Fête de la Pentecôte - 9 juin 2019

Jn 14, 15-16.23b-26

 

Au jour de la Pentecôte, cinquante jours après Pâques, les disciples se trouvaient réunis hommes et femmes dont Marie la mère de Jésus. Ils étaient dans la chambre haute où ils se tenaient habituellement. Ils étaient assis. Ils priaient. C’est le don de piété, un des sept dons de l’Esprit. Comment priaient-ils ? Quel était leur mode de prière ? Ils disaient la messe. La meilleure façon de recevoir l’Esprit-Saint est d’aller à la messe. Ce n’est pas la seule, c’est la meilleure. C’est la raison pour laquelle depuis un peu plus d’un siècle les enfants font leur 1ère communion avant leur confirmation : pour pouvoir communier le jour de leur confirmation. La logique voudrait qu’ils soient d’abord confirmés pour reconnaître Jésus dans l’Hostie, pour entendre la Parole de Dieu avec intelligence, un des sept dons de l’Esprit, car « nul ne peut dire que Jésus est Seigneur si ce n’est sous l’action de l’Esprit-Saint » (1 Co 12, 3). Le baptême est donné à la naissance, la confirmation à l’âge de raison. Le baptême est le sacrement de la foi. Que donne le baptême ? La foi. Et la confirmation est le sacrement de la responsabilité, que donne cette foi. Le sens de la responsabilité pour répondre de notre foi « avec douceur et respect, la conscience tranquille » (1 P 3, 16).

Qu’est-ce qui me fait dire que les disciples à la Pentecôte disaient la messe ? La promesse de Jésus à l’Ascension : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ». La messe donne de la force, un des sept dons de l’Esprit. Moi qui dis la messe tous les jours de l’année, et de ma vie, ici du lundi au vendredi en fin de journée à 19 h, je vous assure que la messe donne de la force, à l’idée même d’y aller. La motivation vient de ce que nous célébrons. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole : mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure », autant qu’une créature peut accueillir son Créateur, c’est le don de crainte du Seigneur, un des sept dons de l’Esprit. Et vous, quand vous êtes fatigués le week-end, venez à la messe prendre des forces. Et conseillez à vos proches d’en faire autant. Les auditeurs de Pierre au jour de la Pentecôte ne s’y sont pas trompés en demandant aux apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? ». Que nous conseillez-vous ? Le conseil est un des sept dons de l’Esprit.

Aux parents des enfants qui vont faire leur 1ère communion, pour la plupart à la Fête du Saint-Sacrement dans deux dimanches, je voudrais donner deux conseils.

La 1ère communion est l’occasion parfaite pour que les parrain et marraine prennent un temps personnel avec leur filleul. Qu’ils l’emmènent déjeuner ou goûter, qu’ils se retrouvent en tête à tête avec lui pour se parler. Les parrains et marraines sont soit des frères et sœurs des parents, garantie de pérennité, façon de s’assurer qu’ils seront là dans vingt ans, soit des amis, témoins du mariage. Ils ont un lien fort avec les parents, qui est à construire avec l’enfant. La 1ère communion est l’occasion de créer ce lien personnel : passer d’une relation affective à un statut de figure de sagesse, de référence pour l’enfant, la sagesse un des sept dons de l’Esprit. Ce rôle sera crucial à l’adolescence, et suppose qu’une relation de confiance aura été établie : tant de fois les parrains et marraines se contentent de cadeaux à leur filleul, sans créer une relation de parole et d’écoute. A partir de l’âge de raison, il est bon que le parrain et la marraine aient, au moins une fois par an, un dialogue en tête-à-tête, en confiance avec leur filleul, sans que ce soit répété aux parents, quitte à les alerter d’éventuelles difficultés.

