Vendredi Saint - 14 avril 2017

Jn 18,1-19,42

 

Dans un mois moins un jour, le samedi 13 mai, l’Eglise aura les yeux fixés sur Notre-Dame de Fatima au Portugal, où le Pape François se rendra pour célébrer le centenaire des apparitions de la Vierge Marie à trois enfants, François, Jacinthe et Lucie, dont vous savez qu’ils ont eu une vision de l’enfer.

Ce fut la 3ème apparition, le vendredi 13 juillet 1917 : la 1ère était un dimanche, la deuxième un mercredi – et ce fut donc un vendredi que la Vierge Marie, après leur avoir demandé : « Sacrifiez-vous pour les pécheurs », ouvrit les mains. « Le reflet de la lumière qui s’en dégageait parut pénétrer la terre. Les enfants virent comme un océan de feu, où étaient plongés les démons et les âmes des damnés ».

Ce n’est pas la peine de reprendre ici cette vision, alors que nous venons d’entendre le récit de la Passion. Vous pourrez la relire : elle est assez détaillée.
Les enfants levèrent les yeux vers Notre-Dame qui dit : « Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion de mon Cœur Immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix ».
Notre-Dame ajouta : « Quand vous réciterez le chapelet, dites après chaque Mystère : « Ô mon Jésus, Pardonnez-nous, Sauvez-nous du feu de l’enfer, Attirez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin » ».

C’est ce que nous demandons dans le Canon romain, la 1ère prière eucharistique, quand nous prions le Seigneur d’accepter notre offrande : « Assure toi-même la paix de notre vie, arrache-nous à la damnation et reçois-nous parmi tes élus ».

Durant le mois qui suivit, les trois enfants ne cessèrent de penser à la vision de l’enfer ; surtout Jacinthe, dont le caractère s’en trouva changé. Toutes les pénitences et mortifications lui semblaient insuffisantes pour arriver à préserver quelques âmes de l’enfer. « Il nous faut faire beaucoup de sacrifices, disait-elle, et prier beaucoup pour les pécheurs, afin que personne n’aille plus dans cette prison de feu, où l’on souffre tant ! ».

Pourquoi Dieu a-t-il voulu, pourquoi la Vierge Marie a-t-elle donné à ces trois enfants d’avoir cette vision terrible ?

Ne dites pas que l’époque permettait cela. En 1917, l’époque était dure mais elle n’était pas perverse comme aujourd’hui, et je pense à la profusion actuelle des films d’horreur en tous genres, à ces jeux et vidéos aussi violents que dégradants : quelle hypocrisie de s’indigner de la barbarie quand on en fait un spectacle et une industrie.

Pourquoi a-t-il été donné à ces enfants de voir l’enfer ?

Pour la même raison que nous avons pour la seconde fois cette semaine, après la messe des Rameaux, voire la troisième fois si l’on compte le Chemin de Croix, le récit de la Passion : pour prendre l’amour de Dieu au sérieux.

« Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse », dit Jésus (Mt 12, 30), ajoutant de façon significative la mention d’un péché impardonnable, le péché contre l’Esprit : « C’est pourquoi, je vous le dis : Tout péché, tout blasphème, sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas pardonné. Et si quelqu’un dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un parle contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné, ni en ce monde-ci, ni dans le monde à venir ».

Le pape Jean-Paul II a expliqué en quoi consiste ce péché impardonnable : le péché contre l’Esprit est le refus du pardon. Il faut l’entendre dans toute son ampleur : le refus du pardon, c’est le refus de la rédemption, le refus que Jésus soit le Sauveur.

Ce refus se manifeste tout au long de l’évangile, et va crescendo jusqu’à la Croix.

Je vous redis la prière de Fatima : « Ô mon Jésus, Pardonnez-nous, Sauvez-nous du feu de l’enfer, Attirez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin » ».

Pardonnez-nous : nous le demandons chaque fois que nous prions le Notre Père de nous pardonner nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous offensés, littéralement de nous « remettre nos dettes comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes » (Mt 6, 12-15).

« Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous.
Si nous reconnaissons nos péchés, Dieu qui est fidèle et juste va jusqu’à pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice.
Si nous disons que nous sommes sans péché, nous faisons de lui un menteur, et sa parole n’est pas en nous » (1 Jn 1, 8-10).

Nous allons à présent prier pour le monde, reprendre avec toute l’Eglise la grande prière du Vendredi saint, pour que se réalise la promesse du Salut : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ».

Donne-nous Seigneur, donne à tous les hommes de répondre à ton amour.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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