La foi est un don, c’est aussi une responsabilité tout en restant des serviteurs inutiles

27ème dimanche du Temps Ordinaire - 5 octobre 2025

Lc 17, 5-10

La foi est le sujet principal de l’Évangile de ce dimanche. La foi peut se définir de bien des façons et sous différents aspects selon qu’on étudie dans l’ancien Testament, les Évangiles, les écrits apostoliques et dans la vie de l’Eglise.

D’une manière générale on peut se dire que « la foi est un assentiment qui s’appuie sur la parole de Dieu, donc sur l’autorité divine (1 Thes 2,13) et non sur la claire vision (2 Cor 5,7).

Par-là, la foi s’apparente à l’espérance (Rom 8,24) avec laquelle elle est souvent mise en rapport. Car si la foi est l’acceptation de la parole de Dieu qui contient des promesses, elle inclut nécessairement la confiance et l’espérance en Dieu.

La foi est en outre, un acte de volonté, car elle est aussi une obéissance à la bonne nouvelle du Salut (Rom 10, 1§ Ae 6, 7- Rom 1,5, 10.26, 2 Cor 10,5), c’est-à-dire l’obéissance de la foi, l’obéissance qui consiste à croire.

Elle comporte aussi la charité active, car pour les chrétiens, ni circoncision, ni incirconcision ne compte, mais seulement la foi opérant la charité (Gal 5,6, 1 Cor 7,19, Gal 6,8-10, Jac 2,17)

La foi est donc libre abandon de tout homme à Dieu et au Christ. C’est aussi une grâce de Dieu que l’on reçoit au baptême. La foi peut aussi être un charisme, mais il s’agit alors de la foi qui transporte les montagnes, c’est-à-dire la confiance surnaturelle par laquelle on est capable d’accomplir de grandes choses, même des miracles.

La foi doit favoriser l’éclosion de bonnes œuvres, tout en sachant que les mauvaises actions lui font obstacle ; surtout l’orgueil et la vanité. La foi est donc aussi bien l’œuvre de la bonne volonté que de l’intelligence. Elle dépend pour une bonne part des dispositions morales des personnes.

La foi ne se perd pas donc comme cela, en se réveillant un beau matin, étant devenu subitement non croyant. Il y a dans cette perte indubitablement une responsabilité des personnes concernées, qui d’ailleurs réfuteront leur responsabilité en accusant moultes institutions, les autres, les familles, les croisades, etc.

On peut résumer cette réflexion par une phrase : la foi est un don, la perdre est une responsabilité.

Lorsque Jésus déclare que nous sommes de simples serviteurs, ou des serviteurs inutiles, relisons ce qu’écrit Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face : « Quand j’aurais accompli toutes les œuvres de l’apôtre Saint Paul, je me croirais encore ‘serviteur inutile’, je trouverais que j’ai les mains vides ; mais c’est justement ce qui fait ma joie, car n’ayant rien, je recevrais tout du bon Dieu ».

C’est la foi qui permet de percevoir que l’on est insolvable, sans mérite devant Dieu et que par sa générosité on reçoit tout, y compris l’aptitude d’un cœur généreux, disponible, bienveillant.

Oui nous sommes « des serviteurs inutiles espérant toutefois que le bon Dieu nous donnera par grâce tout ce que nous désirons ».

« Si vous ne ressemblez pas à un petit enfant, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. »

Très intéressante cette information. Nous ne devons évidemment pas redevenir bébé ou enfantin pour recevoir la joie de vivre en paradis, mais nous sommes invités à nous laisser combler par Dieu, comme un père, une mère le fait pour son enfant.
L’enfant attend et reçoit tout sans pouvoir donner de retour car l’enfant ne possède rien en propre si c’est offrir sa confiance et aimer en retour.

C’est la petite vie spirituelle de Saint Thérèse de Lisieux. Les enfants attendent tout de leurs parents et finalement le reçoivent dans la mesure où leurs parents sont dignes de l’amour de leurs enfants. C’est pareil avec notre Seigneur. L’âme reçoit ce qu’elle attend de Dieu et l’obtient par la foi.

Ce n’est pas pour les bénéfices qu’on espère recevoir que l’on fait confiance à Dieu ou que l’on choisit de l’aimer pour lui-même. Lorsque le bon Dieu nous voit les mains vides, il nous donne par grâce tout ce que nous désirons et bien au-delà.

Ces paroles de Sainte Thérèse sont éloquentes :
«  En Toi j’ai mis ma confiance, ô Dieu très saint, Toi seul es mon espérance et mon soutien, j’ai foi en toi ô très très saint, c’est pourquoi je ne crains rien, j’ai foi en toi ô très très saint. »

La foi chasse la peur, l’humilité protège de toutes sortes de pressions extérieures.

Plus nous découvrirons et reconnaîtrons que Dieu fait tout et que nous pouvons peu de choses, plus Jésus nous portera. L’ascenseur qui doit nous mener jusqu’au sommet de l’amour, ce sont les bras de Jésus, écrivait Sainte Thérèse.
Elle écrivait encore :
« Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. Je veux donc me revêtir de votre propre justice, de vos propres mérites … Je ne veux point d’autre trône et d’autre couronne que Vous, ô mon bien-aimé ».

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus n’approuve pas le traitement abusif et arbitraire du maître, mais il veut rappeler à ses auditeurs quelle doit être la disposition fondamentale de toute créature face à son créateur : Tout ce que nous sommes, ce que nous possédons, absolument dans notre existence procède de l’infinie générosité de Dieu. L’homme reste débiteur à l’égard de Dieu, quoiqu’il fasse à son service, ses actes seront toujours pâle réponse aux libéralités divines. La vanité de la créature face à Dieu n’a aucun sens.

Ce que la foi nous apportera si nous avons la grâce, c’est de percevoir qu’au service, pourtant indispensable de Dieu, nous sommes tous des serviteurs inutiles. Cette vive conscience loin de nous faire baisser les bras, nous encourage à n’agir que sous la motion de l’Esprit Saint qui donne la valeur à nos actes et qui assure leur efficacité :
Serviteurs inutiles, oui ! mais du Bon Dieu qui veut passer par nous et entre nos mains pour annoncer son salut dans le monde.

Père Jean-Pascal Duloisy, curé

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