1er dimanche de l'Avent - 3 décembre 2023

Mc 13, 33-37

 

Résolution pour l’Avent cette année : prendre conscience ou reprendre conscience de notre dignité.

« Chrétien, prends conscience de ta dignité » avait lancé le pape saint Léon le Grand dans sa première homélie de Noël en tant que pape en l’an 440 : prends conscience de ta dignité puisque, par ton baptême, tu es devenu enfant de Dieu, participant de la nature divine.

Nous parlons de dignité, pas de gravité froide ou rebutante. La dignité des enfants de Dieu pour laquelle nous rendons grâce à chaque messe « car tu nous as estimés dignes de nous tenir devant toi pour te servir » – pas seulement pendant la messe ! Pour te servir en chacun de nos frères comme nous l’entendions dimanche dernier : ‘ce que vous faites aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites’.

C’est Dieu qui agit alors en nous, comme en témoigne saint Paul : ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi (Gal 2, 20). Et ce que nous vivons chaque fois que nous communions au Corps du Christ, nous allons le célébrer à Noël en accueillant le Christ en notre chair.

Quelle différence entre cette dignité d’enfant de Dieu et la dignité d’être humain proclamée au 1er article de la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 Décembre 1948 : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » ?
A ceux qui s’inquièteraient de l’absence de mention explicite des devoirs attachés à ces droits, la phrase suivante indique que les êtres humains « sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».

Agir dans un esprit de fraternité. Certes. La foi chrétienne va plus loin qui affirme que notre dignité est sacrée, infiniment supérieure à nos actes. Que l’être humain vaut par ce qu’il est aux yeux de Dieu, bien plus que par ce qu’il fait.

Et pourtant l’évangile tout entier comme le passage que nous venons d’entendre insiste sur le travail que nous avons à faire, le pouvoir qui nous est donné, avec cette échéance que rappelait la parabole des talents, il y a deux dimanches, du retour du Maître. Nous le disons à chaque messe : Nous attendons ta venue dans la Gloire.

Le malfaiteur repenti, crucifié avec Jésus, avait cette parole mystérieuse : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23, 42), parole que nous faisons nôtre, « nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur ».

C’est pour Lui que nous préparons la crèche et notre cœur.

Il y a, me semble-t-il, trois grands sujets pour lesquels il est question aujourd’hui de dignité : le travail, la femme, l’étranger.

Or, pour l’Eglise, le premier lieu d’inquiétude est le mariage (je vous renvoie au texte de Vatican II sur l’Eglise dans le monde de ce temps – Gaudium et Spes).

La conscience de la dignité et de la grandeur du mariage est gravement ébranlée, et, par voie de conséquence, la dignité de la famille, et la dignité du travail. Le travail a en effet pour fin principale le bien commun de la famille et de la communauté, bien plus que le bien de la personne et son épanouissement.

L’évangile qu’on vient d’entendre situe ainsi le travail de chacun dans son lien à la famille, la maison au sens biblique, qui regroupait plusieurs générations.

Où chacun est au service des autres, à commencer par le portier, à l’entrée.

Qu’est-ce, a contrario qu’un travail indigne ?

Un travail que le maître refuserait d’exercer, qu’il laisserait à d’autres parce qu’il le jugerait indigne de lui. Ce n’est pas le cas ici, l’évangile l’année dernière du 1er dimanche de l’Avent montrait le maître qui exerçait lui-même ce travail de portier : « si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison » (Mt 24, 42).

Je vous rappelle l’image que nous avons eue tous ces derniers mois devant l’autel du lavement des pieds où le Seigneur Jésus lave lui-même les pieds de ses disciples : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous » (Jn 13, 15).

C’est une application de la règle d’or de l’évangile : ne donnez pas aux autres un travail que vous ne trouveriez pas digne de vous, que vous refuseriez vous-même de faire. Et dans ce que vous faites faire aux autres, demandez vous pourquoi vous ne le faites pas vous-même. Il y a toutes sortes de raisons possibles, une n’est pas acceptable : que ce ne soit pas digne de vous.

Résolution pour l’Avent cette année : vérifier que ce que nous faisons – ce que nous disons est cohérent avec notre dignité d’enfant de Dieu. Il y a une formule familière qui le résume : Un Chrétien ne devrait pas faire ça. Un Chrétien ne devrait pas dire ça.

Un Chrétien, un enfant de Dieu, disciple du Christ ne devrait pas faire ça, dire ça, penser ça.

Comment faire pour écouter la voix de notre conscience quand elle nous dit : Arrête ! ce n’est pas digne de toi !

Voudriez-vous examiner ça cette semaine, ce que vous n’aimez pas dans votre façon de vivre, dans votre travail, vos paroles, dans vos choix, vos relations, dans votre vie ? Qu’y a-t-il qui ne soit pas digne de Dieu ?

Résolution pour l’Avent cette année : préparer son cœur comme on faisait petits la crèche.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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