5ème dimanche de Carême - 26 mars 2023

Jn 11, 1-45

 

Les réactions nont pas beaucoup changé depuis deux mille ans : un de mes filleuls médecin en service de réanimation me raconte les réactions dincompréhension des proches qui ne disent pas si vous aviez été là mais si vous aviez fait ce quil fallait, il ne serait pas mort. Lautre reproche fait à Jésus« Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » ressemble à ce quune fidèle qui soccupe de sa mère garde comme une blessure ouverte ce que ses frères lui avaient dit pour leur père : si tu ne lavais pas mis dans cet hôpital, il ne serait pas mort. Ils ne font rien, mais vous, quoi que vous fassiez, vous avez tort.

Arrêtons-nous sur la phrase que prononcent Marthe et Marie : « si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort ». Ce nest pas : si tu étais arrivé plus t, dès quon ta prévenu. Ce nest pas son retard qui est en cause, mais la certitude quen présence de Jésus, avec lui, rien de mauvais ne pouvait vous arriver : vous tombiez malade, il vous guérissait. Dailleurs, vous ne tombiez pas malade en sa présence. Il suffit de lire lévangile : en trois ans, aucun raté, zéroperte, aucun accident. Et jusquà la Passion, jusquau moment de son arrestation, quand un des disciples « frappa le serviteur du grand prêtre et lui enleva l’oreille droite, Jésus, lui touchant l’oreille, le guérit » (Lc 22, 51).

N’est-ce pas la protection que nous attendons de Dieu ?

Nest-ce pas en partie la démarche des parents si loin de Dieu qui font baptiser leurs enfants ?Nest-ce pas la démarche de ces fiancés dont on dit trop vite quils se marient pour la galerie alors quils veulent protéger leur amour : la protection du divin ? Nest-ce pas ce qui motivele passage à léglise pour des obsèques des familles qui demandent une petite bénédictionqui ne dure pas trop longtemps ? Non, pas de messe, non et nous ne pouvons pas les forcer alors que cest la Messe qui sauve ! Cest la foi qui sauve et donc la messe, le sacrifice du Christ qui fait que nous pourrons nous retrouver auprès de Dieu, après avoir été plongés à chaque messe dans la mort et la résurrection du Christ !
Cela dit, pour être honnête et avoir vu (et fait aussi) des célébrations sans âme et sans cœur on nest pas forcés de pleurer comme Jésus mais quand même ! un minimum dhumanité ! je comprends quon préfère parfois le plus bref possible
Vous voulez dire, mon père, quil vaut mieux pas de messe quun truc bâclé ? Ne me faites pas dire ce que je nai pas dit : me dans la pire des situations, le Christ est présent. Cest nous qui ne le sommes pas. Labsence de Dieu est une invention des hommes.

Quelle est la conversion à laquelle nous sommes appelés ?

Convertissez-vous dit Jésus. Mais se convertir à quoi ?

Voyez comment Marthe, puis Marie sur son conseil : cest beau ! quand elle lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle », – comment les deux sœurs sortent à la rencontre du Seigneur. Lusage voulait quon rende visite à la famille endeuillée qui restait chez elle : le temps du deuil est un temps fermé, reclus on ne sort pas, pendant un an. Ce temps nest pas perdu. On ne sortait que pour aller au cimetière et le texte explique : « Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer ». Elles sortent pour aller àsus comme certains dentre vous viennent dans cette église parce que cest là qua eu lieu la messedAdieu dun proche qui leur manque tant. Et dimanche après dimanche notre cœur se laisse enseigner, réconforter, relever par la liturgie : la célébration de la mort et la résurrection du Christ. Il nest pas le Dieu des morts mais des vivants !

Notre foi en la résurrection nest pas fondée sur le retour à la vie de Lazare mais sur ce quilsignifie du lien de Jésus à son Père, de lamour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père : Je sais, dit-il, « je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ».

Quel est dans cette page dévangile la parole de Jésus que vous allez prendre pour votre prière ? Est-ce cette promesse qui résume notre Espérance : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ». Ou est-ce sa parole du début : « Cette maladie ne conduit pas à la mort » ? Elle ne conduit pas à la mort si nous la vivons avec le Christ « pour la gloire de Dieu » comme toute notre vie. N’est-ce pas ce à quoi nous devons nous préparer plus que nous attendre, nous préparer et nous convertir : à voir la Gloire de Dieu ?

Quest-ce que vous préférez : Quil nous empêche de mourir ? Ou quil nous ressuscite ?Quil nous empêche de pécher ? Ou quil nous pardonne ? Quil décide pour nous ? Ou quil attende notre réponse ?

Je vous propose de rapprocher cette scène de celle que lévangile de saint Marc raconte quandJésus, après la Transfiguration, redescendant de la montagne, est apostrophé par un homme dont le fils, en apparence épileptique en réalité possédé, frôle sans cesse la mort : « Si tu peux quelque chose, viens à notre secours, par compassion envers nous ! » Jésus lui déclara : « Pourquoi dire : “Si tu peux”… ? Tout est possible pour celui qui croit » Aussitôt le père de l’enfant s’écria : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » (Mc 9, 22-24).

Moi, je suis la résurrection et la vie, dit Jésus. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?

Puissions-nous répondre : Je crois Seigneur ! Viens au secours de notre manque de foi !

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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