparé pour le Diable et ses anges ». Les anges du Diable sont les démons, et ses archanges les princes des ténèbres dont Mammônn’est pas le moindre. Sainte Françoise Romaine en a eu la vision et l’atteste dans son traité de l’Enfer, elle qui a connu au 15ème siècle des épidémies de peste qui étaient autre chose que la pandémie actuelle. On n’arrêtait pas les messes pour autant : on savait que les Sacrements sont nécessaires au Salut.
Le Diable a compris la leçon, lui qui sait très bien « se déguiser en ange de lumière » (2 Co 11, 14), et se présente désormais comme le Prince de la Santé à tout prix. L’expression vous heurte ? Disons de la santé du corps plutôt que de l’âme. Rappelez-vous la parole du Christ : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps » (Mt 10, 28).

L’un de vous m’a demandé ce que deviennent les damnés.

Arrache-nous à la damnation ! prions-nous à la Messe (dans la 1ère prière eucharistique). C’est notre Espérance. Est-ce notre volonté ? Je vous invite, pour préparer la confession que vous ferez d’ici Noël, à un examen de conscience à partir des sept œuvres de miséricorde corporelles (les six décrites dans la parabole auxquelles la Tradition a ajouté ‘ensevelir les morts’) et sept œuvres de miséricorde spirituelles : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

Prier Dieu pour les vivants et pour les morts. Que se passera-t-il en effet si, en espérant que nous soyons du bon côté, parmi les bénis, des personnes que nous aimons se retrouvent du mauvais, parmi les maudits ? Nos supplications suffiront-elles pour les sauver ? Qu’en est-il de la possibilité d’être séparés pour toujours d’un certain nombre de personnes que nous aimons ? A une femme que j’accompagnais à la fin de sa maladie, qui avait laissé Dieu de côté toute sa vie, j’avais dit : je n’irai pas sans vous. Etait-ce une promesse inconsidérée ?
Le seul fait de penser à elle est le signe qu’elle a besoin de mes prières, que je dois continuer à prier pour elle. Est-ce que nous croyons vraiment que nos prières pour les défunts sont nécessaires ?

Que se passera-t-il si des personnes que nous aimons se retrouvent après la mort envoyées au châtiment éternel ? Comment pourrions-nous être heureux, ‘dans la joie, la paix et la lumière’ ?

Ecartons la solution de facilité, l’idée que tout le monde sera sauvé, une hérésie qu’on appelle l’apocatastase. Cette parabole dit le contraire. Elle ne dit pas non plus que la seule chose qui compte aura été l’attention aux autres, la générosité, le partage ou l’engagement. Elle ne contredit pas la nécessité des sacrements et de la prière, au contraire : elle dit pourquoi nous venons à la messe, pour qu’en recevant le Christ en nous il nous apprenne à le reconnaître chez nos frères, en particulier les plus mal-aimés.

C’était toi ? répondent-ils tous dans la parabole, comme s’ils ne savaient pas. Comme s’ils ne savaient pas quoi ? Que Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ ? Que si nous sommes frères – c’est en Jésus-Christ ?

Que se passera-t-il si des proches choisissent, malgré nos prières, de refuser Dieu ?

Je fais l’hypothèse que nous ne nous en apercevrons pas : elles se seront effacées de notre cœur. Dans la purification que nous connaîtrons pour prendre place auprès du Christ, s’effacera de notre esprit toute complaisance pour ce qui est contraire au Règne du Christ et la Gloire de Dieu !

Cessons d’opposer la charité et les sacrements, puisque la source est la même, le Christ, et que les deux sont nécessaires au Salut. Par Lui, avec Lui et en Lui, à toi Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout Honneur et toute Gloire, pour les siècles des siècles. Amen ! Ces paroles sont vitales. Pas virtuelles. Vitales.

Les Sacrements sont comme la Charité nécessaires au Salut.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

Vous avez la possibilité de recevoir les homélies du Père Lancrey-Javal en remplissant ce formulaire

Article précédent
Un seul talent me suffit : ma conscience
Article suivant
Il veut notre bonheur et respecte notre liberté