Le Livre des Actes des Apôtres raconte l’arrivée de Paul à Éphèse où il rencontre de récents convertis à qui il demande : « Lorsque vous êtes devenus croyants, avez-vous reçu l’Esprit Saint ? ». Ils répondent : « Nous n’avons même pas entendu dire qu’il y a un Esprit Saint » (Ac 19, 3) ! Nous, nous savons qu’il y a un Esprit Saint ; mais l’avons-nous vraiment reçu ?
Que signifie être ‘inspirés’ par l’Esprit de Dieu, vivre de son Esprit-Saint, être le Temple de l’Esprit-Saint ? Comment savoir si l’Esprit de Dieu a fait en nous sa demeure ?
Les théologiens parlent d’inhabitation divine pour désigner cette présence de Dieu en nous. Une figure majeure historique de cette attention à l’action intérieure de l’Esprit-Saint est sainte Thérèse d’Avila : elle marqua ainsi, à l’époque de la Contre-Réforme, au 16ème siècle, le renouveau spirituel de l’Eglise en Espagne, qui s’étendit en France au siècle suivant avec l’école française de spiritualité. Dont le Pape Léon a salué en saint Jean Eudes un des meilleurs représentants, rappelant qu’il fut canonisé le 31 mai 1925 en même temps que le Curé d’Ars, 15 jours après sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus (le 17 mai 1925).
Ces Saintes et ces Saints vivaient de l’Esprit-Saint grâce aux sacrements de l’Eglise !
Ils avaient été baptisés, et leur baptême, leur confirmation et leur fidélité à la communion avaient permis qu’agisse en eux ce souffle que tout être humain reçoit à sa conception, quelles que soient son origine, sa culture, sa tradition.
Qu’est-ce qu’un être humain ? C’est une personne que Dieu a voulue pour elle-même, qu’il a créée par amour en insufflant en elle son Esprit, la laissant libre de répondre à son amour, de le reconnaître comme « mon Seigneur et mon Dieu ! », de s’unir à lui ou de le rejeter.
Cette union ou ce rejet sera à notre mort définitif. Et jusqu’au dernier instant du dernier jour, ce n’est acquis ou perdu pour personne !
Toute notre vie se passe à se rapprocher de Dieu ou à s’éloigner de lui, pour des raisons dont Dieu seul est Juge.
C’est la seule chose que nous pouvons dire à ceux qui veulent décider de leur mort et à tous ceux qui trouvent ça bien : prenez garde ! Dieu « n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Lc 20, 38. Mc 12, 27). La mort est un passage.
A quoi ça sert de prier ? lui ont demandé les petits-enfants d’une fidèle paroissienne. A vivre de la vie éternelle qui resplendit en nous par notre baptême !
« Arrache-nous à la damnation » est à cet égard la prière la plus explicite de la Messe, dans la 1ère prière eucharistique, le Canon romain.
L’Esprit Saint est un Esprit de Vie : il est Seigneur et il donne la vie bienheureuse éternelle. Tout être humain vivra éternellement : auprès de Dieu, avec le Christ, au paradis, ou en enfer.
On peut être chrétien de titre, sans vivre de l’Esprit. On peut se réclamer des valeurs chrétiennes, les revendiquer, les admirer de loin, sans les mettre en pratique.
La Lettre de saint Jacques le dit : « Montre-moi ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi » (Jc 2, 8).
Le Pape Léon m’ayant fait penser au Pape Paul VI par la clarté et la limpidité de son style, j’ai relu des textes de Paul VI et je suis tombé sur son Audience du 18 septembre 1974 où il posait cette question : « L’Eglise, de qui a-t-elle besoin aujourd’hui ? ».
Evidemment « elle a besoin de saints.
La sainteté est une synthèse de grâce et de vertu, de richesse intérieure et d’intense activité extérieure », qui revêt des formes variées … Et puis, pour aller plus loin, Paul VI disait : « L’Eglise a besoin d’hommes forts », de personnalités fortes, hommes ou femmes : fortes c’est-à-dire fidèles et fiables. Honnêtes et droites.
« Comment pourrait-on concevoir un fidèle mou, indolent, amoureux de la vie facile, sans risque, vide d’énergie morale, dépourvu de tout esprit de sacrifice ? Un chrétien doit être, par définition, spécialement s’il est marqué du sacrement de la Confirmation, un homme fort ! ».
L’expression est comparable à celle de « l’homme nouveau » dont parle saint Paul (Eph 4, 24), et Paul VI citait cette parole de saint Paul : « Je peux tout en celui qui me donne la force » (Ph 4, 13) : « c’est là le secret de cet esprit de sacrifice, de courage, de résistance dont l’Eglise a besoin aujourd’hui ».
La force du Christ est le don du baptême. Elle est au centre des sept dons de l’Esprit-Saint. Elle est la force de la vérité : « Débarrassez-vous du mensonge et dites la vérité … Ne donnez pas prise au diable » (Eph 4, 25. 27). Partout où il y a du péché, il y a du mensonge.
Le Christ est la Vérité et l’Esprit-Saint est l’Esprit de vérité, nous l’entendrons dimanche prochain pour la fête de la Sainte Trinité : « Quand viendra l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière » (Jn 16, 13).
Posons-nous la question de savoir si nous vivons dans la vérité, en accord avec notre foi, en cohérence avec nos valeurs, si nous refusons ce qui est faux et mensonger.
Saint Paul, exhortant les disciples du Christ à ne pas former « d’attelage mal assorti avec des non-croyants », demande « quel point commun, quelle communion il pourrait y avoir entre la lumière avec les ténèbres ? » (2 Co 6, 14).
« Quel accord du Christ avec Satan ? ». Le nom qu’il utilise est Bélial : « Quel accord peut-il y avoir entre le Christ et Bélial ? ». Ce terme signifie ‘sans valeur’, sans foi ni loi.
Quand on vit avec des menteurs, on devient comme eux.
Quand on vit avec le Christ, on prie et on se laisse guider par l’Esprit-Saint, l’Esprit de Vérité, le Défenseur, qui nous garde du Malin, et nous garde fidèles à Dieu.
L’Esprit-Saint nous fait passer des valeurs aux vertus, de l’humanité à la sainteté.
Père Christian Lancrey-Javal, curé
Vous avez la possibilité de recevoir les homélies du Père Lancrey-Javal en remplissant ce formulaire