5ème dimanche du Carême - 18 mars 2018

Jn 12, 20-33

Au 1er dimanche du Carême, je vous ai annoncé mes réflexions cette année sur la sexualité, et ces deux grands points d’achoppement du message de l’Eglise que sont l’homosexualité et la contraception ; il me faut dire un mot de celle-ci. J’ai parlé de l’homosexualité le 1er dimanche en écho à l’arc-en-ciel de la 1ère Alliance. Au 2ème dimanche, à la Transfiguration j’ai rappelé la beauté du corps et de l’union des corps. Puis l’importance de savoir ce qui est sacré et que l’on peut toucher lors de la Purification du Temple (l’expulsion des vendeurs), et dimanche dernier du rôle du Diable à propos du serpent d’airain. Nous voici avec le grain de blé et la question de la fécondité, ou plutôt du refus de fécondité par la contraception, et des moyens artificiels, mécaniques ou chimiques, pour assouvir ses désirs. Il faut en parler vu l’ampleur du phénomène, et son impact : il est ce qui a le plus rapproché l’homme de l’animal dans la facilité à s’accoupler, sans délai ni engagement, la révolution sexuelle. Nous lui préférons celle du Christ et de l’Evangile : la révolution de la tendresse.

L’Eglise est évidemment favorable à la régulation des naissances. Son message n’est pas de faire des enfants mais de les engendrer à la vie dans l’Esprit, les amener à la sainteté, suivant la définition  du Concile Vatican II : « la sainteté est l’union parfaite avec le Christ ». Le commandement ‘Croissez et multipliez-vous’ (Gn 1, 28) appartenait à l’ordre de la création. Nous vivons sous le régime de la rédemption, et la fécondité que nous prônons est spirituelle : ‘Baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé’. Pourquoi s’inquiéter ou regretter que le cinquième des enfants qui naissent en France portent un prénom musulman, le tiers en région parisienne, la moitié ici ou là, si les autres ne sont pas baptisés et ne connaissent pas Jésus ?

Vous vous souvenez du tollé déclenché lors du voyage du pape Benoît XVI en Afrique parce qu’il avait dit qu’il n’y a pas plus beau et pas plus sûr que la chasteté et la fidélité. Pas de meilleure protection que la fidélité. Vous voudriez peut-être que l’Eglise explique aux gens quelle est la moins mauvaise façon d’être infidèle ? Comment il faut bien tricher ? Que penseriez-vous d’un Ministre des Transports qui dirait aux automobilistes : quand vous brûlez un feu rouge, veillez à klaxonner (pour prévenir les autres et vous protéger) ?

J’ai déjà raconté la première fois que j’ai reçu un assassin en confession. Il venait de tuer deux hommes et il voulait savoir ce que dit la Bible quand on a tué quelqu’un. La Bible dit qu’il ne faut pas tuer. Ni tromper. Oui, me répond-il, mais quand on l’a fait, qu’est-ce qu’on fait ? Je lui ai rappelé l’histoire de Moïse qui avait tué un Egyptien : Moïse s’enfuit. Non, me dit-il, où que j’aille, ils me retrouveront. Devait-il continuer à tuer ou se laisser tuer ? Il vivait de façon extrême le choix que nous avons tous un jour à faire : sacrifier les autres ou nous sacrifier nous-mêmes ?

Le péché de David montre comment l’adultère peut conduire au crime. Ce que chacun d’entre vous sait : que l’infidélité fait des dégâts considérables. Et il faudrait l’encourager ?

Peu pudibond, je me souviens du choc lors d’un dîner avec de vieux amis de lycée quand la mère avait raconté avoir emmené sa fille adolescente chez sa gynéco pour la mettre à la pilule. Est-ce la façon d’élever et de soigner les enfants ? Pourquoi pas aux anti-dépresseurs de façon préventive si la pression scolaire est trop forte ? Est-ce là le trans-humanisme, ‘l’homme augmenté’ qui fait rêver ?

Nous avons en France un million d’avortements tous les cinq ans (deux cent mille par an). C’est plus facile pour calculer en fonction de votre âge : vous avez trente ans, il y en a eu six millions depuis votre naissance, cinquante ans dix millions. Les trois quarts des femmes qui ont vécu ce malheur étaient sous contraception, comme l’immense majorité des femmes aujourd’hui mais la question n’est pas celle des femmes mais des relations des hommes et des femmes, une question avant tout culturelle, de mentalité. Qui dira l’impact pas seulement sur la personne mais sur la société ? Qui dira l’impact pas seulement de santé, de l’âme et du corps, mais sur les relations humaines et sociales ?

On ne veut pas savoir. Ce n’est pas propre au domaine sexuel. Il en va de même sur le plan religieux : on ne veut pas savoir. L’évangile de ce dimanche en donne une stricte illustration avec la voix venue du Ciel : ‘en l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : C’est un ange qui lui a parlé’. Qui avait entendu quoi ? Qui voulait entendre ce que disait cette voix ?

Ne vous faites pas voler votre espérance, dit le Pape François. Ne vous faites pas voler votre liberté ! Ne vous faites pas voler votre liberté ni par la pression sociale ni par vos pulsions, qui ont toutes deux en commun qu’elles poussent à la consommation. De l’extérieur ou de l’intérieur. La contraception fait partie du système de consommation.

Le message de l’Eglise est magnifique qui est un appel à la responsabilité, à la dignité, à la maîtrise de soi quel que soit l’état de vie. Le sacrement du mariage n’est pas un ‘ remède à la concupiscence’ : il est l’expression la plus haute de la beauté de la sexualité vécue dans la vérité où chaque personne prend soin de l’autre ‘comme de son propre corps’. Aucun des deux n’est un objet pour l’autre.

Demain 19 mars, nous fêtons saint Joseph, l’époux de la Vierge Marie. Le mois dernier, visitant une paroissienne très âgée, j’ai sursauté quand elle m’a dit ‘saint Joseph est un martyr’, un martyr de la chasteté. Pourquoi n’a-t-elle pas pensé la même chose de la Vierge Marie ? Pourquoi dans la chasteté d’un couple, l’homme serait-il la victime ? Drôle de vision de l’homme, et de la femme. Non, saint Joseph n’est pas un martyr : sa chasteté n’est pas une violence qui lui est faite. Elle n’empêche pas d’être heureux et Joseph était heureux avec Marie et Jésus. Comme quoi le grand âge n’est pas une garantie de sagesse. Et Joseph n’était pas vieux, mais profondément pieux. Il fut un exemple pour Jésus, et il l’est pour chacun de nous, dans le respect de son épouse et de l’enfant.

La chasteté permanente de saint Joseph a été un modèle pour Jésus dans son humanité. Cette chasteté permanente ne doit pas vous effrayer, mais au contraire vous rassurer : nous pouvons tous vivre partiellement ce que les Saints vivent complètement. Elle est l’expression de son amour : Joseph avait suffisamment d’amour pour être chaste et fidèle. Il préférait être chaste et avec Marie, plutôt que d’aller voir ailleurs.

C’est la question que chacun doit pouvoir se poser, quel que soit son état de vie, de la force respective de son amour et de ses désirs. Pour être fidèle à l’autre et à Dieu, il faut que l’amour soit plus fort que le désir.
« Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ».

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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