Les textes de la liturgie de ce dimanche traitent du bon usage de la richesse car l’amour de l’argent durcit le cœur. Jésus s’adresse aux disciples avec en arrière fond les pharisiens pour cible. La question de l’argent est traitée ici dans la perspective du jugement dernier, c’est-à-dire des rapports entre le sort temporel et le sort éternel de chacun. C’est une question d’avenir quant au bon usage des biens et des richesses naturelles. Aujourd’hui, Jésus ne se soucie pas de condamner la malhonnêteté de l’intendant ; il ne souligne que sa clairvoyance pour assurer son avenir : cet homme a compris que le temps presse, et que les amis durent plus que l’argent.
Nous sommes invités à considérer l’argent non pas comme une fin en soi, mais plutôt comme un moyen.
Il est primordial d’enlever à l’argent cette auréole de bien suprême, le trésor qui permet de tout s’offrir.
Nombreux sont celles et ceux qui pensent que l’argent bien investi est le moyen d’assurer à coup sûr leur existence et leur avenir. Au contraire, Jésus nous dit de le dépenser et de l’échanger contre un bien plus précieux.
L’argent n’est pas une mauvaise chose en soi pourvu que nous nous en servions comme d’un moyen qui facilite les échanges et pour répandre la vie. Il n’empêche que Jésus l’appelle injuste, pour ne pas dire maudit parce que l’argent n’est pas le vrai bien, il ne nous rend pas juste – c’est-à-dire tel que Dieu nous veut.
L’amour de l’argent durcit le cœur de l’homme, le ferme à la peine des autres et lui fait souvent commettre des injustices dont frères et proches sont toujours victimes.
Qu’as-tu fait de ton frère ? L’argent nous permet de répondre efficacement à cette question. De plus, il est impossible d’amasser de l’argent sans finir par manquer de confiance envers notre Père du ciel.
L’argent est une chose que l’on acquiert et que l’on perd ; il ne peut pas s’intégrer à notre personne : « JE SUIS » millionnaire. Il ne fait pas partie des biens qui sont vraiment les nôtres pour nous donner une quelconque assurance. Notre assurance, c’est la Providence. Cette sagesse des Evangiles n’est pas une nouveauté. La richesse est un voile qui couvre bien des plaies (dicton grec) ou encore cette citation : « Riche homme ne sait qui lui est ami ».
L’argent comblera ton bonheur lorsque tu auras le sentiment de l’avoir partagé avec les plus démunis que tu croiseras sur ton chemin.
En politique, c’est pareil. Benoit XVI, lors de sa grande tournée en Afrique disait : on ne peut pas résoudre le problème du sida seulement avec de l’argent, même si celui-ci est nécessaire. Si l’âme n’est pas impliquée, si l’être humain n’apporte pas son aide en prenant ses responsabilités, on ne peut pourra pas venir à bout de ce grave problème seulement en distribuant des préservatifs, et c’est pareil pour beaucoup d’autre sujets, comme dans le monde éducatif, dans le monde carcéral, celui de la santé, même dans le balayage des trottoirs ! Ce n’est pas votant des crédits pour augmenter le nombre des cendriers qu’on règlera le problème des mégots dans les rues. Ce n’est pas en augmentant le nombre de radars qu’on résoudra le problème de la mort de tant d’innocents sur les routes. Si l’âme n’est pas impliquée, rien ne se résout.
Dès maintenant, en ce monde, que l’argent nous serve et non pas l’inverse. Comme dit la sagesse populaire : « il ne l’emportera pas au paradis ».
Par cette parabole, Jésus loue la sagesse de l’intendant, qui prépare le temps d’après son renvoi.
« Eh bien moi je vous le dis : faites-vous des amis avec de l’argent malhonnête ou de l’argent inique ». Il y a avec l’argent un savoir-faire. Comment se servir de l’argent ? On y voit généralement une invitation à l’aumône, qui est en effet le moyen le plus simple, mais ce n’est pas dit dans cet Evangile. Jésus oriente plutôt ses auditeurs de façon très générale à réfléchir au bon usage de l’argent qui est « de servir et non d’être servi ».
Conclusion :
Ceux qui aiment l’argent risquent de chercher Jésus sans le trouver. C’est une loi spirituelle, car « on ne peut pas servir deux maîtres à la fois ». Perdre de l’argent, c’est compromettre son présent ici-bas, perdre Jésus c’est perdre son présent ET son avenir.
Moi qui ai longtemps habité en face du Père Lachaise, je me suis souvent demandé : « leur but, était-ce vraiment d’être les plus riches du cimetière ? ».
Père Jean-Pascal Duloisy, curé