14ème dimanche du Temps Ordinaire - 9 juillet 2023

Mt 11, 25-30

 

Vous trouverez le repos pour votre âme. Pour définir l’âme humaine – qu’est-ce que l’âme ? l’Eglise (dans une note de 1979 que je vous ai déjà citée, de la Congrégation pour la doctrine de la foi, sur la vie éternelle et l’au-delà) n’a pas repris la trilogie classique depuis saint Augustin des trois facultés supérieures de l’esprit : l’intelligence, la mémoire, la volonté, signes de la présence de Dieu Trinité en nous.
Elle a préféré parler de conscience et de volonté : « l’Eglise affirme la survivance et la subsistance après la mort d’un élément spirituel, qui est doué de conscience et de volonté, en sorte que le ‘moi’ humain subsiste. Pour désigner cet élément, l’Eglise emploie le mot ‘âme’, consacré par l’usage de l’Ecriture et de la Tradition ».

Notre âme, créée immortelle, pour l’éternité, est douée de conscience et de volonté.

Qu’est-ce que ces deux approches : ‘intelligence, mémoire, volonté’ d’une part, et ‘conscience et volonté’ d’autre part, ont en commun ?
La volonté.
La volonté éclairée par l’intelligence, elle-même soutenue par la mémoire.
La volonté, condition de notre liberté, et de notre salut.

La mémoire sera sans objet lors de notre entrée dans la vie éternelle puisque toute notre vie sera dans la lumière. Nous aurons pleine conscience de nos actes, et c’est de nous-mêmes que nous demanderons à être purifiés de nos péchés. Non pas pardonnés : Dieu est miséricorde. Mais nous irons de nous-mêmes au Purgatoire pour obtenir, du Corps du Christ qui est l’Eglise, la réparation de nos péchés.

Nous ne pourrons pas nous réconcilier avec Dieu sans nous réconcilier aussi avec l’Eglise. Non pas l’Eglise telle qu’elle nous apparaît mais l’Eglise Corps du Christ, Temple de l’Esprit, l’Eglise que Jésus décrit en ces deux lignes de l’Evangile que nous venons d’entendre où chaque disciple porte le joug de l’autre.
Voilà ce qu’est l’Eglise et ce que nous avons à vivre en son sein : la fraternité des enfants de Dieu. Le Christ m’aide à porter mon fardeau pour que j’aide à mon tour mon frère à porter le sien. Et chaque fois que je garde pour moi une grâce de Dieu, que je la détourne à mon seul usage ou profit, elle s’annule ou disparaît.

Telle est l’exigence de Dieu, exigence de charité, exigence de fraternité, exigence d’humanité, sous peine de nous méprendre sur sa douceur.

Jésus, doux et humble de cœur, a mis la barre très haut : sur la Croix !

Jésus était sévère avec ses disciples quand ils discutaient entre eux de grandeur. Il était sévère avec les pharisiens qui étaient sans compassion ni pitié. Et ceux qui se plaignent qu’on soit plus sévère avec les tradis qu’avec les progressistes devraient se souvenir que Jésus montrait plus d’indulgence pour les pécheurs que pour les moralistes. N’est-il pas juste de montrer plus de sévérité à ceux qui la réclament ?

C’est une chose de voir avec qui Jésus était sévère, c’en est une autre de savoir sur quels sujets il est et sera intraitable. Et le premier, de toute évidence, est le respect de tout être humain, quel que soit son âge, son sexe et sa foi.

Le 2ème point (qui en réalité vient en premier) est l’adoration de Dieu, et l’écoute de sa Parole, la confiance en ses promesses.

Le premier appartient à l’ordre de la Création : Dieu a créé l’homme à son image, homme et femme il l’a créé, dans la différence des sexes, pour l’unité et la communion. Le deuxième est la condition du salut et relève de la Rédemption : Dieu sauvera ceux qui croiront en Lui, qui auront été fidèles à sa Parole, qui auront gardé ses commandements, et auront eux-mêmes été fidèles et tenu parole.

Ce sont les deux principes fondamentaux de la foi chrétienne : l’attention à toute personne, la charité, et la fidélité, le respect de la parole donnée, base de toute confiance.

Ces deux principes fondamentaux se rejoignent sur un 3ème point commun : le refus de tout mensonge.

C’est ce qui nous distingue des autres croyants, en particulier des musulmans pour qui il existe des motifs autorisés de mensonge, trois exceptions possibles au devoir de vérité, dont une est héritée de l’Ancien Testament : le cas de guerre, par nécessité. C’est ainsi par exemple dans le Livre des Juges qu’est obtenue la victoire sur l’ennemi promise par la prophétesse Déborah (Jg 4) : l’ennemi, le général Sisera trouve refuge dans la tente d’une femme dénommée Yaël qui le soigne et l’endort pour l’assassiner.
Les deux autres situations qui selon eux autoriseraient à mentir seraient la sortie d’un conflit et de faux compliments entre époux …

Pour nous, disciples du Christ, il n’est jamais permis de mentir, de dire un mensonge, de faire un mal, même pour obtenir un bien. Une fois qu’on a compris ça, apparaît de façon claire à qui Jésus veut faire connaître le Père : à celui qui aime et veut la vérité.

Ainsi s’expliquent les tribulations de l’Eglise, la crise actuelle des vocations, la faiblesse de sa présence dans le débat public : la santé d’une société se mesure à son exigence de vérité.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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