Sainte Marie Mère de Dieu - 1er janvier 2023

Lc 2, 16-21

 

Nous fêtons, en ce 1er jour de l’année civile, à la fin de l’Octave de la Nativité, le dogme de la Maternité divine de la Vierge Marie : elle est la Mère du Seigneur, la Mère de Dieu, elle a enfanté Celui qui l’a créée. Ce dogme est, comme tous les dogmes, historique et actuel : il a été formulé à un moment de l’histoire pour éclairer une vérité éternelle. Il faut donc toujours commencer, pour le comprendre, par le situer dans des débats et des dérives qui peuvent être récurrentes mais qui sont d’abord historiques, ce qui ne veut pas dire relatives : à chaque dogme, son époque.
Et on verra après si : à chaque époque, son dogme.

Ce dogme de la Maternité divine de Marie est le plus ancien des quatre dogmes concernant la Vierge Marie : il a été proclamé en 381 au Concile d’Ephèse, face à ceux qui contestaient la divinité de Jésus-Christ. Marie est la Mère de Dieu parce que son Fils Jésus est le Christ, le Fils unique du Père, Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu, de même substance que le Père. L’évangile rappelle qu’il avait « reçu le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception » : Celui qui lui a donné son nom c’est vraiment Dieu son Père.

Le 2ème dogme concernant Marie est sa maternité virginale, elle est Vierge avant et après être mère, Virgo prius ac posterius, suivant une très ancienne hymne mariale l’Alma Redemptoris Mater, littéralement Mère nourricière du Rédempteur, composée pour la fête de l’Annonciation. Sa virginité perpétuelle a été rappelée lors du dernier Concile, Vatican II, dans les années 60, conformément à une certitude solidement enracinée dès les premiers siècles. S’il fallait lui associer une époque, ce serait celle du saint diacre et pape Hormisdas, pape du 20 juillet 514 jusqu’à sa mort le 6 août 523, qui avait été marié avant de se consacrer au Seigneur, et père du pape Silvère : papes de père en fils ! Formidable Hormisdas dont Jean-Paul II lors d’une audience générale le 28 août 1996 citait cette phrase : « Le Fils de Dieu est devenu Fils de l’homme, né dans le temps à la façon d’un homme, ouvrant le sein de sa mère à sa naissance et, par la puissance de Dieu, n’enlevant pas la virginité de sa mère ».
A son époque, au 6ème siècle, l’Eglise est dans la tourmente, avec l’antipape Laurent, et des désordres et agitations qui sont moins doctrinales que morales, problèmes de mœurs et de corruption. Marie apparaît comme la Nouvelle Eve, l’épouse de l’Esprit. En elle, aucune ombre, aucune arrière-pensée, aucune frustration refoulée : je vous renvoie à mon homélie du 8 décembre, sur la pureté de sa conscience : elle est Vierge de corps et d’esprit.

Le 3ème dogme marial a mis le plus de temps, dogme de l’Immaculée conception de Marie, son exemption du péché originel « par une grâce venant déjà de la mort de son Fils ». En 1854, quatre ans avant l’apparition de Marie à Bernadette, il répond à l’explosion du rationalisme à la moitié du XIXème siècle, le siècle du positivisme et d’Auguste Comte qui avait prédit la disparition du Christianisme, et c’est la sienne que nous constatons.

Enfin, le 4ème dogme marial est le dogme de l’Assomption, proclamé en 1950, comme un rayon de lumière dans l’après-guerre et la tension des deux blocs, exhortation à l’Espérance à l’ère du nucléaire.

1er janvier, 25 mars, 8 décembre et 15 août, hiver, printemps, automne, été, ces quatre dogmes couvrent les saisons et on pourrait s’arrêter là, s’en satisfaire, sans chercher à les associer aux mystères du Rosaire, tant ils sont tous joyeux, glorieux et lumineux – lequel pourrait être qualifié de douloureux ? Tout au plus une paroissienne m’a-t-elle dit que l’Immaculée conception nous fait prendre conscience de tout ce qui, a contrario, nous fait souffrir intérieurement, divisions, frustrations, et mauvaises pensées.

N’aurions-nous pas besoin d’une nouvelle affirmation catégorique, d’un 5ème dogme marial, pour notre époque, face à la perte du sens de Dieu, du sacré, de toute gratitude envers Dieu ?

A chaque dogme son époque et à chaque époque son dogme ?

N’aurions-nous pas besoin de corriger notre attente à l’égard de Dieu ? Nous oublions de plus en plus que sa grâce, ses grâces nous sont données pour que nous nous tournions vers Lui, et non pour que nous nous confortions dans nos satisfactions et nos à-peu-près : que nous soyons à son service comme Marie est son humble servante, et non que nous demandions l’inverse, que Dieu soit ‘à notre service’, quelle horreur !

N’aurions-nous pas besoin de préciser de quelle façon Marie nous vient en aide, pour qu’à notre tour nous soyons au service de Dieu et de nos frères ? Les quatre dogmes définissent sa relation à Dieu : qu’en est-il de sa relation à nous ?

En pensant à celui régulièrement proposé de Marie Médiatrice, Marie médiatrice de grâces, et chaque fois rejeté car il y a un seul Médiateur, le Christ, nul ne va vers le Père sans passer par lui, je me disais que nous aurions besoin de mieux comprendre de quelle façon elle est notre mère, réellement maternelle, secours et consolatrice des affligés, par son lien à l’Esprit-Saint, le Consolateur. Elle est l’épouse de l’Esprit qui de fait remplit son cœur.

Marie est notre mère dans ce qu’elle attend et espère de nous : notre conversion ! La prière de l’Alma Redemptoris Materdonne à Marie ces deux titres céleste de ‘Porte du Ciel’ et terrestre d’ ‘Étoile de la Mer’ (pour que nous arrivions au terme de notre voyage) ajoutant : « Viens au secours de ton peuple qui tombe mais voudrait se relever ». Quelle mère n’aurait pas ce désir que ses enfants cherchent à changer, à prendre le bon chemin vers Dieu, dans la foi, l’espérance et la charité ?

Est-ce que nous prions la Vierge Marie de nous aider à nous relever ?

Vierge Marie, ton peuple qui tombe voudrait se relever !

En ce 1er janvier, journée mondiale de prière pour la paix, que la Vierge Marie, Reine de la Paix, nous aide à faire la paix avec Dieu et dans notre cœur.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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