Messe d'action de grâce - 31 décembre 2017

Trois résolutions pour terminer et pour commencer l’année au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit

 

L’année 2017 n’aura pas été une année très riche en événements. Je me souviens de la Une d’un journal satirique qui titrait en 77 il y a quarante ans : mille neuf cent soixante ‘disette’. On pourrait dire semblablement : deux mille disette.
Ni l’élection de Macron ni la disparition de Johnny n’y changent rien : l’année qui s’achève a été pauvre, pas famélique, plutôt misérable avec sa litanie d’attentats terroristes, les ouragans, les élections de la présidentielle et une liste de départs plus longue que celle des apparitions, nouveautés et sujets d’admiration, même s’il y en a eu, Dieu merci !
Pour l’Eglise, ce ne fut guère mieux : on retiendra la Journée mondiale des pauvres, plutôt que les contestations sur l’accueil des migrants ou l’accès aux sacrements. Même le centenaire de Fatima s’est révélé décevant du moins pour ceux qui espéraient la fin des temps.
Dans notre paroisse, l’année a été belle et bonne, avec de grandes joies et autant d’émotions : je pense aux grandes fêtes vécues ensemble ou aux rendez-vous habituels des Journées d’Amitié ou de la 1ère Communion des enfants du Catéchisme.

Je ne veux pas faire de bilan chiffré, me souvenant du péché de David qui s’est livré au recensement de ses forces alors qu’il devait tout au Seigneur. Rappelons simplement qu’à côté des messes du dimanche existe une sorte de deuxième cercle – aussi nombreux que celui des habitués, composé de tous ceux qui viennent ponctuellement : pour des obsèques, pour un baptême, se préparer au mariage, demander un sacrement.
Je retiens trois événements qui me paraissent susceptibles d’une relecture spirituelle : ils ne sont pas ceux qui m’ont le plus touché affectivement, mais qui me semblent porteurs de sens.

Le plus visible est la nouvelle robe, bleue ! de la Vierge du Rocio, dans l’Eglise basse. Il y aura une suite en 2018, car le Musée Yves-Saint-Laurent nous a proposé d’exposer une des tenues confectionnées à l’époque par Saint-Laurent de mai à Septembre au Metropolitan Museum de New-York ! Notre-Dame de Compassion : Paris-New-York-Tokyo, c’est chic !
Le nouveau manteau bleu est moins prestigieux : il a été offert et fabriqué par un couple de ‘Rocieros’, d’authentiques amoureux de la Virgen del Rocio, de la province de Huelva, voisine de Séville, qui étaient passés et m’avaient demandé s’ils pouvaient lui faire un nouvel habit. ‘Bien sûr ma cocotte’, ai-je répondu en substance, et quel ne fut pas mon étonnement quand ils m’annoncent un an plus tard qu’ils arrivent avec la nouvelle robe. Je pouvais tout imaginer – sauf qu’elle s’adapterait aussi bien.
Le sens de cet événement est celui des prières reçues par cette Vierge. Peu importe qu’on l’aime esthétiquement : elle est belle par les prières qui lui sont confiées. C’est vrai de toute personne croyante : vous pouvez ne pas avoir de sympathie pour un prêtre, une religieuse, des paroissiens : reconnaissez et honorez en eux les prières dont ils sont chargés.

1ère résolution par amour du Père : est enfant de Dieu tout sujet de prière.
Pour l’année à venir, changer notre regard sur la croix : y voir les prières de l’humanité. « J’ai vu dit le Seigneur, oui, j’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu. Oui, je connais ses souffrances » (cf. Ex 3, 7).
Notre-Dame de Compassion, tu es belle des prières qui te sont adressées.

Le deuxième événement, le plus important, est le baptême des adultes à Pâques. Ils sont dix cette année qui se préparent pour le 31 mars prochain ; elles ont été deux baptisées à Pâques le 16 avril dernier, Anaïs et Valérie, deux belles jeunes femmes blondes, l’une mère de deux enfants, la seconde s’est mariée deux mois plus tard au Mont-Saint-Michel.
Elles étaient trois prévues à l’origine. La troisième, plus âgée, le faisait en secret, de sa famille, son mari et ses grands enfants, craignant leurs moqueries. Son baptême était son rêve qu’elle voulait vivre sans le regard critique de ses proches. Elle n’est pas venue le soir de Pâques car son mari l’avait emmenée en province. Elle n’est pas venue une seconde fois, et elle a fini par avoir une violente réaction de rejet quand je lui ai dit que le groupe du Catéchuménat priait pour elle et souhaitait être présent à son baptême : elle a préféré y renoncer plutôt que de le partager, avoir des personnes présentes. Au-delà de problèmes psychologiques, il y a là une difficulté fréquente des adultes dans leur lien à l’Eglise. Cette femme était proche de la Vierge Marie dont elle aimait et recherchait la tendresse, la consolation, la compassion, mais elle récusait le lien de Marie à l’Eglise.

2ème résolution par amour du Fils : être unis à sa Mère dans l’Eglise.
Pour l’année à venir, diminuer l’écart entre la Vierge Marie que nous aimons et l’Eglise que nous formons. Que nous soyons accueillants comme Marie qui gardait tout cela dans son cœur.
Notre-Dame de Compassion, donne-nous la fidélité des premiers disciples : « Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1, 14).

Le troisième événement est une phrase. J’avais imaginé, pour cette relecture de l’année, dresser un récapitulatif de mes découvertes : comment est-ce que ma foi a grandi cette année ? Quels domaines se sont éclairés ou élargis ? C’est une question à vous poser : qu’est-ce que vous avez mieux compris cette année en matière de foi, d’espérance, où de charité ?
Je pensais citer l’une ou l’autre phrase de mes homélies où j’ai eu le sentiment d’avoir reçu de l’Esprit saint une lumière nouvelle. Je pense aux funérailles d’une femme au caractère difficile, où j’ai dit à ses enfants que c’étaient eux qui par leur prières et leur intercession devaient contribuer à sa naissance à la vie du Ciel : « Il est beau cet instant que nous vivons où vous ses enfants, et vos enfants, par vos prières, vous faites naître à la vie du Ciel les parents qui vous ont engendrés ». Merci Seigneur pour tout ce que j’ai mieux compris et approfondi cette année. Et puis en fin de compte, la phrase que je garde m’a été donnée par un père qui avait perdu son enfant de vingt ans l’année précédente. A l’issue de la messe anniversaire, ce père, enchaînant sur ce que j’avais pu dire dans mon homélie, m’a dit : « vous avez raison, rien de ce qui est fermé n’est chrétien ». Rien de ce qui est fermé n’est chrétien. Comme si une grâce d’espérance avait déjà roulé la pierre qui fermait le tombeau de son fils.

3ème résolution par amour de l’Esprit : s’ouvrir au bonheur qui vient.
Pour l’année à venir, nous laisser enseigner les uns par les autres. Saint Bonaventure enseignait que toute personne est une parole de Dieu.
Notre-Dame de Compassion, donne-nous cet esprit d’ouverture, et de confiance en Dieu, en ton Fils, à l’Esprit-Saint : rien de ce qui est fermé n’est chrétien.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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