6ème dimanche de Pâques - 14 mai 2023

Jn 14, 15-21

 

Ils sont quatre à intervenir successivement, après le lavement des pieds et l’annonce par Jésus de la trahison de Judas et de l’imminence de sa Passion, quatre apôtres de Jésus : Thomas et Philippe que nous venons d’entendre, mais juste avant Simon-Pierre, et juste après Jude, pas Judas, l’autre qu’on appelle Thaddée.
Pierre, Thomas, Philippe et Jude incarnent les quatre vertus dont nous avons besoin face à un avenir critique, quatre appuis de notre humanité pour recevoir de Dieu la grâce de l’espérance.
« Soyez toujours prêts à rendre raison de l’espérance qui est en vous », dit lapôtre Pierre dans la 2ème lecture de ce dimanche, en ajoutant : « faites-le avec douceur et respect » (1 P 3, 15-18).Il serait absurde dannoncer lamour sans lamour.

Si le Christ est le chef de notre foi, son sujet et son objet, si le Christ est le centre de notre foi, l’Esprit-Saint peut être davantage associé à l’espérance. Pensons à la parole de saint Paul : « L’espérance ne déçoit pas puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5).

Qu’est-ce que l’espérance ?

Le dictionnaire dit que l’espérance est un sentiment de confiance qui porte à considérer que ce qu’on désire va se réaliser.

L’espérance est un sentiment de confiance. Comme la foi. C’est pourquoi Benoît XVI dit dans sa Lettre sur lEspérance que les deux mots sont quasiment interchangeables. Les trois vertus de foi, espérance et charité reposent toutes les trois sur la confiance. L’amour fait confiance,comme la foi et l’espérance.
La foi et l’espérance diffèrent dans leur temporalité : elles relèvent de temps différents, la foi se conjugue au présent, elle est une grâce de l’instant présent, sans cesse à renouveler, tandis que l’espérance croit en l’avenir. La charité, elle, est à temps et à contretemps (2 Tim 4, 2), dautant que toujours elle se souvient, que lamour de Dieu est premier. Que pouvons-nousdonner que nous navons reçu ? La gratitude fait partie intégrante de la charité.

L’espérance est tournée vers l’avenir en raison même de son désir : elle a confiance quil va se réaliser. Encore faut-il que ce désir existe ! Nous ne manquons pas tant d’espérance que de désir ! En particulier du désir de justice (je vous renvoie à mon homélie de dimanche dernier).

Désir de justice, condition du bonheur éternel, telle est la ‘grande espérance’ dont parle Benoît XVI : à grand désir, grande espérance !

Jai désiré dun grand désir, dit Jésus, manger cette Pâque avec vous (Lc 22, 15), pour nous laisser dans lEucharistie le chemin du Ciel. Le Curé dArs lavait bien compris dans sa promesse au premier paroissien quil avait rencontré : je te montrerai le chemin du Ciel dans le sacrement de lEucharistie.

Ce désir du Ciel dépend de notre amour pour Jésus et / ou de la présence lancinante en notre cœur de personnes disparues que nous espérons retrouver. Et plus notre amour pour Jésus grandit, plus nos chances augmentent de retrouver enfin ceux que nous avons aimés.

L’espérance a deux autres caractéristiques : dabord elle est communautaire, elle nous est commune et nous unit.

C’est la différence, sil faut en faire une, entre espoir et espérance : lespoir est personnel, en tout cas nintéresse pas forcément les autres, même quand il sagit de cessez-le-feu dans unconflit ou dun remède contre une maladie : vous voyez bien que tout le monde ne sy engage pas de la même façon
L’espérance, en revanche, est une nécessité vitale. La Lettre aux Hébreux la présente comme une ancre de l’âme (He 6, 19) : « Cette espérance, nous la tenons comme une ancre sûre et solide pour l’âme ; elle entre au-delà du rideau, dans le Sanctuaire où Jésus est entré pour nous en précurseur, pour l’éternité ». C’est ce que nous célèbrerons à l’Ascension.

Sa 2ème caractéristique est dêtre lumineuse ! Une flamme dans la nuit ! Elle a ce double lien à la Parole de Dieu, lumière sur notre route, et aux Saints et Saintes qui nous ont précédés, magnifiques témoins de lespérance. Voyez lexemple du cardinal FrançoisXavier Van Thuân, un modèle, qui écrivait emprisonné en 1980 : « On peut tout perdre matériellement, mais si Dieu reste, on a encore tout ».

Dieu est Amour.

La vie des Saints est la meilleure formation à l’espérance. Demandez-vous pour votre Sainte ou votre Saint préféré, quel était son grand désir : à quoi sest-il ou elle surtout attachée ? Par exemple, saint Yves, que nous fêterons vendredi, le 19 mai, au lendemain de lAscension, patron des avocats, un autre nom du Paraclet, le Défenseur, l’Esprit Saint, protecteur etconsolateur. Voyez comment saint Yves a brûlé damour pour le Christ, pour la justice,comment il sest fait proche des plus pauvres et des malheureux, comment il a cherché jusquau bout à imiter le Christ.

Méditez l’espérance de ceux qui vous ont précédés.

Et noubliez pas pas seulement de revenir, mais despérer et de désirer :

à grand désir, grande espérance !

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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