Curieuse idée que ces Béatitudes de saint Luc pour la messe pour les Défunts mais logique au regard du texte de saint Matthieu que nous avons entendu hier pour la Toussaint : celles de saint Luc sont en antithèses, heureux malheureux, à l’image du sort incertain de nos proches défunts dont nous savons qu’ils n’étaient pas des Saints.
Nous prions pour eux, pour qu’à l’instant où, en mourant et sortant du temps, comparaissant devant le Christ Ressuscité, ils se soient ‘convertis’, qu’ils l’aient reconnu comme Dieu en se prosternant devant lui et en lui demandant pardon.
Et par amour nous voulons prendre à notre charge une partie de la réparation de leurs péchés, en invoquant la miséricorde de Dieu et en devenant nous-mêmes plus charitables et miséricordieux.
Seigneur Jésus Christ, prends pitié de moi qui suis pécheur !
La ‘prière du cœur’, venue d’Orient, est la meilleure préparation à la rencontre de notre vie : « Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, prends pitié de moi, pécheur ! ».
Je ne sais pas si le 2 novembre est un jour de deuil, mais il est un jour de pénitence, comme le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint, car la meilleure façon de prier pour nos défunts est de nous convertir nous-mêmes, de grandir spirituellement dans la foi, dans la connaissance de Dieu et de son Fils qu’il a envoyé, dont les Béatitudes sont le meilleur portrait, et de nous améliorer spirituellement et moralement : le texte de saint Luc a l’avantage de dire clairement ce qu’il ne faut pas faire et ce qu’il ne faut pas être.
« Malheur à vous, les riches ». Qui sont-ils ? Le Christ le dit dans l’évangile : ce sont « ceux qui règnent en maîtres et font sentir leur pouvoir » (Mt 20, 25), c’est-à-dire, pour le traduire en termes modernes, les écraseurs, les tenants de la loi du plus fort.
Malheur à ceux qui sont repus dit la 2ème lamentation, ceux qui ne vivent que pour leur plaisir, les jouisseurs et les gaspilleurs, mais combien d’entre nous et de nos amis défunts n’en sont ou n’en étaient pas très loin dont les familles me disent, même pas gênées, que c’étaient des bons vivants, des épicuriens, des ‘gourmets’.
Malheur à ceux qui rient maintenant, dont la meilleure traduction est ceux qui se moquent, les moqueurs, sans pitié ni compassion. C’est la 1ère phrase du Psautier : « Heureux l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, qui ne siège pas avec ceux qui ricanent » (Ps 1, 1).
Enfin « malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous », malheur à vous si vous les croyez, et surtout à ceux qui cherchent cette reconnaissance des autres, cette approbation, qui flatte leur vanité.
Voilà les 4 questions à se poser : suis-je du côté des écraseurs ? Des profiteurs ? Des moqueurs ? Des vaniteux ?
Voilà les questions à se poser et les conversions à engager, pour préférer la compagnie des pauvres, pour ne pas chercher à satisfaire toutes ses envies, pour pleurer avec ceux qui pleurent, pour faire chaque jour acte et preuve d’humilité.
La vie chrétienne est à double face :
Rejetez-vous tout ce qui conduit au mal ?
Croyez-vous que Dieu est Amour, Père, Fils et Saint-Esprit ?
On ne peut pas croire en Lui sans se détourner de ce qui nous sépare de Lui.
La meilleure façon de prier pour nos défunts est de nous convertir nous-mêmes.
Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, prends pitié de moi, pécheur !
Père Christian Lancrey-Javal, curé
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