Saint Pierre et saint Paul - 29 juin 2025

Mt 16, 13-19

J’ai été ordonné prêtre à Notre-Dame de Paris le 28 juin 2003, à 42 ans ce n’était plus une vocation tardive plutôt terminale, vivant témoignage de la patience de Dieu et de la nonchalance humaine : « Si Dieu est Dieu, suivez-le ! » (1 R 18, 21). Si Dieu vous appelle, ayez confiance, répondez, allez-y !
Suivant la coutume, la messe fut celle des saints Apôtres Pierre et Paul, les colonnes de l’Eglise comme les deux colonnes qui entourent ici le chœur, celle à côté de l’ambon des lectures avec le Christ en Croix, et sur l’autre, l’icône de Notre-Dame de Compassion.

La couleur liturgique de cette messe est le rouge de la Passion, des martyrs, de l’Esprit-Saint. C’est la couleur du Cœur de Jésus que nous avons fêté en blanc ce vendredi, le 3ème vendredi après la Pentecôte, et au lendemain, ce samedi, l’Eglise fête le Cœur immaculé de Marie.

Le Cœur sacré de Jésus et le Cœur immaculé de Marie !
Les deux cœurs unis de Jésus et de Marie.

Saint Jean Eudes († 1680) disait : « Qui voit Jésus voit Marie, qui aime Jésus aime Marie ». Avant que saint Louis-Marie Grignion de Monfort († 1716) indique dans son Traité de la vraie dévotion à la Vierge Marie comment aller à Jésus par Marie :  « Étant donné que Marie est la créature la plus conforme à Jésus-Christ, … plus une âme sera consacrée à Marie, plus elle sera consacrée à Jésus Christ ».

Même l’apôtre Pierre, à qui le Christ a confié son Eglise, avait besoin de la prière de Marie, a expliqué le Pape Léon, le lundi de la Pentecôte dédié à Marie Mère de l’Eglise : Pierre a beau être le premier des Apôtres, il est soutenu par Marie dans son ministère. « De même notre Mère l’Église soutient le ministère pétrinien des successeurs de Pierre par le charisme marial : c’est le pôle marial qui assure la fécondité et la sainteté du pôle pétrinien, par sa maternité, don du Christ et de l’Esprit ».

« Voici ta mère ».

En fêtant les deux Apôtres Pierre et Paul, nous devrions dire : Pierre et Paul, avec Marie.

Pour Pierre, cela se comprend aisément, de la leçon d’humilité qu’il a reçue, de son reniement et sa présomption : « si tous les autres t’abandonnent, moi je ne t’abandonnerai jamais » (Mt 26, 33). C’est l’Esprit-Saint et Marie qui l’a ensuite toujours rappelé à la prudence, à se souvenir de sa fragilité, et de l’infinie Miséricorde divine. Pierre, Simon-Pierre, « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes vraiment ? » (Jn 21, 15).
Au jour de la Pentecôte, Pierre était avec ses frères, « tous, d’un même cœur, assidus à la prière, avec Marie la mère de Jésus » (Ac 1, 14).

Pour Paul, c’est moins évident puisqu’il ne parle de Marie que dans une seule phrase de ses Lettres, dans la Lettre aux Galates : « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et faire de nous ses enfants d’adoption » (Gal 4, 4).
Son Fils, né d’une femme : Marie est la Mère de Dieu.
Marie, Mère de Dieu, Mère du Christ, Mère de l’Eglise est notre Mère.
Et que veut une mère, comme celle-ci, sinon l’unité entre nous ?

Ne faisons pas de Paul un misogyne comme ceux qui ignorent ses si nombreux collaborateurs et collaboratrices, des femmes comme Phébée, Tryphène et Tryphose, Persis, la mère de Rufus – dont saint Paul dit:  « sa mère, qui est aussi la mienne » ; sans oublier des époux comme Priscille et Aquilas.
N’en font un misogyne que ceux qui ignorent quelles épreuves il a traversées (2 Co 11, 23-30). Il n’a pas eu une vie facile pas plus que son caractère n’était facile : il s’est opposé à Pierre (Gal 2, 11) ; il s’est disputé avec Barnabé qui était venu le chercher pour faire de lui l’apôtre des Nations. Comme l’expliquait le Pape Benoît XVI (Audience du 31 janvier 2007) : « Entre les saints, il existe aussi des discordes, des controverses. C’est très réconfortant car nous voyons que les saints ne sont pas « tombés du ciel ». La sainteté ne consiste pas à ne jamais s’être trompé, à n’avoir jamais péché, mais dans la capacité de conversion, de repentir, et surtout dans la capacité de réconciliation et de pardon.
Et Paul, qui avait été plutôt sec et amer à l’égard de (saint) Marc, se retrouve ensuite avec lui. Ce n’est pas le fait de ne jamais se tromper, mais la capacité de réconciliation et de pardon qui nous rend saint. Et nous pouvons tous apprendre ce chemin de sainteté ».

Tous les Saints et Saintes de Dieu ont reconnu en Pierre l’homme choisi par le Christ pour être le chef de son Eglise ; en Paul l’apôtre des mystères tenus cachés depuis toujours dans le silence et désormais portés à la connaissance de toutes les nations pour les amener à l’obéissance de la foi (Rm 16, 26). Et en Marie notre Mère que le Christ nous a donnée et à qui il nous a confiés sur la Croix.

Lors de l’institution de la mémoire de Marie Mère de l’Eglise, le cardinal Sarah (alors Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin) écrivait que « si nous voulons grandir et être remplis de l’amour de Dieu, il faut planter notre vie sur ces trois grandes réalités : la Croix, l’Hostie et la Vierge – Crux, Hostia et Virgo… Ce sont trois mystères que Dieu a donnés au monde pour structurer, féconder, sanctifier notre vie intérieure et nous conduire vers Jésus ».

De cette vie intérieure, les saints Apôtres Pierre et Paul sont des modèles dans la façon dont ils nous ont fait connaître Jésus-Christ.

Pierre et Paul, avec Marie.

Père Christian Lancrey-Javal, curé

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