27ème dimanche du temps ordinaire - 8 octobre 2023

Mt 21, 31-43

 

Il y a un mois, à la messe du dimanche 10 septembre, la prière d’ouverture disait (c’est un exemple parmi d’autres, beaucoup d’autres) :
Seigneur Dieu, par toi nous vient la rédemption, par toi nous est donnée l’adoption filiale ; dans ta bonté regarde avec amour tes enfants ; à ceux qui croient au Christ, accorde la vraie liberté et la vie éternelle en héritage.

L’adoption et l’héritage : l’adoption filiale et la vie éternelle en héritage sont deux notions essentielles de la vie chrétienne, qui font de nous des enfants de Dieu, comme le dit saint Paul dans la Lettre aux Galates : « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils » (Gal 4, 4).

Adoptés comme fils ! Nous ne sommes pas un peuple élu mais des enfants adoptifs.

Nous ne sommes pas un peuple ‘élu’ parce qu’il n’y a, en rigueur de terme, qu’un seul Elu, le Christ, le Fils unique de Dieu, ‘l’Héritier’.

Nous ne sommes pas un peuple ‘élu’ mais des enfants appelés à la liberté à l’égard du monde, appelés à être saints comme Dieu seul est Saint : « Tu es un peuple consacré au Seigneur ton Dieu : c’est toi qu’il a choisi pour être son peuple, son domaine particulier parmi tous les peuples de la terre » dit le Livre du Deutéronome qui explique : « ce n’est pas que vous soyez le plus grand de tous les peuples, car vous êtes le plus petit de tous. C’est par amour pour vous » (Dt 7, 8).

Par amour !

Et à ceux qui se laissent aimer par Dieu est donnée la vie éternelle, le bonheur en héritage.

Cela suppose que nous soyons au clair sur ce que cela implique, que nous débarrassions notre vision de l’héritage des histoires souvent sordides qui l’entourent, et que nous sachions de quoi nous héritons, positivement et négativement.

Dans l’avion de retour de son voyage en Mongolie début septembre, le Pape avait été interrogé sur ses déclarations sur la grande Mère Russie, son évocation de Pierre le Grand et Catherine II. Il avait rappelé le contexte de ses propos : un dialogue avec des jeunes russes. « A la fin de ce dialogue, je leur ai donné un message que je répète toujours : Prenez en charge votre héritage. Je répète la même chose partout. C’est avec cette vision que j’essaie de faire dialoguer les grands-parents et les petits-enfants : laissez les petits-enfants prendre en charge l’héritage ».

Cela nécessite de rendre cet héritage explicite : « J’ai parlé de la grande Russie parce que l’héritage russe est très bon, il est très beau. Pensez à la littérature, à la musique, jusqu’à un Dostoïevski qui nous parle aujourd’hui d’humanisme ; cet héritage a assumé cet humanisme, qui s’est développé, dans l’art et la littérature ».

« Ce que j’ai dit aux jeunes Russes, c’est de prendre en charge leur héritage, c’est-à-dire de ne pas l’acheter ailleurs. Assumer son propre héritage. La culture russe est d’une grande beauté, d’une très grande profondeur et elle ne devrait pas être effacée à cause de problèmes politiques ».

C’est vrai pour chacun de nous : assumons notre héritage ! Et nous Français notre héritage chrétien. Notre histoire, notre origine, tout ce dont nous héritons, qui fait notre identité et constitue la réalité de notre être, et notre chemin de sanctification et de divinisation.

Les sciences humaines ont un mot pour désigner l’inscription ineffaçable, indélébile, en chaque personne de caractères ancestraux : l’atavisme, l’héritage des générations antérieures (atavi en latin sont les aïeux), dont la réapparition est aussi étonnante qu’inéluctable. Une petite insolente que sa grand-mère trouvait insupportable lui avait répondu : ‘c’est par atavisme grand-mère’.

Je vous parlerai un jour d’un autre volet de notre être : le mimétisme. C’est par mimétisme que les peuples deviennent matérialistes et par atavisme qu’ils redeviennent croyants.

Que se passe-t-il en effet quand nous n’assumons pas notre héritage ? Ce qu’il se passe dans nos pays avec la peur du choc des migrations, attirées par des pays riches et vieux, sans identité ni religion, sans autre divinité que l’argent.

Dans la parabole de ce dimanche, ces vignerons s’imaginaient qu’en tuant l’héritier ils auraient l’héritage, de même que nos contemporains s’imaginent qu’en évacuant Dieu de leur vie, en faisant le vide intérieur, ils pourraient jouir de ses biens, puisque tout vient de Dieu.

Mais le Christ n’est pas seulement l’héritier : il est l’héritage !

Il est le Chemin, la vérité et la Vie ! La Résurrection et la Vie !

Par le Christ, nous sommes fils adoptifs de Dieu, adoptés par Dieu comme ses enfants.

Par le Christ, nous avons la vie éternelle en héritage ! (cf. Rm 8, 17).

L’adoption filiale : le bonheur en héritage.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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