Jésus chasse les vendeurs du Temple à Jérusalem
- Cet épisode dans le vie terrestre et publique de Jésus nous montre tout son tempérament et ce qui l’anime.
La tradition parle ici de la sainte colère de Jésus. Ce n’est pas l’unique fois où Jésus se fâche. On garde à l’esprit par exemple lorsqu’il reprend les disciples afin qu’ils n’empêchent plus les enfants de l’approcher. On dit qu’il se fâcha.
Dans les deux cas de figure il ne peut être question que du même mystère, la présence divine toujours possible et dans les cœurs des enfants et par ailleurs dans le Temple de Jérusalem comme il se doit de l’alliance entre Dieu et son peuple. (cf l’arche d’Alliance)
« L’amour de ta maison fera mon tourment »
C’est bien ce dont il s’agit dans l’évangile de ce jour. Le temple ne doit pas devenir un repaire, une caverne de brigands.
Si Jésus dit, à ceux qui finalement vont le mettre à mort qu’ils ne peuvent pas rester dans le temple, c’est parce que les dons de Dieu sont inachetables, donc ils ne peuvent pas être vendus.
Dieu donne gratuitement. Ce don, c’est sa présence dans le Temple, c’est Jésus parmi les hommes : « Ma vie nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne »
L’amour de Dieu ne peut pas devenir une opportunité de gains au mépris de la prière qui lui est due. Le bon Dieu veut être aimé pour lui-même et non pas pour ce qu’il rapporte !
Ces vendeurs sont dans le temple parce que cela leur rapporte, mais pas pour prier, et de plus ils y sont au mépris de ceux qui prient.
Jésus tente de leur dire qu’ils détruisent le temple.
« Détruisez ce temple » !
- « Détruisez ce temple»
Jésus fait savoir aux vendeurs qu’ils font du tord au Temple par leur commerce.
Il ne lance pas seulement un défi. Il ne leur donne pas un ordre, ni une invitation, ni même une hypothèse, mais plutôt il leur signifie ce que leur comportement produit. On peut paraphraser leurs agissements de la sorte « Que vous le vouliez ou non, vous êtes en train de détruire le Temple »
En un mot « continuez à détruire, moi je relèverai !
A travers Jésus c’est Dieu qui menace d’agir car sa préférence c’est de planter, de bâtir, de semer…,d’arroser… de tailler.
Et comme c’est généralement le cas l’hostilité ici va aggraver le contresens. Jésus ne sera pas compris. Les disciples et les Apôtres eux-mêmes furent lents à comprendre.
Jésus annonce effectivement la disparition de la présence de Dieu dans le Temple l’épisode à venir du vendredi Saint, où, le rideau du Temple se déchira, concomitamment a sa crucifixion puis l’enfouissement du samedi saint, la résurrection, et enfin le relèvement du sanctuaire de son corps.
- La foi comporte deux niveaux:
Croire ʺàʺ, et croire ʺenʺ.
Croire ʺàʺ Dieu, c’est certainement percevoir qu’il peut tout. Mais la foi ne peut pas être simplement l’acceptation de l’autorité divine, la soumission brute de l’esprit face à Dieu.
La foi c’est surtout croire ʺenʺ Dieu ;
ʺCredere inʺ. C’est vouloir épouser son projet, rechercher sa volonté, lui faire plaisir le chérir, faire sa joie, accéder à lui par des actes et des gestes d’amour.
Comme écrit Etienne Gilson, un philosophe du 20ème siècle : « Sans doute pour croire en lui, il faut d’abord croire à lui, mais celui qui croit à lui, ne croit pas forcement en lui »
Par conséquent, nous devons croire à Dieu parce qu’il est fiable, mais il faut aussi s’engager en lui, si bien que nous voyons avec ses yeux, que nous pensons avec sa façon d’agir, de voir et de réagir proprement surnaturelle, tant nous avons plus confiance en Lui qu’en nous.
Ce n’est pas une foi quelconque que Dieu réclame, mais la foi qui opère par charité et qui demeure dans l’Eglise, qui adore et qui sert.
