14ème dimanche du Temps Ordinaire - 3 juillet 2022

Lc 10, 1-12.17-20

 

Quelle belle vision de l’Eglise nous est donnée dans ce passage d’évangile, d’une Eglise en mission, une Eglise en sortie, ouverte au monde telle qu’elle est apparue au jour de la Pentecôte, et comme elle est différente de celle que nous connaissons !

Comment l’Eglise qui est née dans le sein de Marie, du côté du Christ sur la Croix, et du don de l’Esprit et l’ouverture aux Nations – ce sont ses trois dates de naissance : l’Annonciation, le Vendredi Saint et la Pentecôte, comment l’Eglise du Christ a-t-elle pu se laisser autant institutionnaliser au fil du temps ?

Voyez le peu de cas que nous donnons à la lecture de la Passion : deux fois par an, aux Rameaux et au Vendredi Saint. Le Père Cantalamessa, le prédicateur de la Maison Pontificale, regrettait qu’on ne lise pas plus souvent la Passion. On en retrouve parfois deux passages aux célébrations d’obsèques : le cri de foi du centurion romain à la mort de Jésus : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ! » (Mc 15, 39). La confession du bon larron comme un trait de lumière au milieu des insultes : « pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal ».

Dans la Passion, ressort à quel point le Christ n’est pas du côté du pouvoir et des institutions : il est l’agneau sacrifié, la victime des notables, des nantis et de l’ordre établi. Nantis : le contraire d’anéantis, le choix de Jésus qui s’est anéanti lui-même prenant la condition de serviteur (Ph 2, 7) jusqu’à la mort de la Croix. Alors comment son Eglise a-t-elle pu se laisser autant institutionnaliser, se laisser aspirer par la Loi au lieu de se laisser inspirer par l’Esprit ?

La réponse est facile : par la vanité des hommes.

Je comprends que cette Eglise de l’hypocrisie et de l’impunité n’attire pas, quand elle apparaît comme une gardienne de la Loi, un fatras d’interdictions et d’obligations, alors qu’elle est censée être la libératrice de nos consciences. Car c’est de cela qu’il s’agit dans l’évangile de ce dimanche, dans l’envoi des disciples en mission : Jésus les envoie réveiller les consciences.

L’Eglise ne peut pas être une mère qui demanderait en permanence à ses enfants s’ils ont bien fait leurs devoirs. Tu as rangé tes affaires ? Tu t’es lavé les dents ?
Aux enfants du Catéchisme, nous remettons une Bible adaptée au titre explicite : ‘Ta Parole est un trésor’, qui est composée de larges extraits accompagnés d’honnêtes illustrations. Vous pourrez regarder sa présentation sur internet et en profiter pour fredonner ce chant : « Cette parole est un trésor, plus précieuse qu’un coffre d’or ; un cadeau qui nous est fait, un cadeau pour mieux s’aimer. Allélu- Alléluia ».
Quand je bénis chaque enfant en lui remettant cette Bible, je reprends les paroles de Jésus : ‘Paix dans ta famille’, ‘Le règne de Dieu est au milieu de toi’, et je leur demande d’en lire une page tous les jours. Posez-vous la question : est-ce que vous lisez l’évangile tous les jours ?

Je m’inspire de ce que m’avait dit un dentiste : trois minutes. C’est mnémotechnique pour les enfants : lire la Bible comme ils se lavent les dents.
Leur santé, physique et morale, est la mission des parents ; spirituelle et religieuse, la mission de l’Eglise. La santé spirituelle et religieuse, la santé de l’âme et du corps, c’est tout un. Ne vous étonnez pas sinon, si vous ne prenez pas le temps de prier, de déprimer.

L’Eglise n’est pas une gardienne de la Loi. Nous n’avons pas dans l’Eglise pour mission de faire appliquer la Loi. La Loi, par nature, est impersonnelle. Jésus n’admirait pas la Loi. Lorsqu’il dit, au début du Sermon sur la Montagne, que pas un iota, pas un petit trait n’en disparaîtra (Mt 5, 18), c’est pareil que lorsqu’il dit ici à ses disciples de laisser la poussière collée à leurs pieds, ou à un autre endroit que pas un cheveu de notre tête ne sera perdu (Lc 21, 18) : ce sont des figures de style, des métonymies, la partie pour le tout, dont la fonction est de relativiser.
Voilà un bon programme pour l’été : échapper à la pression, souffler, relativiser. Revenir à l’essentiel, qui n’est pas l’application de la Loi, mais le réveil de la conscience. Faire le calme autour de soi, pour entendre et partager l’appel du Christ : Paix à cette maison, la paix dans notre vie.

Je vous promets que vous reviendrez joyeux comme les disciples qui ont vu les démons de la division s’écraser, au Nom de Jésus, qui règne au Ciel, sur terre et aux enfers, à la Gloire de Dieu le Père. Seigneur Jésus, tu as dit à tes disciples : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. La paix dans notre cœur : « rien ne pourra nous nuire ». Joyeuse mission !

Car vos noms sont inscrits dans le cœur de Dieu.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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