16ème Dimanche du Temps Ordinaire - 18 juillet 2021

Mc 6, 30-34

 

Parmi les apôtres de Jésus, certains avaient été disciples de Jean-Baptiste, et avaient été formés par Jean-Baptiste. Ils l’avaient vu accueillir sans ménagement les foules qui venaient à  lui : « Engeance de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui vient ! Produisez donc des fruits qui expriment votre conversion ! » (Lc 3, 7-8). Ils avaient appris une autre exigence que celle des Pharisiens et de la Loi, une exigence intérieure de cohérence et non de conformisme extérieur.
Ils avaient été préparés à accueillir le Christ, que Jean leur avait alors désigné sans équivoque : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29).
Et ils avaient laissé le Baptiste pour suivre le Christ. Il faut se rendre compte du changement et des efforts que cela leur a demandés, qui vont bien au-delà de ce que nous pouvons vivre quand nous changeons de patron, d’équipe, de statut, de mission. A la différence de Jean, installé au bord du Jourdain, Jésus bouge tout le temps. Les foules ont du mal à suivre, ses disciples aussi.

Ces foules qui cherchent Jésus sont différentes de celles qui venaient voir Jean-Baptiste : auprès de Jean, elles étaient composées de croyants conscients de leurs péchés qui venaient pour un rituel de purification, et lui demandaient : que devons-nous faire

Nous leur ressemblons à plus d’un titre, le dimanche, assemblées de croyants conscients de leurs péchés, qui cherchons la conversion et la purification de nos âmes, et le prêtre, bien qu’il agisse au nom du Christ, ressemble à bien des égards à Jean-Baptiste qui prévient : Ce n’est pas moi. « Je ne suis pas le Christ » (Jn 1, 20)

Les foules qui venaient à Jésus étaient composées de plus de malades, d’infirmes, d’estropiés, de possédés, que celles qui étaient autour de Jean-Baptiste, pas seulement parce que Jésus faisait plus de miracles mais parce que Jésus est la Compassion comme il est l’Amour en personne, la plénitude de l’Amour de Dieu.

Jésus faisait beaucoup de miracles parce qu’il avait beaucoup plus d’amour. L’évangile de ce dimanche le dit très sobrement : alors que les foules affluaient de partout, et même pour certains en courant, Jésus fut saisi de compassion parce qu’ils étaient comme des brebis sans berge

Est-ce que vous diriez la même chose de Jean-Baptiste, qu’il était, devant les foules, saisi de compassion

Et nous-mêmes, posons-nous la question : quel est notre sentiment devant les foules, qu’est-ce que nous éprouvons à la vue de tant de malheurs, de violences, de souffrances, de misères et d’abandons, et, autour de nous, ces foules sans espérance, toutes ces personnes de plus en plus nombreuses à vivre sans Dieu ?

Jésus fut saisi de compassion. Il est pris aux entrailles. L’image s’applique au cœur d’une mère comme au peu que nous savons de la Miséricorde, miséri-cordia le cœur sensible à la misère du monde. Quand chaque vieil homme est votre grand père, chaque femme votre mère ou votre sœur, chaque être qui pleure votre unique enfant.

Jésus était bouleversé par la souffrance des gens. Jean-Baptiste était plus rugueux. Et quel effort cela a demandé à ses disciples formés par Jean-Baptiste pour entrer dans la tendresse et la douceur de Dieu !

Avec tendresse je pense à ces femmes que je voyais à Saint-Louis d’Antin, qui arrivaient de Saint-Sulpice, étaient passées rue du Bac, à la mi-journée à la Cathédrale, l’après-midi à Notre-Dame des Victoires, allaient au Perpétuel Secours avant de finir au Sacré-Cœur de Montmartre ! Sept messes dans sept églises, en une seule journée !

Vous pouvez faire ce pèlerinage des sept églises en une semaine, en remplaçant la Cathédrale par une autre basilique de Paris, sainte Clotilde ou sainte Jeanne d’Arc à côté de l’église Saint-Denys Porte de la Chapelle.

Est-ce qu’en multipliant les messes, on augmente la charité ? Et en les diminuant

Un homme sympathique est venu me voir parce qu’il ne va plus à la messe : ‘je sais que j’ai tort pour mes enfants’. ‘Je ne supporte plus, dit-il, l’hypocrisie des Catholiques’. Moi, ça ne me gêne pas, lui ai-je répondu, je ne vaux pas mieux qu’eux.
J’ai essayé toutes sortes d’arguments : où trouverez-vous la force de vivre, comme vous le souhaitez, l’amour du prochain ? Sinon dans la force du Christ, la grâce des sacrements ? Où prendrez-vous ce temps d’arrêt pour goûter et savourer de ce que vous vivez d’heureux et en remercier le Seigneur ? Ne pensez-vous pas préférable de préparer le jour de votre rencontre avec votre Dieu ? Et par beaucoup d’autres arguments semblables, je me suis employé à le raisonner, jusqu’à ce que, soudain, je lui montre le Christ en Croix : quelle insensibilité faut-il pour regarder le Fils de Dieu mort pour nous sans avoir le cœur saisi de compassion ?

Je lui ai fait et je vous fais la promesse que si tous les jours vous demandez au Seigneur, avec insistance et sincérité, pas entre deux portes mais en prenant un temps respectueux : est-il vrai Seigneur que tu me connais et que tu m’aimes ? Si tous les jours vous demandez au Seigneur s’il vous aime. D’ici la fin de l’été, vous saurez. Ce que le Seigneur attend de vous, de chacun de nous, que le Christ est venu enseigner : la compassion. Ce n’est pas une grâce réservée à quelques-uns mais la vocation de tout Chrétien, notre Mission.

Mission Compassion.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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