1er dimanche de l'Avent - 3 décembre 2017

Mc 13, 33-37

J’ai vu de la lumière et je suis entré. L’expression est plaisante : on n’en connaît pas l’origine ; c’est l’excuse donnée quand on entre impromptu quelque part. Imaginez le maître de la maison, dans la parabole de l’évangile que l’on vient d’entendre, arrivant à l’improviste, déclarer aux serviteurs surpris : ‘J’ai vu de la lumière alors je suis rentré’.
Est-ce que Jésus-Hostie dit cela au Catholique qui communie ? La personne retourne à sa place. Elle s’assoit, prie, et entend Jésus dans son cœur. Etonnée, elle sursaute. Jésus ne manque pas d’humour, il dit : ‘J’ai vu de la lumière et je suis entré’. Est-ce qu’il dit cela ?

Oui, s’il trouve de la lumière. Mais est-ce qu’il trouve de la lumière ?

Mon frère, professeur de français, m’avait raconté ce mot d’un Grammairien qui batifolait chez lui en galante compagnie. L’épouse rentre à l’improviste. Sidérée lui lance : ‘Monsieur, vous me voyez surprise’. ‘Non, Madame, vous êtes étonnée ; c’est moi qui suis surpris’.

On ne plaisante pas avec des sujets douloureux ? C’est parfois la seule façon de les aborder. Et il en va ainsi de la Communion et de cette tension si forte entre le petit cercle des Catholiques pratiquants conduits par les prêtres, pour qui un seul petit morceau d’une hostie a plus de valeur que leur propre vie, qui savent que chaque jour dans le monde des Chrétiens persécutés préfèrent mourir plutôt que de renier ou profaner le Christ Ressuscité, l’Hostie sacrée, et de l’autre, la majorité des baptisés qui ne voient pas pourquoi ils ne pourraient pas communier, et qui ne vont plus ou n’iraient plus à la messe s’ils ne peuvent pas communier.

Il faut que nous soyons logiques : si nous croyons que « Dieu est présent en tout être humain, en chacun de ses enfants, créés à son image, qu’ils soient baptisés ou non, qu’ils aient conscience ou non d’être ses enfants » (c’était mon homélie de dimanche dernier), pourquoi nous opposer à ce que Dieu entre en eux par Jésus-Hostie, à partir du moment où ils en ont le désir, où ils le demandent, et s’y préparent ?

Parce qu’ils ne se sont pas confessés ? Parce qu’ils ne sont pas clairs sur leur vie ? Parce qu’ils ne sont pas confirmés ? Parce qu’ils ne sont pas mariés ou se sont remariés ? Parce qu’ils ne viennent qu’épisodiquement à la messe ? Parce que la communion n’est pas automatique ?

C’est la vraie question : la communion fait-elle partie de la messe ?

Oui, disent tous ceux qui n’y vont plus sinon. De la messe, d’ailleurs, la communion est le nom, du moins un des noms. Non, dit l’Eglise qui nous demande d’aller tous les dimanches à la messe et de communier au moins une fois par an, de préférence au moment de Pâques.

La communion n’est pas automatique. Le Salut, le bonheur éternel, l’entrée dans la vie divine, trinitaire, n’est pas automatique. Nul ne peut préjuger qu’il sera sauvé.

Saint Jean-Paul II, puisque le peuple chrétien a voulu qu’il soit Saint (Santo subito !), a écrit sa dernière lettre encyclique sur la messe : « L’Église vit de l’Eucharistie » (17 avril 2003). « Il n’y a aucun risque d’exagération dans l’attention que l’on porte à ce Mystère, car dans ce Sacrement se résume tout le mystère de notre salut ».
Il y évoque le sujet délicat de la présence de la Mère de Jésus aux premières messes célébrées par les Apôtres : « Comment imaginer les sentiments de Marie, tandis qu’elle écoutait, de la bouche de Pierre, de Jean, de Jacques et des autres Apôtres, les paroles de la dernière Cène : ‘Ceci est mon corps, donné pour vous’ ? Recevoir l’Eucharistie devait être pour Marie comme si elle accueillait de nouveau en son sein ce cœur qui avait battu à l’unisson du sien et comme si elle revivait ce dont elle avait personnellement fait l’expérience au pied de la Croix » (n. 56).

Est-ce que Marie communiait au Corps du Christ ?

Vous vous rappelez cette scène où « Jésus parlait aux foules, et voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler. Quelqu’un lui dit : Ta mère et tes frères sont là, dehors, qui cherchent à te parler. Jésus répondit : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Puis, étendant la main vers ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères. Car celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère » (Mt 12, 46-50).
On peut y voir une image de ceux qui se croient en dehors de l’Eglise, au-dehors, mais cherchant à parler à Dieu. C’est une image de la messe : Jésus parle aux foules, c’est la liturgie de la parole. Sa mère et ses frères se manifestent : ils veulent communier. Jésus dit : la communion, c’est la communion à ma parole, il vous faut écouter comme les disciples, et c’est la communion entre vous : il faut faire partie des disciples.

La présence de Marie au-dehors avec les frères, qui à ce moment-là ne sont pas disciples de Jésus, correspond au rôle que nous lui reconnaissons, que le Christ lui a donné sur la croix, de nous faire passer de frères à disciples, de frères en humanité à disciples de sa divinité. C’est ce que nous constatons sans cesse : la façon dont Marie amène à Jésus.

A la question de savoir si Marie communiait, Jean-Paul II dit qu’elle faisait une communion spirituelle. « Durant toute sa vie au côté du Christ et non seulement au Calvaire, Marie a fait sienne la dimension sacrificielle de l’Eucharistie. (…) Se préparant jour après jour au Calvaire, Marie vit une sorte ‘d’Eucharistie anticipée’, à savoir une ‘communion spirituelle’ de désir et d’offrande, dont l’accomplissement se réalisera par l’union avec son Fils au moment de la passion et qui s’exprimera ensuite, dans le temps après Pâques, par sa participation à la Célébration eucharistique, présidée par les Apôtres, en tant que ‘mémorial’ de la passion ».
Sa participation à la Célébration eucharistique présidée par les Apôtres était une communion spirituelle naturelle : elle avait la lumière intérieure de Celui qu’elle avait porté en son sein.

Demandons avant chaque messe à la Vierge Marie si nous devons communier spirituellement ou sacramentellement, recevoir Jésus-Hostie, ou faire comme elle une communion spirituelle. Cela suppose que nous prenions Marie chez nous, comme le demande Jésus : « Il dit au disciple : Voici ta mère. Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui » (Jn 19, 27).

Dans toutes les maisons où la Vierge Marie est présente, Jésus trouvera ses disciples éveillés et fidèles lors de son retour.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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