Et vous les parents, des enfants qui font leur 1ère communion ou leur confirmation, saisissez l’occasion pour leur dire quelles sont les valeurs auxquelles vous croyez, qui vous tiennent à cœur. L’idée me vient d’un jeune prêtre voisin, lors d’un déjeuner où nous échangions sur nos pratiques. Il prévient les parents qu’à la réunion où il les invite en vue de la 1ère communion ou de la profession de foi je ne sais plus, ils auront un quart d’heure en tête à tête avec leur enfant pour leur dire : mon enfant, voici les valeurs auxquelles nous croyons. Il les prévient pour qu’ils puissent y réfléchir, se préparer. Même si vous n’avez pas d’enfant, ni de cet âge, ni pas du tout, je vous propose de faire l’exercice, vous pouvez le faire entre amis, et je l’ai fait moi-même, il n’est pas facile : quelles sont les valeurs qui comptent pour vous ? Trois valeurs qui vous tiennent à cœur ?

J’ai tapé sur internet : ‘valeurs chrétiennes’. Est arrivé en tête « Mon Livre des valeurs, 12 valeurs chrétiennes pour les enfants », de 1992, éditions Maison de la Bible, 48 pages, 13 euros, avec cette description : « Les douze valeurs à enseigner aux enfants : Amour, Pardon, Bonté, Joie, Générosité, Reconnaissance, Patience, Honnêteté, Courage, Application, Responsabilité, Fidélité ». Le livre est anglo-saxon, ce qui explique le mot Application (être ‘appliqué’ : studieux, consciencieux), tandis que nous, Latins, nous préférons la spontanéité et la sincérité. Quoi qu’il en soit, le premier mot, Amour, est déterminant car les valeurs sont chrétiennes quand elles sont une expression de l’amour.

Pourquoi Douze ? A cause des douze fruits de l’Esprit, qu’on connaît par le don de science, un des sept dons de l’Esprit, et par le Catéchisme (CEC 1832). La base vient de la Lettre aux Galates où saint Paul liste 9 fruits de l’Esprit. Qu’on peut répartir de façon mnémotechnique suivant les trois personnes de la Trinité : Amour, Joie, Paix pour le Père. Patience, Bonté, Bienveillance pour le Christ. Fidélité, Douceur et Maîtrise de soi pour l’Esprit.
La Tradition en a ajouté trois pour faire douze comme les Apôtres en s’inspirant des conseils évangéliques pour la pauvreté et la chasteté. Et en intégrant le pardon qui ne figure pas dans le texte de la Lettre aux Galates. On pourrait dire la clémence, la longanimité ou la mansuétude, tout ce qui s’apparente à de l’indulgence.
Je me souviens d’un couple en difficulté qui cherchait le secours du Saint-Esprit (sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte du Seigneur). Je les ai reçus ensemble tous les deux, puis lui tout seul qui avait l’impression d’étouffer depuis son mariage. La voyant elle après, je demande : est-ce que vous êtes tolérante ? – Comment est-ce que vous définissez le mot ? – La tolérance consiste à supporter un mal qu’on ne peut pas éviter. – Ah c’est intéressant, je vais écrire ça. Avant même d’avoir fini d’écrire elle relève la tête : Ah non je ne suis pas tolérante ! La discussion a porté sur la notion de sacrifice, qui ne fait pas partie des listes habituelles des valeurs chrétiennes alors que c’est un nom de la messe. Le sacrifice du Christ sur la Croix est le symbole de la tolérance de Dieu qui prend sur lui nos péchés parce que c’est la seule façon de respecter notre liberté.

Je vous invite à établir votre liste de valeurs, en choisir trois, trois valeurs qui vous parlent en cet instant de votre vie. Moi-même, après avoir prié, contemplé le Christ, j’ai retenu : l’obéissance de Jésus, expression de son amour pour son Père. La liberté des apôtres à la Pentecôte, à l’image du Christ. Et l’émerveillement de la foule, devant les merveilles de Dieu, signes de son amour. Les valeurs chrétiennes sont les fruits de l’Esprit quand elles sont une expression de l’amour.

Et vous, quelles sont les trois valeurs que vous voudriez transmettre ?

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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