Croire en Jésus, aller au Christ, s’agréger à lui, être habité de sa présence, c’est s’abriter de la tristesse du découragement et des malheurs si nombreux, c’est se recevoir de l’Eglise, appartenir à un peuple saint, produire des fruits.
- Quelle image nous avons de l’Église ?
L’Eglise ne se rêve pas. Elle n’est pas une idée ou un projet humain et social organisé ou vertueux ni même idéal.
C’est l’Eglise du Christ. Il est venu fonder l’Eglise. Elle traverse les siècles.
Elle surgit et ne cesse de grandir. Elle n’est peut-être encore qu’à son commencement.
Elle est de la terre au Ciel.
- Pourquoi Jésus aime l’Église ?
C’est sa vie offerte et reçue, le peuple nourrit des sacrements et principalement l’eucharistie qui répond à Dieu le Père par Jésus en ces trois exclamations :
ʺGloria Alleluia Saint, et Magnificat. !!!ʺ
Ce que l’on perd, ce que l’on choisit, pour et avec Jésus, on le gagne toujours au centuple.
Nous recevons dans le don des sacrements force et vie, assistance et consolation, guérison et vitalité, miséricorde et paix.
Nous croyons par exemple manger et absorber l’eucharistie, mais en fait c’est l’eucharistie qui nous absorbe, qui donne offre une ʺcommunion – unionʺ avec Jésus et aussi entre nous, absolument indestructible car tout se tient grâce au ciment de l’humilité et du service de la charité venant de Jésus.
En nos âmes ainsi animées d’un esprit reçu des sacrements Jésus lui-même vient marcher à nos côtés, respirer avec nous, penser avec nous.
Le Christ, se repose et se réjouit, se console à nos prières parce que nous lui offrons la possibilité de les exaucer, nous sommes devenus le sanctuaire de Dieu. Il rayonne à travers nous. Nous sommes dans une sainte amitié avec lui, ses ambassadeurs.
C’est en cela que je vous ai dit précédemment que lorsque nous communion ce n’est pas nous qui absorbons la sainte hostie, mais c’est elle qui nous partage tout ce qu’elle est, qui nous nourrit qui nous comble, qui nous absorbe sans nous détruire mais en nous reliant les uns aux autres.
• Peuple nouveau
• Assemblée sainte et sanctifiée
• Nouveau Temple ou l’Esprit trouve sa joie et son allégresse
C’est ainsi que cela se passe lorsqu’on célèbre, par exemple un baptême et que la vie nouvelle jaillit dans l’âme du Nouveau-né. C’est alors que le Nouveau Temple se forme et grandit : l’Eglise elle-même.
La basilique St Jean de Latran et son baptistère sont pour cette raison à cause de la foi de Pierre notre Eglise mère, d’où nous sommes nés. C’est la cathédrale de l’évêque de Rome, l’évêque ferme dans la foi, Simon-Pierre.
L’Eglise est le temple nouveau qui ne cesse de croître sur terre jusqu’au Ciel.
Les Saints, les justes, les baptisés, nos défunts dans le Christ, constituent la société humaine sauvée et recrée par la miséricorde.
Assemblée parfaite et unie où la corruption de la Mort est anéantie. Les cœurs nouveaux se reçoivent les uns les autres dans une communion fraternelle de paix, de joie qui s’exprime à travers ces trois mots qui résonnent chaque dimanche dans une gratuité absolue : Gloria, Alleluia, Magnificat !
L’Eglise du Ciel, cette assemblée des ressuscités est effectivement déjà visible chaque dimanche à la messe. En chacune des liturgies dominicales on y aperçoit le peuple nouveau, bénissant et chantant, consolé et consolant, pardonné et pardonnant, criant dans une même foi un ʺAMENʺ sonore et ferme.
La présence du Christ Ressuscité les bénit.
Les fidèles présents ont su renoncer à tous travails, à tous commerces, à tous loisirs, pourtant bien nécessaires pour venir louer et remercier Dieu en son Fils Jésus Christ.
Tous les fidèles présents savent très bien que celle ou celui qui sert le Seigneur ne manquera d’aucun bien. Le dimanche jour de gratuité pour le Seigneur qui aime nous exaucer.
Père Jean-Pascal Duloisy, curé

