28ème Dimanche du Temps Ordinaire - 13 octobre 2013

Lc 17, 11-19

Il faut comprendre le sens de la consécration du monde au Cœur immaculé de Marie que le Pape François a décidé de renouveler en ce 13 octobre, jour de la dernière apparition de la Vierge à Fatima, le 13 octobre 1917.
Il s’agit d’éviter que la parabole de ce dimanche ne devienne une terrible prophétie du petit nombre de sauvés, comme le dit Jésus lui-même : « Certes, la multitude des hommes est appelée mais les élus sont peu nombreux » (Mt 22, 14).
Nous nous rassurons en voyant pire que nous. Et nous nous disons en nous-mêmes : ‘ça va. Il y a pire que moi’.

Cette parabole ne dit pas que les neuf autres, qui ne sont pas revenus à Dieu, n’ont pas été sauvés, mais nous devons examiner cette possibilité qu’il puisse y avoir au final plus de monde en enfer qu’au paradis. Acceptons d’examiner cette possibilité avec tremblement et grande épouvante, en écoutant sœur Lucie raconter ce qu’elle a vécu et parler des deux autres petits voyants, ses cousins Jacinthe et François, béatifiés le 13 mai 2000. Ces enfants ont assumé leur responsabilité et leur implication dans le salut des pécheurs.

Le 1er mémoire rédigé par Lucie montre le climat de dévotion dans lequel ces enfants étaient élevés. Un des premiers souvenirs a trait à la sévérité avec laquelle la maman de Lucie reprit un jour un des enfants qui avait « dit quelques paroles indécentes ». Je vous demandais il y a deux dimanches de ne pas séparer la Bonté de Dieu de sa Pureté : Dieu est aussi pur qu’il est bon, et nul ne peut s’approcher de sa bonté en offensant sa pureté.
Est admirable le sérieux avec lequel ces enfants ont entendu les paroles de l’Ange puis de la Vierge, et ils ont fait des sacrifices pour la conversion des pécheurs. Lucie raconte comment ils se forçaient à toutes sortes d’obligations et de privations, donnant leur goûter à d’autres enfants, s’abstenant de manger de belles figues appétissantes : « Jacinthe répétait fréquemment ces sacrifices, mais je ne peux continuer à tous les raconter, sans quoi je ne terminerai jamais ».
Enfin, il faut souligner la résistance et même l’opposition que ces enfants ont rencontrées, car il ne faut pas penser que c’était moins dérangeant à l’époque qu’aujourd’hui.

Dans le 2ème mémoire, écrit en 1937, Lucie a trente ans, elle revient, toujours à la demande de la hiérarchie catholique, sur son enfance, et elle parle de sa 1ère communion : « Dès que le prêtre eut posé sur mes lèvres la divine Hostie, je ressentis une sérénité et une paix inaltérables. Je me sentis envahie par une atmosphère tellement surnaturelle que la présence de notre bon Dieu me devint aussi sensible que si je Le voyais et L’entendais avec mes sens corporels : « Seigneur, faites de moi une sainte, conservez mon cœur toujours pur pour Vous seul ! ». Il me sembla alors que le Bon Dieu me dit au plus profond de mon cœur ces paroles très distinctes : « La grâce qui t’est donnée aujourd’hui demeurera vivante dans ton âme et y produira des fruits de vie éternelle ».

Dans le 3ème mémoire, Lucie raconte que la vision de l’enfer avait horrifié Jacinthe (davantage que François) « à tel point que toutes les pénitences et les mortifications lui semblaient être insuffisantes pour arriver à préserver quelques âmes de l’enfer ».

Un peu plus loin on lit : « Certaines personnes, même pieuses, n’aiment pas parler aux enfants de l’enfer, afin de ne pas les effrayer. Mais Dieu n’a pas hésité à le montrer à trois enfants, dont l’une avait à peine six ans et il savait bien qu’elle en serait horrifiée, au point de se consumer de frayeur, j’ose le dire ».

Je conçois qu’il est dérangeant d’entendre que de l’acceptation de nos souffrances peut dépendre le salut de nos frères. Mais quand Jésus dit qu’il faut prendre sa croix pour marcher à sa suite, que dit-il d’autre ?

La 3ème partie du secret de Fatima a été rendue publique en l’an 2000, accompagnée, à la demande du Pape Jean-Paul II, d’un commentaire du cardinal Ratzinger au nom de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, sur la nature et la portée de ces ‘révélations privées’, dont le rôle n’est pas « de compléter la Révélation définitive du Christ mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’Histoire » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n. 67).
On y lit ceci : « La parole prophétique est un avertissement ou encore une consolation, ou même les deux à la fois ».
Elle est un avertissement, qui respecte la liberté de l’homme : « l’image que les enfants ont vue n’est nullement une anticipation de l’avenir, auquel rien ne pourrait être changé. Toute cette vision se produit en réalité seulement pour faire apparaître la liberté et pour l’orienter dans une direction positive. Le sens de la vision n’est donc pas de montrer un film sur l’avenir irrémédiablement figé. Son sens est exactement opposé, à savoir mobiliser les forces pour tout changer en bien ».
Rappelez-vous la réponse de Jésus aux gens qui l’interrogent sur des drames effroyables : « si vous ne vous convertissez pas, vous périrez de la même manière » (Lc 13, 1-9).

Dans l’homélie de la messe qu’il célébrait le 13 mai 2010 sur l’esplanade du sanctuaire de Fatima, Benoît XVI disait que « celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est achevée se tromperait. (…) Dans l’Écriture Sainte, il apparaît fréquemment que Dieu est à la recherche des justes pour sauver la cité des hommes et il en est de même ici, à Fatima, quand Notre Dame (reprenant la demande déjà présentée l’année précédente par l’Ange) demande : « Voulez-vous vous offrir à Dieu pour prendre sur vous toutes les souffrances qu’il voudra vous envoyer, en réparation des péchés par lesquels il est offensé, et en intercession pour la conversion des pécheurs ? »

La parole prophétique est un avertissement ou une consolation, ou les deux à la fois : « Un jour, raconte Lucie, François me dit : J’ai beaucoup aimé voir l’ange, mais j’ai aimé encore davantage Notre Dame. Ce que j’ai le plus aimé, ce fut de voir Notre Seigneur dans cette lumière que Notre Dame nous a mise dans la poitrine. J’aime tellement Dieu ! Mais Lui, il est si triste à cause de tant de péchés ! Nous, nous ne devons jamais en faire aucun. »

Lucie écrit (dans le Secret de Fatima) qu’après la vision de l’enfer, « nous levâmes les yeux vers Notre Dame, qui nous dit avec bonté et tristesse : ‘Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes seront sauvées et on aura la paix’ ».

Qu’a-t-elle dit alors ? Finalement rien d’autre que ce qu’on lit dans l’évangile de saint Jean, dans la scène des Noces de Cana, quand Marie dit aux servants qu’elle envoie à Jésus : « Faites tout ce qu’il vous dira ».

Père Christian Lancrey-Javal,
curé

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