Fête du Saint Sacrement - 2 juin 2024

Mt 14, 12-16.22-26

 

Les évangiles de Matthieu, Marc et Luc relatent une seule montée de Jésus à Jérusalem, pour y être crucifié, alors que Jésus s’est rendu à Jérusalem au moins trois fois durant les trois années de sa vie publique comme le relate l’évangile de saint Jean. Et comme Jésus l’avait appris de ses parents : « Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque » (Lc 2, 41). Le fidèle pratiquant se rendait chaque sabbat à la synagogue et chaque année au Temple.
Chaque semaine et chaque année, ces deux mesures du temps correspondent à deux liturgies distinctes : la liturgie de la Parole à la synagogue et la liturgie du sacrifice au Temple. Les deux composent la Messe : 1ère partie, liturgie de la Parole, 2ème partie, liturgie du sacrifice de l’eucharistie.
On peut avoir la 1ère sans la 2ème, mais pas la 2ème sans la 1ère. La 1ère, la liturgie de la Parole est le passage obligé de tous les sacrements : pas de prière chrétienne sans écoute de la Parole de Dieu. Même le rituel de la confession prévoit qu’on commence par une Parole du Seigneur.

Chaque semaine et chaque année, ces deux mesures du temps composent les préceptes de l’Eglise d’aller chaque dimanche à la messe et de communier si on le peut à Pâques après s’être confessé. Chaque dimanche, chaque année.
Ces deux mesures du temps structurent et rythment notre vie, entre les pics de ce qui n’arrive qu’une seule fois, le baptême, la confirmation, l’ordination et le mariage, et le flux de tous les jours, que nous sommes invités à vivre sous le regard et dans la lumière de Dieu. Dieu est unique et cet instant l’est aussi. Goûtons-le !

« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Ce pain quotidien est la Parole de Dieu que nous lisons chaque jour et que nous venons écouter ensemble à la messe avec la plus grande attention, dans le silence et le recueillement.
Nous sommes une religion de la solennité.
Nulle part vous ne trouverez de telles célébrations marquées par la déférence envers Dieu, le silence de l’assemblée, avec un rituel, une liturgie si codifiée, des gestes et des paroles qui sont les mêmes toujours et partout dans le monde. C’est une grande force qui exprime l’humilité des croyants que nous sommes, une façon de dire : cela ne nous appartient pas ; nous en sommes les héritiers et les servants. Elle honore la grandeur de Dieu.

Le monde peut nous reprocher de manquer de légèreté et de fantaisie, pas seulement dans nos offices. La question est de savoir si c’est nous qui sommes coincés ou si c’est le sujet qui exige du sérieux, la vie qui est sacrée.

La gravité vient de nos manquements : nous sommes une religion de la solennité parce que nous sommes une religion du pardon, de la rédemption, ainsi que nous l’avons entendu dans la 2ème lecture : le Christ nous a obtenu par son sacrifice « une libération définitive » (He 9, 12), pour toujours.
C’est pourquoi nous parlons de guérison, de rémission des péchés, en disant à voix basse avant de communier : « Seigneur Jésus Christ, que cette communion à ton Corps et à ton Sang n’entraîne pour moi ni jugement ni condamnation ; mais que, par ta bonté, elle soutienne mon esprit et mon corps et me donne la guérison ».

La guérison !

Le Saint-Sacrement est un remède, le seul remède à nos blessures les plus profondes, à notre cœur malade (Jr 17, 9), sachant que son efficacité, comme de tout remède, dépend de notre fidélité.
Pour que la grâce de Dieu agisse en nous, il faut que nous soyons fidèles à sa Parole. Tant nous sommes une religion de la Parole, la Parole éternelle de l’amour de Dieu.

Nous sommes une religion de la solennité, nous sommes une religion de la guérison, et nous sommes une religion de la Parole, donnée par Dieu pour être gardée par l’homme : « Si quelqu’un m’aime, dit Jésus, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » (Jn 14, 23).

Quel honneur et quelle responsabilité !

Il dépend de notre écoute, de notre sérieux, de notre fidélité que nous puissions « trouver dans cette communion d’ici-bas la guérison pour la vie éternelle ».

Il dépend de nous que chaque messe du dimanche soit le début d’une vie nouvelle, chaque semaine, chaque année (pour se confesser).

Il dépend de nous que nous laissions la grâce de Dieu agir en nous, son Esprit nous guider de l’intérieur pour nous apprendre à aimer.

Même si nous ne pouvons pas recevoir le Corps du Christ, nous pouvons, baptisés ou non, recevoir sa Parole, accueillir son Esprit, adorer le Saint-Sacrement de la Parole incarnée !

Saint Augustin disait que la Vierge Marie a conçu son Fils dans la foi avant de le concevoir en sa chair.
Il en va semblablement pour nous : il nous faut accueillir sa Parole pour recevoir son Corps.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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