17ème dimanche dimanche du Temps Ordinaire - 27 juillet 2025

Lc 10, 38-42

  • « Jésus priait volontiers ».

Dans l’Évangile, Jésus passe régulièrement son temps à prier. Tôt le matin, sur la montagne, dans des endroits déserts ou à l’écart, il prie seul ou avec ses amis proches.

Pour Lui, la prière est une démarche essentielle de communion à son Père, dans l’Esprit Saint. Action de grâce ou remise de soi à la volonté divine, la prière de Jésus est toujours trinitaire. La relation entre le Père des Cieux et le Fils Eternel existait déjà avant que Jésus ne prenne chair. (Jn5,19-27).

Jésus n’est pas devenu le Fils de Dieu à sa naissance à Bethléem. Il l’a été de toute éternité. Il demeure le même hier, aujourd’hui et demain.

Jésus a enseigné que Lui et son Père ne font qu’un : « le Père et Moi, Nous sommes Un. » (Jn 10, 30). Le Père, le Fils et le Saint Esprit sont trois personnes mais non trois Dieux. Les personnes divines sont en communion. La Prière de Jésus manifeste sa dépendance à son Père, son souci de faire la joie du Père et d’accomplir le dessein bienveillant de son amour, le plan divin de la Rédemption. « Oui Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils Unique » (Jn 3, 16…)

Le projet de Dieu, c’est l’homme vivant appelé à partager sa gloire par le don de l’Esprit Saint. La prière de Jésus à son Père est l’expression de sa relation trinitaire ; relation de communion, de participation filiale à l’Amour trinitaire. C’est un exemple pur du dialogue adorateur à établir avec le Créateur, en agissant comme Jésus en enfants bien-aimés du Père.

De plus la force, la sagesse, le discernement, la science, la consolation nécessaires pour une vie terrestre victorieuse s’acquièrent en priant. Il y a de forte chance pour que notre vie valle ce que vaudra notre prière. Le temps donné à Dieu n’est jamais perdu. N’est-il pas écrit dans l’Évangile : « à celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance, à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a ». Celui ou celle qui prie se sentira davantage vivant ; celle ou celui qui ne prie pas, le peu de vie qu’il possède, il s’en verra dépossédée.
Prier est vital.

En effet il est aisé de perdre la « lumière intérieure » de l’âme pour finir par en arriver à appeler bien un bien, et inversement mal, un bien.

Il est large le chemin qui conduit par pur orgueil à devenir le maître exclusif de toute chose à partir d’un ressenti totalement subjectif. Il est grand le danger d’agir et de penser sans référence, ni gratitude à l’endroit du Créateur.

La prière nous évite tout cela ; elle nous protège de l’ingratitude, de l’orgueil, de la solitude dans les épreuves, tout en conservant un cœur infiniment paisible et généreux.

  • Le but général de la prière.

« Qu’elle ait pour but d’adorer Dieu, de le remercier, d’implorer son pardon ou de demander ses grâces ; qu’elle s’adresse à Dieu, à la Vierge Marie, aux Anges ou aux Saints, qu’elle soit soliloque ou colloque, c’est-à-dire monologue ou dialogue ; qu’elle soit vocale ou mentale, personnelle ou collective, la prière, la vraie prière, est toujours l’application attentive de l’âme au souvenir de Dieu et des œuvres merveilleuses de son Amour. ».

Dom Charles Massabki – « le Christ rencontre de deux Amours » (p. 941-chap. 17- Editions de la Source)

  • La prière, ce n’est pourtant pas si évident.

Parce que Dieu est si grand et que nous ne sommes que poussière, parce que nous sommes lents à croire, comment dialoguer avec Dieu de la manière la plus juste possible ?

Que faut-il Lui demander ? Quelle prière formuler et sur quel ton ? Avec précision ou grosso modo ? Comme dit Saint Basile, on peut ramener la prière à deux sortes différentes : celle qui consiste à glorifier avec humilité et celle qui consiste à demander (Saint Basile, Constitutions monastiques).

Glorifier au sens large.
C’est rendre gloire, proclamer les bontés du Seigneur, faire sa joie, suivre ses commandements, chanter ses louanges, célébrer sa justice, respecter la création, s’émerveiller de la beauté de ses œuvres.
Saint Basile écrit : « Prie en t’asseyant à table, lorsque tu prends ton pain, rends grâce à qui te le donne ; et si tu verses du vin pour réconforter ta faiblesse, souviens-toi de celui qui t’a fait ce présent pour la joie de ton cœur et le remède de tes maux. » (Jn Julittan, 3, 244).

– La prière de demande est nécessaire, elle doit rechercher ce qui est conforme aux desseins de Dieu. Saint Paul nous dit que c’est l’Esprit Saint qui nous fait deviner les vouloirs de Dieu et nous apprend à formuler nos demandes : « L’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas quoi demander pour prier comme il faut. ».
D’une certaine façon, la prière de demande nous donne l’occasion de mettre notre volonté en conformité avec celle de Dieu, dans le oui de l’amour à l’Amour. C’est un « oui » qui fait grandir.

  • Prier les saints.

C’est leur donner l’occasion de nous aimer, de nous secourir puisqu’au Ciel cela fait partie de leur bonheur. Le Ciel n’est que charité. Les saints ne prient pas pour nous au même titre que le Christ. Ils ne prient pas en leur nom. Ils prient comme nous et ne peuvent rien espérer que par le Christ. Seul Jésus est médiateur, Lui seul s’entremet pour nous devant Dieu en la Sainte Trinité.

Conclusion.

L’Evangile et la liturgie de ce jour nous enseignent la puissance de la prière plus que jamais nécessaire aujourd’hui.

C’est d’abord un voyage spirituel qui nous rapproche de Dieu avec confiance et amour. Confiance et amour sont les deux mots qui expriment le mieux l’attitude intérieure de la personne en prière, qui considère Dieu comme un « père » et qui sait que Jésus nous a aimés en premier, alors que nous étions encore incapables de l’aimer. Jésus est notre meilleur ami. « La prière demeure un élan du cœur, simple regard jeté vers le Ciel ; c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve, comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus. » (Sainte Thérèse de Lisieux).

La prière n’est pas un rite mais finit par devenir l’activité spontanée de notre être, un jaillissement, une respiration spirituelle.

« Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits. » (Ps 102, 2)(Antienne de communion – 7èmè du temps ordinaire)

Père Jean-Pascal Duloisy, curé

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