Toussaint - 1er novembre 2013

Mt 5, 1-12

La Sainteté n’appartient qu’à Dieu. Lui seul est Saint, et il est même trois fois Saint, comme nous l’acclamons à chaque messe, dans le Sanctus : Saint, saint, saint, le Seigneur Dieu de l’Univers, cette phrase est la reprise d’une vision du prophète Isaïe, au chapitre 6 (une note de la BJ dit que cela aurait dû être le début du Livre, puisqu’il s’agit de l’appel du prophète).
Pourquoi trois (fois saint) ? Pourquoi l’Ecriture ne dit-elle pas dix ou cent fois saint, voire sept fois saint, sept étant comme dix, chiffre de perfection ?
Parce que le Dieu trois fois Saint est le Dieu Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit.

Le Sanctus commence donc par une citation du prophète Isaïe (vous retrouverez le texte dans vos missels au 5ème dimanche du temps ordinaire de l’année C) : « L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ; les pans de son manteau remplissaient le Temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils se criaient l’un à l’autre : Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur Dieu de l’univers. Toute la terre est remplie de sa gloire ».

Hosanna au plus haut des cieux ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! C’est la citation d’un Psaume, 117 (ou 118 suivant les numérotations).
Ce Psaume (117) est chanté dans la nuit de Pâques, puis à la messe du jour de Pâques, et encore au 2ème dimanche après Pâques !
Il dit l’être de Dieu : « Eternel est son amour ! ». Il chante la grandeur de la Résurrection, nouvelle Création : « Voici le jour que fit le Seigneur, jour d’allégresse et de joie ! ».

Il mériterait qu’on puisse en faire une analyse détaillée ; ce n’est pas le lieu d’une homélie. Retenons-en quelques leçons sur la Sainteté, à commencer par ce que nous honorons en ce jour chez les saints : leur amour du Christ. Les Saints sont tous chrétiens, amoureux du Christ. Et tous les Chrétiens sont appelés à être des saints, à aimer comme le Christ a aimé.
Qu’est-ce qu’un Saint ? Une personne qui aime le Christ et qui veut aimer comme le Christ.

Lorsque Jésus entre à Jérusalem où il va donner sa vie, la foule lui applique, sous l’action de l’Esprit, ce psaume 117, alors même qu’on approche de Pâques et que la liturgie juive utilisait ce chant à Soukkot, pour la fête des Tentes : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux ! ».

Le mot Hosanna, que l’on retrouve dans les récits de Matthieu et Marc (Mt 21, 9 ; Mc 11, 10), est l’acclamation d’un verset de la fin du psaume (117, 25) : « Donne Seigneur, donne le salut », en hébreu hoshi’ah na’ : Hosanna ! Donne le Salut ! Cette demande nous amène à la 2ème caractéristique des Saints : ils ont aimé Jésus en qui ils ont reconnu le Sauveur, Celui qui donne le Salut, la vie après la mort.

J’ai été invité à dîner avec des gens connus, un réalisateur de films, un architecte, un journaliste, des personnalités publiques ayant influence sur nos contemporains, et tous trois sans religion et fascinés par le religieux : l’un avait même une obsession pour les monuments aux morts. Je pensais en l’écoutant à cette phrase du Christ : « il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants ».

Voilà ce que le Psaume 117 célèbre : la façon dont Dieu est intervenu et continue à intervenir dans l’Histoire, dans la vie des Saints, et notamment dans les situations les plus angoissantes : « Dans mon angoisse, j’ai crié vers le Seigneur, et lui m’a exaucé, mis au large ». L’image est belle : mettre au large, donner de l’air quand l’angoisse étouffe et oppresse.

La 3ème caractéristique des Saints qu’exprime ce psaume, est l’acclamation. Acclamez Dieu toute la terre, dit un autre psaume, tandis que celui-ci commence par un encouragement mutuel : « Rendez grâce au Seigneur, car il est bon, éternel est son amour ».
C’est le rôle de la liturgie.
Je vous ai parlé, ces derniers dimanches, de la prière personnelle, la prière mentale, l’oraison, le recueillement silencieux et intérieur : il ne fait pas l’économie de la prière à voix haute, la prière vocale et commune telle que nous la pratiquons à la messe, dans nos célébrations : « ma force et mon chant, c’est le Seigneur ». Tous les Saints ont chanté Dieu, l’ont publiquement chanté, se sont assemblés pour chanter ses merveilles, comme au jour de la Pentecôte, déclenchant autour d’eux les réactions les plus variables, de l’admiration au rejet.

Cela nous amène à la 4ème caractéristique de la Sainteté, et à la place que ce Psaume accorde au combat et à la victoire : « Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les hommes, mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les puissants » (vv. 8-9).
Notre Dieu est le Seigneur des armées, ‘Deus Sabaoth’ dit le texte latin du Sanctus, car le Fils de David que la foule acclame est un chef de guerre qui triomphe de tous ses ennemis. La traduction en français est plus sobre, en « Dieu de l’Univers » qui rassemble toute l’humanité.

Tous les Saints et les Saintes ont combattu, ont mené le combat de la foi. « Vous n’avez pas combattu jusqu’au sang », dit la Lettre aux Hébreux. Ils n’ont jamais combattu seuls, jamais sans le Christ, celui qui donne la victoire, ils n’ont jamais combattu sans que la clameur ne s’élève vers le Ciel, car, et c’est la 5ème indication à garder de ce Psaume, ils ont combattu pour nous, et c’est pour cela qu’il est question d’armées, de soldats qui ne combattent pas pour leurs intérêts propres.

Ces cinq leçons sont un bon test pour nous, l’occasion de nous demander où nous en sommes, dans notre vie, pour chacun de ces critères :

  • Que puis-je dire de mon amour du Christ ? Est-ce que je l’aime au point de vouloir aimer comme lui ? Le reconnaître en chacun de mes frères ?
  • 2ème question : que signifie pour moi le Salut ? Qu’est-ce qui fait que je reconnais en Jésus mon Sauveur ? Puis-je dire, comme dans le Psaume, que de mes angoisses, il m’a délivré ?
  • Ensuite, quel est le temps que je consacre à la prière commune, et plus largement à la louange et l’action de grâce ?
  • Comment est-ce que je réagis devant les obstacles, les hostilités à l’égard de ma foi ?
  • Enfin, pour qui finalement est-ce que je fais tout ça ? Qui sont les bénéficiaires de ma prière : uniquement mes proches, ceux que j’aime ? Ou bien est-ce que je cherche à rayonner de la lumière du Christ comme Dieu fait resplendir le soleil : pour les bons comme pour les méchants ?

Cela fait beaucoup de questions, voire de remises en question ? C’est peut-être la condition de la sanctification.

Père Christian Lancrey-Javal,
curé

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