19ème dimanche du temps ordinaire - 12 aout 2018

Jn 6, 41-51

 

Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, dit Jésus, celui qui croit : celui qui croit que le Christ est le pain vivant, descendu du ciel. Qui mange de ce pain, vivra éternellement. Crois-tu cela ? Le crois-tu ? Jésus le demandera à Marthe, sœur de Lazare : « Je suis la résurrection. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu ? » (Jn 11, 25-26). Elle répondra : « Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde ».

Que faut-il pour croire en Dieu ?

Quelle serait, s’il n’y en avait qu’une, la qualité indispensable, fondamentale du croyant, dont la présence ou le manque serait la variable d’explication de la pratique religieuse, d’une personne à l’autre, d’un pays à l’autre, d’une époque à l’autre ?

J’ai longtemps considéré que nous étions Catholiques de France Champions du monde pour être passés en un siècle de 70% de pratique religieuse à 3%, jusqu’à ce que je découvre que c’est arrivé aux paysans qui constituaient 70% de la population française en 1900 et moins de 3% en 2000. Ça ne veut pas dire qu’il faut être paysan pour être pratiquant ! Tout au plus peut-être avoir le sens de la terre et du travail. Et la vocation de nourrir les autres ?

Que faut-il pour croire en Dieu ?

Un minimum d’humilité. Nous reconnaître issus de la terre et attachés à ce qui est terrestre, matériel, charnel, malgré un désir profond d’aller au Ciel, d’être enlevés dans les hauteurs, délivrés de toute pesanteur. Humbles et pauvres, nous te supplions Seigneur, que notre sacrifice en ce jour trouve grâce devant toi.

Le choix de Dieu de nous donner le Pain de Vie veut réconcilier ces deux réalités terrestre et spirituelle qui nous composent : nous sommes autant de la terre que du Ciel, et il nous faut un minimum d’humilité pour le reconnaître.

Un minimum d’humilité et un minimum d’intelligence pour ne pas confondre irrationnel et surnaturel : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? ». Rien n’est impossible à Dieu.

A trois jours de la fête de l’Assomption de la Vierge Marie, de l’entrée de l’humble servante trône de la sagesse dans la Gloire du Ciel, je vous propose que nous lui demandions son aide, elle qui sait, mieux que personne, que rien n’est impossible à Dieu. Demandons-lui pourquoi nous devons, plus encore que faire preuve d’humilité, accepter de nous humilier devant Dieu. Oui : nous humilier devant Dieu !

L’expression se trouve à deux reprises au moins dans le Nouveau Testament, dans la Lettre de saint Jacques : « Humiliez-vous devant le Seigneur, il vous élèvera » (Jc 4, 10), et dans la Lettre de saint Pierre : « Abaissez-vous sous la main puissante de Dieu, pour qu’il vous élève en temps voulu » (1 P 5, 6).
Remarquez dans les deux cas qu’il ne s’agit pas de s’humilier pour le plaisir mais pour que le Seigneur nous élève, aux deux sens d’éducation et de glorification. Qui s’abaisse sera élevé, qui s’élève sera abaissé (Lc 14, 11 et 18, 14). J’ai tendance à penser que c’est un des objectifs de l’éducation voire le critère de la bonne éducation : l’apprentissage de l’humilité. Ayez assez d’humilité dit saint Paul pour considérer les autres comme supérieurs à vous-mêmes (Ph 2, 3), et il explique : « que chacun ne soit pas préoccupé de ses seuls intérêts ; pensez aussi à ceux des autres ». Sachez les laisser passer avant ou devant.

L’Apôtre Pierre, marqué à vif par le lavement des pieds, utilise une magnifique expression : « l’humilité comme tenue de service » : « Je vous exhorte mes frères à prendre, les uns envers les autres, l’humilité comme tenue de service. En effet, Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce ».

Pourquoi faut-il s’humilier devant Dieu ?

Et j’insiste à nouveau : ‘devant Dieu’, pour que nous ne soyons pas comme l’épouse du roi David, Mikal, indignée de le voir danser et tournoyer devant l’arche du Seigneur. Dans son cœur, elle le méprisa. « Comme il s’est honoré aujourd’hui, le roi d’Israël ! Lui qui s’est découvert aux yeux des servantes de ses esclaves comme se découvrirait un homme de rien ! ». David répondit : « Devant le Seigneur, lui qui m’a choisi de préférence à ton père et à toute sa maison pour m’instituer chef sur Israël, sur le peuple du Seigneur, oui, je danserai devant le Seigneur. Je me déshonorerai encore plus que cela, et je serai abaissé à mes propres yeux, mais auprès des servantes dont tu parles, auprès d’elles je serai honoré » (2 S 6, 20-22).

Pourquoi faut-il s’humilier devant Dieu ?

Faut-il que nous ayons perdu le sens de Dieu pour que nous posions la question ! Le seul fait de poser cette question montre à quel point nous avons perdu le sens de Dieu.

C’est ce que le Seigneur répond à Job et ses amis : Que savez-vous de moi ? « Où étais-tu quand je fondai la terre ? Parle, si ton savoir est éclairé » (Jb 38, 4). Mieux encore : seriez-vous mon égal ?
« Qui est comme Dieu ? » est le nom de l’Archange saint Michel, chef du combat spirituel, du combat à mener contre l’orgueil, contre notre propre ego et contre le prince de ce monde, Satan. Ils sont trois, Michel « Qui est comme Dieu ? », Gabriel « Force de Dieu » et Raphaël « Dieu guérit », car il faut tenir les trois ensemble : l’incomparable grandeur de Dieu, la force du Bien et la guérison des pécheurs. Voilà pourquoi nous appelons le Pain du Ciel le Pain des Anges, en réalité des saints Archanges : humiliez-vous devant Dieu pour avoir la force et la guérison. Encore faut-il que nous ayons besoin de cette force et envie de cette guérison.

Lorsque, au début de la messe, nous confessons que nous avons péché « en pensée », il ne s’agit pas tant de pensées malveillantes ou impures, mauvaises sur le plan de la morale : pécher en pensée c’est perdre le sens de Dieu. Notre communion suppose les trois conditions : conscience de Dieu, besoin d’aide, et désir de sanctification.

Vierge Marie, donne-nous de reprendre ton Cantique d’action de grâce, de chanter avec toi les merveilles que le Seigneur fit pour nous : son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ; il disperse les superbes, il renverse les puissants. Il nous nourrit du Pain du Ciel pour que nous ayons la vie éternelle.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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